IL EST PROBABLE que le Projet de développement des pôles de croissance ouest (PDPC) bénéficie d’une prolongation de fait. La Banque mondiale qui finance le projet, avait dépêché une mission d’évaluation à mi-parcours au mois de mars 2018. Cette mission a élaboré un plan d’actions détaillé devant accélérer la mise en œuvre des activités jusqu’à la date de clôture officielle du projet prévue le 30 août 2019. Mais il se trouve que le rythme d’exécution des projets imprimé par la Banque mondiale n’aura guère porté l’effet escompté.
Omar Lyasse est chargé du PDPC à la Banque mondiale. À la suite d’une seconde mission d’évaluation, fin novembre 2018, il avait souhaité que certaines activités continuent en dépit de la perspective de la clôture du PDPC prévue le 30 août 2019. Il s’agit des travaux de soutirage de la ligne électrique devant renforcer la fourniture en électricité de plus de 700 000 ménages ainsi que de la station de recherche de l’INERA à Gimbi. Autres projets en souffrance : la construction des plateformes agro-industrielles, de l’aménagement des périmètres rizicoles, etc. Toutefois, le Projet de développement des pôles de croissance ouest a connu quelques succès, notamment la création de plus de 4 000 emplois et a atteint 30 104 ménages bénéficiaires, dans le cadre de différentes interventions et de la productivité dans les filières du riz et manioc, dépassant ainsi les cibles attendues, selon la cellule de communication de ce projet.
Omar Lyasse s’est dit impressionné par les résultats quoique, a-t-il dit, beaucoup reste à faire pour pérenniser les acquis. Il a notamment mis en exergue l’aspect innovant du PDPC qui intervient dans tous les maillons de la chaîne de valeur, non seulement en liant le producteur avec les consommateurs et le marché, mais aussi en investissant sur l’appui technique aux producteurs et en infrastructures.
Zone économique spéciale
Le Projet de développement des pôles de croissance ouest porte également sur des perspectives des activités de la mise en place de la Zone économique spéciale (ZES) de Maluku.
Il s’agissait notamment du recrutement d’un conseiller en transaction et production des produits analytiques permettant de conforter la transaction du recrutement de l’aménageur de la ZES pilote, de la validation des produits analytiques et des textes règlementaires relatifs au régime des ZES en RDC, de l’actualisation de l’étude d’impact environnemental et social de l’espace de la ZES pilote de Maluku et surtout de l’indemnisation des personnes affectées par le projet. Pour ce faire, la Banque mondiale a apporté le financement pour approfondir les études sur l’implantation d’autres ZES, dont l’unité pilote est celle de Maluku. Mais l’exécution du projet lambine. À ce jour, la ZES de Maluku ne compte qu’une fabrique de fer à béton. Il y a pratiquement 3 ans, les jalons d’une usine de batteries pour automobiles ont été posés. Et au ministère de l’Industrie, l’on indique que grâce au concours de la Société financière internationale (SFI), une filiale de la Banque mondiale, des zones logistiques, au site de la Nsele, où seront traitées les marchandises (entrée et sortie) sortent de terre, de même que la zone franche (hors taxes et droits de douane), des parcs pour la transformation industrielle et des zones de production agricole.
Le ministère de l’Industrie poursuit que des équipements (eau, électricité, infrastructures routières, des télécommunications, de santé, banque, etc.) nécessaires à la zone sont en cours de réalisation. Conçu pour les « synergies industrielles pérennes », rappelle-t-on, ce site-pilote devrait proposer de nombreuses opportunités de création au sein d’un environnement privilégié.
PMI et PME
Les promoteurs de l’initiative soulignent que l’entrepreneur y trouvera toutes les conditions d’une diversification réussie. Dans le concret, la RDC fournira les matières premières et la main-d’œuvre, tandis que l’entrepreneur créera l’outil et apportera sa technologie. Les produits qui y seront transformés seront en partie consommés en RDC et en partie exportés.
Les groupes industriels, les petites et moyennes entreprises (PME), les petites et moyennes industries (PMI), les experts et les porteurs de projets sont invités à s’informer sur les modalités d’implantation auprès du ministère de l’Industrie car les accords sont conclus au cas par cas avec les structures définies par la nouvelle loi sur les ZES.
Il s’agit d’un organe national de régulation des ZES, dénommé Agence des zones économiques spéciales (AZES). Outre l’agence, un établissement public pour réguler les aménageurs et les gestionnaires des ZES, la loi prévoit également la création d’un Conseil technique des ZES. Ce conseil sera composé des délégués des administrations concernées par la mise en œuvre des ZES. La loi sur les ZES a été votée en mai 2013. Pour la création effective de ZES, elle prévoit aussi la collaboration de l’AZES et du Conseil technique avec les opérateurs économiques nationaux ou étrangers ayant signé un contrat d’aménagement et de gestion de ZES ; ou avec les opérateurs ayant signé avec l’aménageur d’une ZES un contrat de gestion ou de maintien de certains éléments critiques du patrimoine immobilier de cette dernière.
Les industries attendues dans les ZES sont l’agro-alimentaire, les matériaux de construction, les produits chimiques et pharmaceutiques, les bio-carburants, les pièces de rechange, les machines et outils agricoles, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les mines, le bois et dérivés, le pétrole. L’enjeu de ce projet a été réaffirmé dans la batterie des « 28 Mesures du gouvernement » pour la stabilisation et la relance de l’économie décidées en janvier 2016. Aucune évolution notable n’a été enregistrée depuis.