L’État épargnerait au moins 50 millions de dollars, si les services publics faisaient bon usage d’eau et d’électricité. Les dépenses ont été exécutées à plus de 1 250 % de leurs prévisions, selon la Direction de préparation et de suivi du budget, un service spécialisé du ministère du Budget. Le rapport de la Direction de préparation et de suivi du budget qui remonte au début du deuxième trimestre 2017, note que le gouvernement n’avait disposé que 20.7 milliards de francs, en raison de 11,6 milliards pour la consommation d’eau courante et un peu plus de 9 milliards de pour le courant électrique.
Mais le gouvernement débourse 38,9 milliards de francs au bénéfice de la Régie des eaux, REGIDESO SA, soit 335,2 % des prévisions et 74,6 milliards de francs pour la Société nationale de l’électricité (SNEL SA), soit une exécution de 820 % par rapport aux prévisions.
La facture devient davantage salée quand on y ajoute la rubrique « fournitures énergétiques » reprises dans les charges communes de l’État, pour plus de 2,3 milliards de francs.
Prise en charge de la BAD
Selon un agent de la REGIDESO SA qui a requis l’anonymat, outre les institutions publiques et leurs animateurs, l’État prend également en charge la consommation d’eau et d’électricité des anciens officiers généraux des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), des anciens 1ER Ministres… Naturellement, la facture devient davantage salace.
Il y a encore quelques années, la Banque africaine de développement (BAD), dans le souci de redresser les finances publiques de la République démocratique du Congo, s’était engagée à payer les factures d’eau et de courant de l’État congolais. Pour autant, le gouvernement n’a ni fait des économies ni rationnalisé sa consommation énergétique. La question a été effleurée à l’Assemblée nationale, lors du débat général sur la loi de reddition des comptes de l’exercice 2014. On se souvient que les députés avaient le plus déploré la gestion des communications des animateurs des institutions publiques, singulièrement le gouvernement.
D’aucuns auraient fait bénéficier des avantages leur accordés par l’État même à des amis et connaissances. Pourtant, de l’avis d’un expert du ministère du Budget, « avec un peu de discipline, éteindre les lampes quand on sort du bureau, ne pas laisser le robinet ouvert même quand l’eau ne coule pas… l’État peut faire des économies d’au moins 50 millions de dollars sur ses factures de REGIDESO et de SNEL ». Hélas, la création de nouvelles institutions politiques, des portefeuilles ministériels, etc., laisse entrevoir plutôt un haussement des factures de consommation d’eau et de courant de l’État au terme de l’exercice 2017.
Toutefois, le gouvernement attend de la même BAD un investissement d’environ 350 milliards de francs pour le projet d’appui au développement du site d’Inga et de l’accès à l’électricité courant 2017. Les observateurs s’interrogent encore sur des précédents financements Inga I et II ont été bénéficiaires, notamment à travers des projets EDIRA, PMEDE et SAPMP d’une valeur de plus de 1,2 milliard de dollars, essentiellement déboursés par la Banque mondiale. Aussi la reddition des comptes de l‘exercice budgétaire 2016 permettrait, peut-être, au Parlement de faire la lumière sur l’affectation, en ressources propres, d’une bagatelle somme de plus de 15 milliards de francs en vue de renforcer les capacités d’Inga I et Inga II.
Le secteur énergétique, eau et électricité, a apporté en 2016, plus de 2 milliards de francs, soit plus 2 millions de dollars. Selon la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et des participations (DGRAD), ces recettes sont largement au-delà des assignations. Et pour 2017, le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques compte percevoir plus de 25,5 milliards de francs. Le taux d’accès à l’énergie électrique reste faible, soit 9 % ou 15 % selon les récentes statistiques de la SNEL. Quant à l’accès à l’eau potable, une frange importante de la population n’y a pas accès et malgré le rapport de Politique nationale du service public de l’eau (PNSP) publié en juin 2016, qui fait état de 50,4 %. Les créances certifiées de l’État vis-à-vis de la REGIDESO SA seraient de 130 millions de dollars.