Tout dépend désormais des plans de relance économique

La volatilité des marchés s’inscrit dans le même tempo que les interventions de Donald Trump sur les négociations ou non d’un plan de relance, qui paraît de toute façon inéluctable. Tout est donc une question de contenu et de calendrier. Les récentes hausses indicielles démontrent l’attitude positive des investisseurs sur cette thématique.

CES indispensables plans de relance, compléments des politiques monétaires conciliantes, ont pour conséquence immédiate l’explosion des dettes des États, avec un taux moyen d’endettement proche des 120 % du PIB. Un lourd héritage qui s’intègre certainement dans un changement durable de l’environnement économique et qui découle, lui-même d’une autre transformation, celle des taux bas depuis 2008.

Malgré le discours dissonant de Donald Trump, le président des États-Unis, et sa récente contamination avérée au coronavirus, les places financières ont progressé la semaine dernière, à la faveur des espoirs d’avancées au Congrès sur le plan de relance américain. À l’approche de la saison des résultats trimestriels, l’appétit pour le risque demeure intact même si Wall-Street affiche une certaine surperformance face à l’Europe.

Indices

Sur la semaine écoulée et écourtée en Asie, les indices ont repris de la hauteur. Le Nikkei s’est adjugé 2.5 %, le Hang Seng 2.6 % et le Shanghai Composite 1.6 %, après plusieurs jours de fermeture. En Europe, la hausse domine également, à l’image du CAC40 qui a engrangé 2.4 %. Le Dax a progressé de 2.7 % et le Footsie de 2 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Espagne a gagné 2.8 %, le Portugal 2.3 % et l’Italie 2.7 %. Outre-Atlantique, les indices ont également repris de la hauteur, avec notamment les valeurs financières et l’énergie. Vendredi 9 octobre, le Dow Jones a enregistré une performance hebdomadaire de 3 %, le S&P500 de 3.5 % et le Nasdaq100 a performé de 3.7 %.

En ce qui concerne les matières premières, après le coup de froid, place au rebond sur les marchés pétroliers. Lestés par les craintes d’un surplus d’offre mondiale à l’heure où le Covid-19 fragilise la demande, les cours pétroliers ont retrouvé de la vigueur grâce à l’intervention de l’Arabie Saoudite. Le Royaume, poids lourd de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), estime qu’il serait prématuré pour le cartel d’augmenter sa production de deux millions de barils par jour à partir de 2021. Cette déclaration ouvre la voie à une stabilisation de l’offre de l’OPEP. Le Brent et le WTI ont ainsi rebondi la semaine dernière, à respectivement 43 dollars et 40.8 dollars le baril. 

La relique barbare s’est offert le luxe de progresser, une performance à mettre en perspective avec la montée des marchés actions. L’or s’est négocié ainsi à 1 915 dollars l’once, et l’argent à 24.30 dollars. Concernant les métaux de base, le cuivre a gagné du terrain à 6 611 dollars la tonne métrique. Des mineurs de l’une des plus grandes mines du Chili, celle de Candelaria, ont entamé un mouvement de grève, suscitant des inquiétudes sur l’offre du premier producteur mondial de cuivre.

Quant au marché actions, la mission de Sunrun est claire : « To create a planet run by sun ». Basée à San Francisco, la société est en effet présente sur l’ensemble de la chaîne de valeur des systèmes à énergie solaire, de la conception à l’installation en passant par l’entretien. Ses produits sont principalement destinés au secteur résidentiel et propose également des onduleurs pour avoir un relai en cas de panne de courant. Sunrun avance qu’en installant ses panneaux solaires, les clients font des économies de 10 à 40 % sur leur facture d’électricité. La société compte à ce jour 309 000 clients répartis dans 22 États et enregistre une croissance de 71.7 % dans l’acquisition client depuis 2017.

