LA 3è ÉDITION de la Conférence minière de la RDC organisée par le ministère des Mines, sous le haut patronage du chef de l’État, a attiré un grand monde à Kolwezi du 12 au 14 septembre, alors qu’initialement prévue du 6 au 9 septembre. Ce changement de date a contraint les organisateurs du Sultani Makutano à aménager la date de la journée « Conférences » qui a lieu le 17 septembre à l’Hôtel Kempinski Fleuve Congo.
En effet, tout le gotha politique et des affaires de la République démocratique du Congo s’était donné rendez-vous à Kolwezi. Ne pas en tenir compte aurait été fatal pour le Sultani Makutano, qui allait être sevré des voix essentielles à un débat de haute facture sur le « Local content ». La 4è édition de Sultani Makutano (14-15 septembre) est placée sous le thème « Local content ». La journée « B to B », prévue le second jour, a lieu à Brazzaville. Entre cinq cents et six cents opérateurs économiques des deux Congo sont attendus.
Changement d’air
Le Sultani Makutano, ou le « fair business network for a congolese empowerment », est un réseau d’affaires qui regroupe plus de quatre cents chefs d’entreprises congolais ou issus de la diaspora congolaise. Sa quatrième édition, expliquent les organisateurs, est celle du renouvellement de la forme de l’événement, notamment la soirée de gala ou la journée de business meeting qui se déroulera à Brazzaville. Une innovation qui affirme la ferme volonté du Makutano d’œuvrer activement au renforcement d’une dynamique économique entre les deux Congo et, plus largement, d’œuvrer à la dynamique économique panafricaine. Selon Nicole Sulu, fondatrice et présidente du réseau Makutano, ce déploiement vers Brazzaville répond à la « vocation africaine de cet événement » et c’est « tout naturellement » que cette ville capitale, la plus proche de Kinshasa, est la première à être en partie le théâtre de cette quatrième édition.
« Il était temps pour nous de commencer le pèlerinage par ce qui est le plus proche et le plus fusionnel : un même peuple, une seule culture et un même espace économique », expliquait Nicole Sulu. Pour qui, le Makutano doit faire « un plaidoyer sur la restructuration économique des échanges commerciaux laissés pour la grande partie à ce jour à l’informel, afin de donner plus de chance à nos économies de « profiter positivement des avantages liés à la proximité et même à la promiscuité ».
Elle est convaincue que c’est « l’occasion pour les uns et les autres d’évaluer les accords légaux et réglementaires », qui existent entre les deux rives afin de « traduire en opportunités économiques réelles en la volonté politique de réaliser une intégration régionale susceptible d’influer sur l’amélioration des conditions de vie des populations. « Dans tous les cas, tous les réseaux se réjouissent de ces retrouvailles dans l’autre chambre de la même maison », souligne Nicole Sulu.
Par ailleurs, à l’heure des échéances électorales, cette nouvelle édition du Makutano se propose de « servir de cadre au premier débat pré-électoral en analysant les propositions en la matière des futurs dirigeants du pays après les élections ». Ainsi, Sultani Makutano 4 favorisera le débat démocratique en invitant les cinq principaux candidats à la présidentielle 2018 à échanger publiquement sur ce thème du « Local content ».
Un thème qui, selon les organisateurs, est éminemment politique au sens large et non partisan du terme. « La mise en œuvre d’une politique de Local content, fait-on comprendre, est transversale à de nombreux secteurs de l’économie et, dans le cas de la RDC, tient de la révolution. Base indispensable au processus de réappropriation de l’économie par les nationaux, elle présuppose une politique volontariste et ambitieuse en termes de formation des cadres supérieurs et dirigeants, experts, etc. dans de multiples domaines ». Pour les organisateurs, cette politique suppose « nécessairement un plan stratégique de développement des territoires visant à en assurer l’attractivité à terme ». Elle implique « un passage de relais consensuel avec les grandes firmes étrangères, naturellement peu disposées à transmettre les technologies et le savoir-faire dont l’économie nationale a tant besoin ».
Une économie avec les acteurs locaux
Promoteur d’un processus de reconquête de l’économie nationale par les acteurs locaux, le réseau Makutano s’est engagé dans un travail de réflexion constructive avec les investisseurs nationaux ou internationaux ainsi que dans un nouveau dialogue avec les autorités, afin de se positionner en tant que force d’action et de proposition au niveau national pour ancrer la RDC dans la voie de l’émergence.
Ainsi, la 1è édition du Makutano a permis à deux cents chefs d’entreprises congolais, locaux ou issus de la diaspora de se rencontrer dans un cadre nouveau, convivial et d’échanger. La 2è édition avait accueilli plus de trois cents participants pendant deux journées de réflexion, de détente et de rencontres « B2B » qui ont permis de mieux cerner le rôle que pourrait jouer le Makutano Network pour amplifier le « Congo empowerment ». Parmi les principaux constats tirés : l’absence d’une économie de transformation en RDC avait particulièrement retenu l’attention.
La 3è édition a réuni quatre cents participants. Les débats ont principalement porté sur l’industrie de transformation dans le pays. Le réseau organise également des rencontres mensuelles sur des thématiques variées (leadership, femmes et entrepreneuriat, Makutano jeunes, santé…) et ses membres comptent parmi les délégués aux nombreuses rencontres internationales (Africa CEO Forum, Mining Indaba, etc.).
Makutano a co-organisé avec le ministère des Mines, via Promines, la première plénière de la Plate-forme de dialogue et de suivi participatif entre l’État, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et la société civile, autour de la question des industries extractives et forestières. Makutano est aussi un réseau qui appuie les projets de création d’entreprises (plus de cent projets en trois ans).
« Makutano est le rassemblement des héros qui ont compris que la RDC et l’Afrique ont davantage besoin d’entrepreneurs que de slogans », fait remarquer Nicole Sulu. « Chacun de nous peut être un héros. Héros, parce que nos initiatives font reculer la pauvreté de notre pays, réduisent les inégalités et permettent à la jeunesse congolaise d’accéder à l’éducation et à l’emploi, seul gage du développement durable », conclut-elle.