La firme Henley & Partners publie annuellement le classement des passeports permettant à leurs détenteurs d’entrer dans plus de pays à travers le monde, sans avoir besoin d’un visa préalable. Ce classement repose sur des « données exclusives » fournies par l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui maintient la base des données sur les informations de voyage la plus large », selon Henley & Partners. La République démocratique du Congo tient en effet la tête du peloton des États, on ne peut plus, instables du continent, à savoir les deux Soudan, l’Erythrée, la Libye et la Somalie.
En Afrique, le passeport qui ouvre plus sur le monde est celui des Seychelles qui se classe 27è au plan mondial et donne accès à 141 pays. Il est suivi par les passeports mauricien et sud-africain qui donnent respectivement accès à 134 et 100 pays. À travers le monde, Henley & Partners place en première position le passeport allemand qui exempte de visa préalable son détenteur dans 177 pays.
Il est suivi des passeports singapourien et suisse qui se classent à égalité et qui offrent un accès sans visa à 176 pays.
Budget de misère
En RDC, le gouvernement a modifié pour la troisième fois en l’espace de quelques années le passeport. Depuis le début 2018, le ministère des Affaires étrangères rassure qu’il s’agit bel et bien du passeport biométrique qu’il délivre. Ici, l’on espère réaliser plus de 10,6 milliards de francs (10 602 058 418 FC), soit 6,62 millions de dollars au taux du marché (1 600 FC le dollar) de recettes sur la délivrance des passeports ordinaires. Toutes proportions gardées, le ministère des Affaires étrangères devrait donc délivrer au moins 44 175 passeports ordinaires si l’on s’en tient au prix officiel de 150 dollars le passeport.
Après un faible engouement de la population pour l’acquisition des passeports, dont la délivrance n’a rapporté que 7,7 milliards de francs sur les 11,2 milliards escomptés en 2016, il a été observé un réel engouement depuis mi-2017 à ce jour, non seulement en RDC mais aussi à l’étranger.
Selon les statistiques disponibles à l’ambassade de la RDC à Berlin, quelque 714 passeports ont été expédiés pour les Congolais vivant en Allemagne, entre mars et avril 2018. La délivrance des passeports ordinaires constitue la principale source des recettes du ministère des Affaires étrangères dont les besoins en dépenses sont de l’ordre de 43,8 milliards de francs (43 841 489 701 FC) selon la loi de finances 2018. En réalité, le ministère avait sollicité plus de 357 milliards de francs dont près de 72 milliards auraient dû servir en dotation diverse dont les équipements au profit des ambassades.
Hélas, le budget n’a prévu que 1,5 milliard de francs pour les postes diplomatiques et consulaires, alors que le fonctionnement du ministère a été crédité de près de 15 milliards de francs, au motif de « l’amélioration de la gouvernance diplomatique et du renforcement des capacités institutionnelles ». Et ce, sans compter, les 27,3 milliards prévus pour les rémunérations au ministère.
En clair, les ambassadeurs et les consuls ainsi que leurs suites sont et demeurent donc des parents pauvres de la diplomatie congolaise. La vie précaire des diplomates congolais date des lustres. Du temps de Mobutu, alors ambassadeur du Zaïre à Tokyo, capitale du Japon, (feu) Cléophas Kamitatu Masamba a dû vendre au premier offrant les locaux de la représentation diplomatique pour survivre avec d’autres diplomates zaïrois réduits à la mendicité, se défendit-il lors de la Conférence nationale souveraine (CNS).
Du temps de M’zee Laurent Désiré Kabila, Henri Mova Sakany avait décliné l’offre d’ambassadeur à Moscou, en Russie. Selon les commentaires de la presse, l’actuel vice-1ER Ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, aurait redouté de se retrouver au pays de la bise, sans mouche ni vermisseau, comme la cigale dans une des fables de Jean de La Fontaine.