LOUIS Watum, le directeur des opérations d’Ivanhoé Mines RDC et président de la Chambre de mines, ainsi qu’Elodie Delagneau, la directrice de DRC Mining Week, ont joué le rôle de modérateur à cette occasion. Question du public : « Monsieur le ministre des Mines, en avril dernier, dans un article intitulé ‘RDC, cinq mesures pour réduire l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le secteur minier’, vous avez proposé de faciliter l’approvisionnement et l’exportation de produits miniers commerciaux. Qu’a-t-on réellement fait à cet égard à ce jour ? »
Réponse de Willy Kitobo Samsoni : « Nous avons en effet publié des mesures proposées par notre gouvernement pour atténuer l’impact négatif de la pandémie sur le secteur minier. Concernant la question de l’importation, avec la fermeture de nos frontières, comme vous le savez, nous importons d’Afrique du Sud, de Chine, des produits nécessaires à l’extraction et à l’exploitation de nos mines.
Donc, quand il n’y a pas d’entrée, c’est comme si nous n’avions pas d’air, nous ne pouvons pas produire. Outre l’acide sulfurique, produit localement, de nombreux intrants chimiques proviennent de l’étranger. Ce sont des collecteurs et concentrateurs pour la flottation des minéraux qui sont essentiels comme le sulfhydrate de sodium… »
Et de poursuivre : « La production a donc fortement ralenti. Il en va de même pour les exportations; nous devons pouvoir transporter nos produits hors de la RDC. Le gouvernement a alors dû intervenir sur le plan diplomatique, pour s’assurer que la fermeture des frontières n’incluait pas le transport de produits susmentionnés, utilisés dans l’activité minière, tant pour l’importation que pour l’exportation. Au niveau des douanes, nous avons également demandé aux bureaux de douane d’accélérer le processus pour les applications liées à l’exploitation minière, pour l’importation d’intrants et pour l’exportation de produits commerciaux.
Les procédures ont été accélérées; dans certains cas, nous avons même eu recours à des procédures d’urgence pour faciliter les échanges. À ce jour, nous surveillons ces mesures et je m’assure d’intervenir personnellement, avec [José Sele Yalaghuli], le ministre des Finances, en cas de problème ou de blocage. »
Autre question du public : « La baisse des prix du cobalt est-elle compatible avec sa position actuelle en tant que minéral stratégique, avec pour conséquence une redevance plus élevée ? »
Réponse du ministre des Mines : « C’est une question importante et je profiterai de cette occasion pour clarifier ce sujet. Lorsque nous disons qu’un métal est stratégique, cela n’est pas lié à son prix.
Cela signifie que le métal, en soi, est stratégique dans notre programme économique. Peu d’autres pays produisent du cobalt et nous voulons positionner la RDC comme un producteur clé de cobalt sur la scène internationale.
Lorsque nous avons légiféré en 2018 et décidé de taxer les produits stratégiques à 10 % de leur valeur marchande, le cobalt était vendu à environ 90 000 dollars la tonne. Lorsqu’il est tombé à environ 38 000 dollars la tonne, les miniers ont commencé à nous demander de revoir sa position stratégique… »
Le cobalt reste stratégique
Et d’ajouter : « Le cobalt est aujourd’hui à 29 800 dollars la tonne. Quel autre métal est à ce prix en RDC aujourd’hui ? Le cuivre, également un métal stratégique, est à 5 700 dollars la tonne.
Tous les autres métaux stratégiques ont un prix inférieur au cobalt.
Lorsque nous discutons avec les miniers, nous essayons de comprendre quel est le prix minimum avant que le cobalt ne soit plus rentable pour eux. C’est sur cette question que nous avons du mal à nous entendre. » Puis de s’interroger : « Quel est le coût de production et à quel niveau disons-nous que le cobalt n’est pas intéressant ? Pendant des années, le prix du cobalt oscillait entre 14 000 dollars et 15 000 dollars la tonne. Lorsque les grands projets ont commencé avec le cobalt en RDC, il valait la moitié de son prix actuel. Comment peut-on alors prétendre qu’à 29 000 dollars aujourd’hui, il n’est plus stratégique ? »
Encore une question du public : « Avec la pandémie de Covid-19 augmentant l’utilisation de la technologie, pensez-vous qu’il y aura une tendance à adopter de nouvelles technologies d’automation pour améliorer l’efficacité opérationnelle, la productivité et la sécurité dans les mines? Si oui, quel serait l’impact sur le marché du travail en RDC ? »
Réponse de Willy Kitobo Samsoni : « Je pense que l’automation de l’industrie n’a pas commencé avec le Covid-19, elle est en cours depuis un certain temps. L’automation a amélioré les conditions de travail et évité la manipulation de produits dangereux ou le port de charges lourdes.
Nous avons déjà des mines automatisées. J’étais à Kibali Gold récemment et tout le transport se fait de manière automatisée. Cela permet une meilleure sécurité des travailleurs et réduit les accidents. Ces technologies peuvent aider à sauver des vies… »
Et de noter : « L’homme est toujours nécessaire pour contrôler et superviser les opérations; il y aura toujours le besoin de travailleurs. Mais cela nécessite une main-d’œuvre qualifiée pour s’adapter aux nouvelles technologies. Je ne pense pas qu’il y aura des pertes d’emplois. Pour chaque innovation, il y a une évolution et un besoin de nouvelles compétences. Nous ne pouvons pas arrêter la technologie et les progrès de demain et nous devons trouver notre place et nous adapter. »