DANS ce contexte de polémique et face à des journalistes rompus à poser des questions, Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, le directeur de cabinet du chef de l’État, a voulu que cette émission soit véritablement une « émission d’apaisement ». C’est pourquoi, il a adopté « la stratégie des mots très choisis ». L’opération de mettre sur orbite le premier étage de la fusée a été donc un succès. Apparemment, l’objectif a été de reconquérir les Congolais qui doutent encore de la pertinence de la politique et de l’engagement de Félix Antoine Tshisekedi à matérialiser le « changement » dans le pays. « Le changement ne doit pas être un vain mot », a-t-il martelé.
Pendant plus d’1h40’ d’émission, VK avait non seulement des oreilles de lynx (avoir une très bonne ouïe), mais aussi des ruses du lynx (être très futé) pour se sortir du piège des journalistes sur le plateau. Souvent épinglé dans des « dossiers » liés à la présidence de la République et victime d’une bronca sur les rangs des alliés de l’UDPS, du FCC, voire de l’opposition que ses partisans qualifient de « rumeur malsaine », Vital Kamerhe a su garder sa tête sur les épaules.
« Le mandat actuel est celui de la matérialisation du changement », a-t-il assuré. Et demain? « 2023 dépend du succès du mandat actuel », s’est récrié Vital Kamerhe. Et d’ajouter : « Nous ferons en sorte que le premier mandat du CACH-FCC soit un succès sur le plan des réponses attendues par le peuple congolais. Le reste, ça ne compte pas. Nous préparons la victoire sociale et la victoire sécuritaire du peuple congolais. »
Les thèmes de l’émission
L’émission a consacré justement beaucoup de temps aux dossiers : Programme des 100 jours, gratuité de l’enseignement, coalition FCC-CACH, coalition CACH, crise actuelle, guerre dans l’Est, situation sociale en général… Bref, tout a été passé au gril. D’entrée de jeu, l’émission a abordé l’an I de la coalition FCC-CACH. Vital Kamerhe a tenu à rappeler que c’est pour la première fois que le pays a connu « une alternance (politique) apaisée ». L’organisation des élections sans le soutien financier de l’extérieur est à mettre au crédit de Joseph Kabila Kabange, le président sortant. « Moi-même, je n’y croyais pas ».
Il a fait savoir que sur le plan interne, les choses ont changé depuis : « C’est la touche du président Tshisekedi. » Conséquence : le Congo devient fréquentable, à commencer par les pays voisins. Le président de la République, a-t-il dit, a déployé une diplomatie agissante partout dans le monde. Et d’ailleurs, « le pays se prépare à accueillir le secrétaire d’État américain ».
Le changement ? C’est aussi l’implication du président Tshisekedi dans la recherche de la paix, notamment dans l’Est du pays, plus précisément à Beni, victime d’Ebola et des tueries du fait des groupes armés. « Il y a été installé l’état-major avancé des FARDC ». Par ailleurs, on ne peut pas penser aux souffrances des Congolais sans les former.
D’où la gratuité de l’enseignement et la formation professionnelle de la main-d’œuvre. « Nous allons former des jeunes capables de nourrir des milliards de personnes. Nous voulons aussi que les minerais du Congo ne soient plus exportés à l’état brut. Ils doivent être transformés sur place pour donner de la valeur ajoutée et du travail d’abord et avant tout aux Congolais », a déclaré VK.
Cohabitation et coalition
La formation du gouvernement lui-même a été un défi. Un gouvernement dans lequel le président de la République voulait voir un nombre significatif des femmes et des jeunes et pas plus de 45 membres. « Le président a cohabité avec les ministres 100 % FCC pendant 6 mois et nous avons démontré qu’il n’y a pas de bons d’un côté et de mauvais de l’autre côté. Nous avons fait avec les mêmes ministres des choses en si peu de temps que quand les mêmes ministres avaient plus de moyens avant », a-t-il souligné.
