Momentum sur les compagnies minières ?

Durement touchée en 2008 et contrainte de se renouveler en 2015, l’industrie minière fait face à une crise de plus avec l’apparition du Covid-19. Est-ce la crise de trop qui remettra tout un écosystème à genou ? Pas vraiment selon certains gérants, qui pensent au contraire que le contexte actuel offre des opportunités d’investissement et des points d’entrée intéressants à long terme.

IL EST bien connu que lorsque la Chine éternue, c’est tout le secteur minier, et plus globalement des matières premières, qui se grippe. Le confinement imposé par Pékin en début d’année a donc fait l’effet d’une bombe sur les cours des métaux industriels, en atteste la baisse des cours du cuivre de près de 25 % depuis le 1er janvier, avant que les autorités chinoises fassent preuve de plus de souplesse sur le déconfinement de son industrie. Dans ce contexte et vous vous en doutez, les sociétés minières, qu’elles soient diversifiées ou spécialisées (à l’exception des minières aurifères) n’ont pas brillé du fait de la corrélation de leur cours de bourse aux prix des métaux de base. 

Parmi les géants miniers, les performances annuelles sont évidemment négatives et s’étalent de -30 % pour Glencore et Freeport a -5 % pour Rio Tinto ; après une division par deux des valorisations boursières pour certains. Pour autant, ce triste bilan ne décourage pas les gérants d’Amiral Gestion, qui relèvent un environnement macroéconomique favorable à l’appréciation des hard commodities. Ces derniers jettent notamment leur dévolu sur le cuivre, mais aussi sur des métaux précieux comme l’or et le palladium.

Positionnement

S’il est aisé de se positionner à l’achat sur la relique barbare, qui jouit d’un environnement qui lui est favorable (taux réel négatif, aversion au risque, achat de banques centrales et guerre commerciale etc. Si vous ne connaissez pas le refrain) ainsi que sur le palladium (marché étroit qui bénéficie d’une demande soutenue), se montrer optimiste sur les cours du cuivre demeure moins évident. La société de gestion rappelle que le cuivre bénéficiera d’une demande soutenue, portée par l’essor des véhicules électriques et le développement du secteur des énergies renouvelables, gourmands en divers métaux. En parallèle, de nombreuses contraintes pèsent sur l’offre, faisant craindre un déséquilibre offre/demande, déséquilibre qui devra être résorbé par une hausse des prix.

À ce titre, Jefferies résume très bien ces zones d’ombre planant sur l’offre de métaux de base. Dans son dernier rapport dédié aux métaux industriels, la banque d’investissement pointe du doigt la baisse généralisée des dépenses d’investissement, qui n’est autre que la conséquence d’une restructuration au forceps de toute une filière, dictée par une grande priorité : l’assainissement des bilans. Ce déficit d’investissement pèsera sur la croissance de l’offre minière et créera tôt ou tard des tensions sur les prix.

La réponse de l’offre sera ainsi très lente, d’autant plus sur le segment des métaux de base où les nouveaux projets nécessitent un besoin en capitaux considérable (alors que les budgets sont réduits) et prennent plusieurs années à se finaliser. C’est pourquoi Jefferies voit le marché se resserrer à partir de 2022, en insistant sur le fait que les prix devront être plus élevés pour permettre le développement d’une vague de grands projets miniers.

Ce cocktail, composé d’une baisse chronique des dépenses d’investissement et d’une hausse des prix des métaux qui en découle, pourrait profiter aux compagnies minières, dont les bilans se sont considérablement améliorés ces dernières années. Jefferies recommande ainsi à l’achat Anglo American, First Quantum, Freeport-McMoRan, Rio Tinto ou encore le brésilien Vale ; tout en concluant que ce contexte n’aura pas la même saveur pour tous les acteurs de la filière, puisque les équipementiers, plus en amont dans la chaîne de valeurs (Caterpillar, Komatsu, Weir Group), continueront à souffrir de la baisse des dépenses d’investissement.

Pour aller plus loin et si vous présentez un goût prononcé pour les minières évoluant dans des filières stratégiques (cobalt, lithium, terres rares…) ou spécialisées dans l’extraction d’or et d’argent, vous trouverez deux sélections dédiées : les métaux stratégiques, indispensables aux industries de demain, et l’or et l’argent, ajoutez du précieux dans votre portefeuille. Les métaux stratégiques indispensables aux industries de demain, performance sur 3 ans. Automobile, aéronautique, énergies renouvelables, électronique et défense, toutes ces industries ont en commun leur dépendance plus ou moins accrue à des métaux stratégiques. Ils sont essentiels à la fabrication de batteries de voitures, indispensables à la construction d’éoliennes ou encore abondamment intégrés au sein de nos smartphones, ordinateurs et autres objets du quotidien.

Cobalt et lithium

Des métaux comme le cobalt ou le lithium font ponctuellement la une des actualités financières du fait de la dimension stratégique du contrôle de ces matières premières. De nombreux facteurs concourent effectivement à un usage croissant de ces métaux, poussant de multiples utilisateurs finaux à une course aux approvisionnements. Ces commodités sont ainsi au cœur d’enjeux économiques et géopolitiques planétaires. Cette liste thématique cible les entreprises qui occupent une place importante en aval de ces filières stratégiques (exploration, extraction, production et transformation), parmi les métaux suivant : cobalt, étain, lithium et terres rares. Bien entendu, les compagnies référencées demeurent profondément sensibles à la problématique de pénurie ou de rupture d’approvisionnement de ces métaux critiques. 

Longtemps boudés par les investisseurs, l’or et l’argent reviennent sur le devant de la scène grâce à un environnement qui leur est de plus en plus propice. Baisse des rendements obligataires, fléchissement des indicateurs macroéconomiques, ralentissement de la croissance mondiale et prudence sur l’inébranlable marché haussier des principaux indices actions, autant de facteurs qui permettent à l’or de reprendre de la hauteur, tout comme l’argent. Il y a bien eu une rupture du sentiment des opérateurs envers le métal doré, qui retrouve son statut de valeur refuge alors que les marchés se teintent de complexité. 

À l’heure de l’intensification de politiques monétaires accommodantes, l’interminable feuilleton commercial sino-américain, couplé à la zizanie européenne sur le front du Brexit, la nervosité grimpe d’un cran chez les investisseurs. Ces derniers optent ainsi pour des stratégies de couverture, en atteste la dynamique des collectes des fonds spécialisées adossés à la relique barbare. S’il existe bien des façons de s’exposer au cours de l’or et de l’argent, comme d’en acheter physiquement, il convient de rappeler que les compagnies minières constituent aussi une manière de diversifier son portefeuille actions. 

À ce titre, une liste thématique référence les sociétés minières, qu’elles soient spécialisées ou diversifiées, réalisant une part significative de leur chiffre d’affaires dans l’extraction, la valorisation ou le négoce d’or et d’argent. Elles sont de ce fait relativement sensibles à l’évolution des cours de ces métaux précieux.