LES DÉBATS à la 2è édition du Salon d’affaires et d’investissement de Kinshasa ont été fort enrichissants, ont fait savoir la plupart des participants. De leurs avis, on retiendra utilement que les échanges ont été fructueux car ils ont présenté un regard croisé sur le programme et les thèmes mêmes du salon, une vingtaine au total.
Trois piliers ont été retenus pour ce salon, à savoir : le commerce, la recherche et le développement (innovation, gouvernance et démocratie). La première session des communications a été axée sur le commerce, notamment sur quelques secteurs clés et porteurs que sont l’Agriculture, eau et forêt business, le numérique, les mines, l’énergie, le transport et la logistique.
Au cours de cette session, les différents panélistes ont passé en revue les opportunités à saisir et ont présenté les différentes réformes (opérées et à opérer) pour inciter les investissements dans ces différents secteurs afin d’activer le développement à travers toute la République démocratique du Congo. C’est dans cette optique, ont souligné les organisateurs, que les délégations des gouvernements provinciaux ont été invitées à ce salon afin de « présenter les opportunités à saisir » dans leurs provinces respectives.
Pendant cette session, les panélistes ont essayé de présenter les défis des échanges commerciaux dans un écosystème planétaire où la concurrence est sans merci et fait sa loi. Ils ont mis en exergue les moyens à utiliser pour être compétitifs dans le marché mondial et accélérer le développement de la RDC.
Agro-business en vedette
Le premier jour, il y a eu trois communications. Sous la modération d’Éric Ossongo Kadima, politologue et écrivain, les orateurs se sont succédé sur la tribune. Le professeur Ghislain Tshikwenda Matadi, prêtre, sociologue et expert en développement rural, a été le premier à prendre la parole. Il a abordé le thème en rapport avec les nouvelles réalités mondiales qui régissent l’agri-business et a esquissé le profil de l’agri-business en RDC.
Il a illustré son exposé par une vidéo qui montre deux étudiants, Esther et Christian, expliquant comment ils sont parvenus à produire les champignons. En fait, il s’agit d’une étude scientifique de deux ans qui a permis aux deux étudiants de mettre en place des techniques de production de champignons à consommer à n’importe quelle période de l’année.
Pour le professeur Tshikwenda, il est crucial avant de créer une entreprise, d’aller voir du côté des étudiants et faire confiance en leurs capacités en matière d’agri-business. Par ailleurs, il s’est interrogé sur le rapport entre la faculté de science vétérinaire et la faculté de science économique, mais aussi sur la connexion entre le savoir et le monde paysan. Pour ce prêtre sociologue, les potentialités de création d’entreprises sont immenses. Elles ne demandent pas beaucoup de millions de dollars mais seulement de sacrifice, de créativité et d’expérience. « On ne peut pas créer des entreprises en laissant à l’écart le monde paysan ; au contraire il faut créer des entreprises pour des jeunes, surtout universitaires, et pour les paysans », a déclaré le professeur Tshikwenda.
Convaincu que ce n’est pas facile de créer des entreprises agricoles parce que les produits agricoles sont périssables et demandent beaucoup de moyens pour leur conservation. « Il faut aider les jeunes à faire progresser leurs idées pour qu’elles deviennent concrètes et réalisables », a conclu Ghislain Tshikwenda.
Les sept piliers
Puis, c’était le tour de Maneno Mende, expert au ministère de l’Agriculture. Sa communication a eu trait aux « sept piliers du développement de l’activité agricole en RDC ». Il a souligné que le secteur agricole possède un potentiel énorme et offre des opportunités tout à fait remarquables. Ces sept piliers englobent les conditions climatiques et écologiques très favorables, quand on ait que 71,34 % vivent en-dessous du seuil de la pauvreté ,43 % des enfants congolais de moins de 5 ans souffrent de malnutrition.
Primo, l’augmentation de la production. Secundo, la modernisation des chaînes de valeur. Tertio, l’exploitation de la demande locale, régionale et internationale. Sur le plan local et régional, pour bien exploiter la demande, a-t-il souligné, on devra relever les dynamiques observées qui affectent le secteur. Sur le plan international, a-t-il dit, les réformes commerciales visant à éliminer les distorsions commerciales défavorables aux exportations ainsi que le potentiel d’accroissement de compétitivité sont à analyser.
Quarto, le renforcement des efforts technologies et des capacités d’innovations. Il est question de financer la formation des jeunes dans les secteurs des technologies, conclure des partenariats (public-privé) extérieurs et des échanges d’expériences, de technologies avec les firmes internationales suffisamment avancées et enfin mettre à jour les équipements, les machines et actualiser la connaissance.
Quinto, la promotion d’un financement efficace et innovant au niveau du secteur public. L’État devrait investir suffisamment dans le secteur agricole, au moins 10 % du budget global conformément aux engagements dans le cadre du PDDAA. Le secteur privé facilite l’accès au crédit agricole (banque commerciale) avec un taux d’intérêt favorable aux demandeurs. Sexto, la stimulation de la participation privée à travers un cadre réglementaire favorable afin de pallier les défaillances et interventions du secteur public. Et enfin, l’amélioration des infrastructures et l’accès à l’énergie de différentes infrastructures. Pour cela, il faut mettre en place un système de financement permettant de construire de nouveaux barrages électriques dans les zones de production et promouvoir l’utilisation rationnelle des sources d’énergies traditionnelles.
Affaire de fonds
D’après Maneno Mende, le gouvernement devrait mettre en place un guichet unique de création d’entreprises en partenariat avec la banque égyptienne. Environ 80 millions de dollars sont disponibles pour les entreprises constituables. Il faut aussi mettre en place des zones économiques spéciales (ZES) comme à Maluku.
Puis, l’entrepreneur Seth Kikuni a insisté sur la mobilisation des fonds pour promouvoir les inventeurs, les chercheurs et les initiateurs de projets de développement rural. D’après lui, un entrepreneur c’est celui qui crée et distribue la richesse. La plupart des entreprises dépendent de leurs entrepreneurs, a-t-il dit. Les inventeurs, les chercheurs, les initiateurs facilitent la vie du pays.
Les autorités sont obligées de créer une agence nationale qui encadrent ses entrepreneurs et trouver un budget pour les aider. Comme l’université est un endroit de production de connaissances, les industries sont là pour transformer la connaissance en technologie. Nous y reviendrons.