Sur les déclarations politiques entendues ce dernier temps : « Nous sommes dans une œuvre humaine. La route qui mène vers l’espérance est une ligne brisée, elle est jonchée d’obstacles. La capacité, la sagesse et l’intelligence des hommes d’État, c’est de savoir justement contourner les obstacles… Nous travaillons pour que les rébellions n’arrivent plus dans ce pays. On doit trouver des voies et moyens pour revenir aux bons sentiments. »
Et de poursuivre : « L’on doit respecter le président. Il est le garant de la nation et il n’est pas responsable devant l’Assemblée nationale. Nous allons tout simplement inviter Mme la présidente de l’Assemblée nationale de comprendre qu’il y a la ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. Je suis pour que nous puissions nous donner des conseils mutuellement. Nous savons qu’il y a des héros dans l’ombre qui ne veulent pas de cette coalition, de part et d’autre. »
Kamerhe en appelle à « une union sacrée des volontaires de la République », sous le leadership de Félix Antoine Tshisekedi : « Le peuple congolais attend de nous beaucoup de choses. Quand on est dans les institutions, on cesse d’être opposant. Notre rôle à tous est de jouer à l’apaisement. » Pour répondre aux besoins des Congolais, il fallait donc le Programme des 100 jours, c’est-à-dire « faire ce qui va amener le changement au vécu des Congolais : les routes, la santé, l’éducation, l’eau, l’électricité… »
Coût total de tous les projets : plus de 492 millions de dollars. « Tous ces projets étaient dans les tiroirs. Le président n’a rien inventé. C’est sa volonté de faire qui étonne tout le monde », a-t-il fait remarquer. L’option était de donner d’abord les marchés aux entreprises de l’État, Office des routes (OR) et l’Office des voiries et drainage (OVD), considérées déjà comme des canards boiteux. « Elles ont montré leur savoir-faire., elles ont fait des soumissions auprès d’autres entrepreneurs. Taux de décaissement : 64 % à ce jour ; taux de réalisation physique : 70 % », a dit Kamerhe.
Il n’y a donc pas lieu de parler des marchés de gré à gré : « Les marchés existaient déjà sous Kabila ». Mais les entrepreneurs sont asphyxiés, a-t-il reconnu, et il y a des raisons d’État à cela. « Les ambitions commencent à s’afficher pour le grand Congo ».
Sur l’audit l’ODEP, VK a laissé entendre que cette structure a menti sur toute la ligne : « Un audit ne se fait pas à l’insu du contrôlé. L’ODEP a menti. » Notamment à propos du site de Mont Ngaliema qui fait 54 ha, 13 km de routes, plus de 1 000 maisons, des écoles, un parc d’attraction… « Construire un nouveau palais présidentiel n’est pas une priorité… ».
Sur son rang de vice-1ER Ministre : « C’est le président de la République qui l’a estimé. Je suis son partenaire pour avoir signé l’accord de Nairobi avec lui. Je suis aussi le partenaire de Kabila pour avoir accepté la coalition. Je suis un directeur de cabinet et en même temps un acteur… »
Plus de promesses !
L’année 2020, c’est l’année des actions : « Nous ne ferons plus des promesses. La population a besoin de réalisations. Le président de la République est pour le dialogue social. Nous ne sommes pas pour le chaos.
Il faut nous unir dans les objectifs communs, même avec l’opposition… » Sur l’inflation qui grignote le pouvoir d’achat : « On ne peut pas construire autant de routes, lancer la gratuité de l’enseignement sans subir un petit choc sur le plan monétaire. Aujourd’hui, il y a encadrement des dépenses malgré le front de l’Est. Donc des dépenses pour soulager les souffrances de la population. »
Sur l’affaire Gécamines : « Yuma n’est pas la Gécamines qui est une entreprise d’État. Pourquoi persécuter Yuma qui n’est qu’un serviteur ? Je suis pour la présomption d’innocence. Laissons le procureur général de la République qui a le dossier nous dire l’aboutissement de cette affaire. Qui est également suivie au niveau des autorités morales de la coalition. »