Vers une politique nationale pour une gestion optimale, équitable et durable du territoire

Le processus de réforme engagé en 2015 arrivera à son terme fin 2022. L’objectif est de doter le pays d’un document de référence en matière d’aménagement de l’espace national.

LE CONSEIL des ministres a adopté vendredi 3 juillet le document de Politique nationale de l’aménagement du territoire, présenté par Aggée Aje Matembo, le ministre de l’Aménagement du territoire. Pour des observateurs, c’est une avancée significative et une étape importante qui vient d’être franchie dans le processus de réforme de l’aménagement du territoire commencé en 2015 et qui doit être parachevé en 2022. On retiendra utilement que plusieurs raisons sont à l’origine de cette démarche, notamment « l’absence de politique » définie, consensuelle et affichée, qui met en cohérence spatiale toutes les politiques sectorielles, a indiqué le ministre Aggée Aje Matembo. Ce n’est pas tout : absence de cadre législatif en la matière, manque de cohérence entre les actions sectorielles et les logiques territoriales. Il faut dire aussi que la réforme est une recommandation de différents analyses, diagnostics territoriaux et institutionnels, et l’atelier organisé en 2015. 

Tous les acteurs impliqués

Le ministre de l’Aménagement du territoire a fait savoir que la PNAT a pour mission « d’assurer une gestion optimale, équitable et durable de l’espace national » mais aussi de doter le pays d’une administration viable. Et que son adoption permettra de « mettre fin » à la « superposition des titres, au désordre caractérisé en matière d’affectation et d’usages des terres. La PNAT a aussi l’avantage de « garantir le développement durable et harmonieux du territoire national ». Pour arriver à l’élaboration de ce document, c’est-à-dire des outils et instruments de planification spatiale en République démocratique du Congo, l’implication de tous les acteurs était indispensable, explique un expert du ministère de l’Aménagement du territoire. D’après lui, des missions de consultation des acteurs nationaux et provinciaux ainsi que de collecte des données ont été organisées dans toutes les 26 provinces du pays. Et le tout a été rendu lors d’un l’atelier que le ministère de l’Aménagement du territoire a organisé en juin 2019, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Ces missions ont porté sur les problématiques de développement liées à l’aménagement du territoire séquencées en plusieurs thématiques regroupées en pôle transversal (organisation administrative, budgets publics), pôle sectoriel (agro-rural, mines, industries, éducation, santé, habitat, transport, infrastructures, etc.), pôle environnemental (ressources naturelles, forêts, conservation et aires protégées, biodiversité), pôle territorial (décentralisation, foncier, armature urbaine, transport, espaces ruraux, espaces peri-urbains et urbains, etc.).

Les données collectées ont servi de matrice à l’analyse qui mènera à l’élaboration de la PNAT, la loi-cadre sur l’aménagement du territoire, du Schéma national d’aménagement du territoire et des guides méthodologiques pour l’élaboration des Schémas provinciaux ainsi que des Plans locaux d’aménagement du territoire.

Aujourd’hui, l’aménagement du territoire est compris comme la transcription dans l’espace de la vision du développement actuel et futur d’une société. Cette se traduit spatialement sous forme de schéma. 

Vu sous cet angle, la RDC qui est une entité aux dimensions continentales et dotée d’un potentiel naturel énorme, se doit de maîtriser la gestion de son espace géographique afin d’assurer un développement socio-économique durable pour sa population. Pour sa part, le PNUD qui accompagne la RDC sans cette réforme, compte sur l’engagement du gouvernement afin de pouvoir doter la RDC des outils et instruments d’aménagement du territoire qui tiennent compte de la préservation du capital forestier national tout en catalysant le développement durable du pays. 

La réforme de l’aménagement du territoire fait partie du plan de la reconstruction nationale de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, en vue d’accélérer le processus d’émergence de notre pays. S’agissant du 8è pilier de son programme de gouvernement relatif à la modernisation des infrastructures et à l’aménagement du territoire national, le 1ER Ministre soulignait en septembre 2019 du haut de la tribune de l’Assemblée nationale devant les députés : « Votre gouvernement entend poursuivre la mise en œuvre d’une politique cohérente des investissements continus en infrastructures de base et communautaires. Il s’agit notamment des transports et communications, des routes, des rails, des voies fluviales et lacustres, des ports et aéroports. »  

Discours-programme

En réalité, poursuit-il, la réalisation de ces investissements constitue « la principale attente » de nos populations et « la condition nécessaire » pour le développement de notre pays.  « Mon gouvernement entend y consacrer une part notable des moyens publics ainsi que le recours aux sources de financement innovantes, notamment la promotion du partenariat public-privé », avait-il ajouté. Dans cette optique, certaines actions s’avèrent être urgentes. 

Il s’agit notamment de moderniser et construire les routes pour interconnecter les provinces et les territoires ; aménager les voies navigables et moderniser les ports ; construire le port en eau profonde de Banana ; réhabiliter, moderniser et construire les voies ferrées ; moderniser les 54 aéroports et aérodromes sous la gestion de la Régie des voies aériennes (RVA). Il s’agit aussi de redynamiser Congo Airways, la compagnie aérienne nationale, notamment en accroissant progressivement sa flotte ; renforcer la Poste dans son rôle de service postal universel. En ce qui concerne le 10è pilier du programme gouvernemental consacré à la création de conditions d’un développement durable et aussi comme contribution à la lutte contre le changement climatique, Sylvestre Ilunga Ilunkamba a assigné à son gouvernement la mission de faire jouer à la RDC tout son rôle dans les enjeux mondiaux relatifs à la lutte contre le changement climatique, d’une part, et, d’autre part, de mettre en place des « politiques innovantes » destinées à préserver, en faveur de nos générations futures, nos forêts, nos cours d’eau, notre faune ainsi que notre flore. 

Parmi les actions envisagées dans ce domaine : affirmer le leadership mondial et africain de la RDC dans le domaine de l’eau et de la forêt ; penser l’avenir en termes de développement durable qui se situera désormais à l’intersection entre l’économie, le social et l’écologie ; évaluer les potentialités en biodiversité et veiller à leur équilibre ; protéger la forêt et les tourbières présentes au centre du bassin du Congo et mener un plaidoyer au niveau international pour attirer le financement y afférent ; protéger les communautés locales en veillant à la bonne gestion des concessions forestières ainsi qu’au cadastre y relatif ; protéger les espèces animales et végétales en voie de disparition et celles qui migrent dans les pays voisins.