Une mesure qui va réchauffer le cœur des associations. Dans sa feuille de route sur l’économie circulaire, par le 1ER Ministre, Édouard Philippe, le gouvernement français a annoncé son intention de « faire valoir d’ici 2019 pour la filière textile les grands principes de la lutte contre le gaspillage alimentaire afin de s’assurer que les invendus de cette filière ne soient ni jetés, ni éliminés. En clair, l’idée est d’appliquer pour les vêtements les mêmes principes que pour le gaspillage alimentaire: interdire aux marques de jeter les invendus et les obliger à nouer des partenariats avec les associations.
Cette demande était portée depuis quelques mois par Emmaüs via sa directrice générale adjointe, Valérie Fayard. Cette dernière se réjouit de cette avancée. « Pour l’instant, rien n’est vraiment précisé, c’est une feuille de route de présentation, mais c’est une bonne nouvelle. L’échéance de 2019 va permettre au gouvernement de lancer un état des lieux de la situation, calculer le nombre de tonnages jetés, les procédés mis en place par les marques, les difficultés… », a-t-elle déclaré à Novethic.
9 kilos de textiles par an et par habitant
Dans le secteur textile, les pratiques sont opaques et les scandales nombreux. Récemment, la photographie de produits de la marque Celio lacérés et jetés aux ordures par des employés du magasin avait provoqué l’indignation sur internet et dans la presse. Dans la même veine, le géant de la fast-fashion H&M a été épinglé le mois dernier sur la question du traitement de ses invendus, de plus en plus nombreux. Contacté par Le Figaro, H&M dit prendre ce sujet « très au sérieux », ajoutant que les amalgames qui ont pu être faits, encore dernièrement, entre invendus et produits incinérés, sont très préjudiciables pour une marque engagée » comme elle. L’enseigne affirme que « grâce aux soldes », elle n’a « presque aucune marchandise restante ». Elle explique aussi que chaque enseigne du groupe H&M coopère avec des associations et organismes locaux.
Pourtant, malgré les efforts fournis par certaines marques, la mesure s’attaque à un problème de taille. Aujourd’hui en France, sur les 600 000 tonnes de textiles, linge et chaussures mises sur le marché chaque année (soit environ 9 kilos par habitant), seulement un tiers sont collectées par la filière de valorisation, selon l’organisme Eco TLC. Ce sont ainsi 195 000 tonnes qui sont récupérées: 62 % sont revendues dans des friperies, en France ou à l’étranger, 22 % sont effilochées (pour fabriquer des isolants ou des fibres de moindre qualité), 9,5 % deviennent des chiffons et 6 % sont incinérées.
L’enjeu du recyclage pour cette filière est d’autant plus important que la mode est la deuxième industrie la plus polluante du monde. En effet, le textile arrive juste derrière le secteur pétrolier. 80 milliards de vêtements sont fabriqués chaque année dans le monde. La production et l’acheminement des vêtements a des conséquences désastreuses sur l’environnement. À titre d’exemple, le secteur consomme l’équivalent de 32 millions de piscines olympiques d’eau chaque année pour assurer sa production.