L’annonce du rachat par Facebook de la start-up « Confirm.io » a été discrète, mais ses conséquences pourraient bousculer une tradition qui s’est installée dès le début de l’Internet: l’anonymat. Sa technologie permet d’authentifier l’identité d’une personne via son permis de conduire, sa carte d’identité ou son passeport. De là à penser que pour certifier un compte il faudra un jour montrer ses papiers il n’y a qu’un pas. Facebook ne dit d’ailleurs pas son but. Le premier réseau social mondial indique seulement qu’il s’agit de « poursuivre les efforts menés pour assurer la sécurité de sa communauté ».
Chez Facebook, on se garde de dire comment cette technologie sera intégrée, ni dans quels pays ce système pourrait s’appliquer. La méthode est simple. Elle consiste à scanner ses papiers et les envoyer aux services auxquels on désire s’inscrire qui les authentifiera et acceptera la demande.
La politique du « vrai nom »
Avec « Confirm.io », Facebook va-t-il mettre un terme à l’usage des pseudos? C’est ce qui inquiète certains internautes, d’autant que la start-up a aussi développé une technologie qui utilise la biométrie pour permettre une authentification faciale ou digitale comme sur un smartphone. Si pour s’inscrire, les conditions générales d’utilisation (CGU) du réseau social exige déjà la véritable identité d’une personne, une simple déclaration sur l’honneur suffit. C’est ce qui permet aux enfants de moins de 13 ans de s’inscrire sans même le dire à leurs parents. Cette méthode séduit aussi tous ceux qui ne veulent pas afficher leur véritable identité.
Certains utilisent un pseudo pour harceler, insulter ou lancer de fausses informations (fake news), d’autres recherchent la tranquillité ou la sécurité. Pour ceux qui vivent dans des États répressifs, l’anonymat permet aussi d’éviter la prison ou pire. En 2015, 80 organisations internationales avaient protesté contre la règle « du vrai nom qui mettrait certains de ses abonnés en danger ». Cette mobilisation s’appuyait sur le bouton de signalement de faux profils. Certains l’utilisaient abusivement pour obtenir la véritable identité d’une personne et dénoncer des transsexuels ou bien des membres d’une minorité religieuse, ethnique ou politique.
Se préparer à l’Open Banking
Facebook prévoit-il de protéger ainsi les mineurs des contenus inappropriés ou des prédateurs? Ou l’introduction de Confirm.io sert-elle tout simplement ses ambitions dans les services financiers? Si ses abonnés peuvent déjà transférer de l’argent via Messenger, Facebook entend en effet devenir un acteur clé dans les services financiers. En la matière, l’Europe pourrait servir de plateforme de lancement.
Dès cette année, l’Open Banking, va entrer en application. Cette directive européenne oblige les banques traditionnelles à partager les données bancaires. Le but est d’assouplir la concurrence et ouvrir les marchés financiers aux fintech, parmi lesquels les géants du Net. Pour concurrencer les banques, Facebook, mais aussi Google ou Amazon, devront exiger une pièce d’identité officielle et être en mesure de l’authentifier. D’où l’intérêt de Confirm.io.