Cette croissance se reflète également dans le chiffre d’affaires qui a bondi de 58.3 % entre 2017 et 2019. Cette trajectoire devrait perdurer sachant que Sunrun évalue le marché potentiel à 75 millions de foyers et vise une pénétration du marché de 13 % d’ici 2029. Avec 15 % des parts de marché en 2019, Sunrun est le leader sur le segment résidentiel par rapport à ses concurrents comme SunPower, Vivint Solar, Sunnova ou même Tesla.

Toutefois, son ratio CAPEX sur CA avoisine les 100 %, indiquant qu’elle investit massivement, ce qui peut être positif si ces actifs produisent des revenus. Mais avec un ratio aussi élevé, Sunrun se met aussi dans une situation financière difficile. Son cash-flow pour le dernier trimestre est négatif de 189.3 millions de dollars et de plus de 1 milliard en 2019. L’évolution du cours de bourse de Sunrun montre l’engouement des investisseurs pour la valeur. Le titre progresse en effet de 411 % sur 2020 permettant à Sunrun d’atteindre une capitalisation boursière de 8.9 milliards de dollars.

En Europe, la tendance se situe à la détente prolongée des rendements, à l’image des emprunts souverains à dix ans espagnol (0.18 %), italien (0.75 %) et portugais (0.18 %). Ces références se rémunèrent sur des plus bas historiques, ce qui réduit les spreads avec le Bund allemand (-0.53 %). De son côté, l’OAT française reste largement négative avec un taux à -0.27 %. La BCE continue d’acheter les titres disponibles comme un aspirateur, de sorte qu’elle détient une part de plus en plus importante du marché obligataire. Dans le cas des obligations d’État allemandes, elles représentent déjà environ la moitié de toutes les obligations en circulation.

La divergence marque la trajectoire des prix obligataires. En effet, le mouvement inverse se produit aux États-Unis, à l’approche des élections américaines. Le Tbond se négocie sur une base de rémunération en hausse de 10 points de base sur la quinzaine, à 0.76 %.

Marché des changes

La livre continue à faire le yoyo en fonction des interventions politiques. Boris Johnson s’était mis d’accord avec Von der Leyen pour intensifier les négociations, mais ces dernières restent dans l’impasse à l’issue d’une neuvième session de discussions. Le GPB s’est traité sur une base de 1.29 dollar et 0.91 euro. Dans la zone euro, la monnaie unique gagne du terrain face au yen, les cambistes ayant momentanément délaissé les devises refuges. Cette embellie de l’euro se retrouve face au billet vert à 1.179 dollar. Ce dernier s’est échangé, d’ailleurs, au plus bas face à ses contreparties du G10, 

Le revirement du président américain au sujet du programme d’aide à l’économie a soutenu les bourses et a donc pesé sur le dollar. Dans une conférence, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a déclaré que la reprise économique reste inachevée et a laissé la porte ouverte à un nouveau plan de stimulus monétaire mais l’euro s’est montré insensible à cette déclaration. Dans l’hémisphère sud, le dollar néo-zélandais s’affaiblit par rapport à tous ses principaux concurrents après que la banque nationale a déclaré qu’elle pourrait devoir être plus agressive lorsqu’il s’agit de dynamiser davantage l’économie pour stimuler l’inflation et l’emploi.

Parmi les monnaies émergentes, la livre turque a atteint un nouveau plus bas après que les États-Unis aient averti qu’ils étaient « profondément préoccupés » sur le comportement de la Turquie qui agite dangereusement la géopolitique. La monnaie se négocie à 7.885 TRY face au billet vert.

Statistiques économiques. Avec la « golden week », une seule statistique était au programme en Chine. L’indice Caixin PMI services a dépassé les attentes, à 54.8 (54.5 attendu contre 54 le mois dernier). Les données en provenance d’Europe ont également rassuré, avec un indice PMI service à 48 (consensus 47.6) et des ventes au détail en hausse de 4.4 % (2.4 % attendu).