C’EST UNE nouvelle étape importante pour l’avionneur américain qui tente de surmonter la crise la plus profonde de ses 104 ans d’histoire. Cloué au sol depuis mars 2019 après deux crashs mortels en cinq mois qui ont fait 346 morts, le 737 MAX s’est vu de nouveau autorisé à voler par l’administration fédérale de l’aviation (FAA). Le premier vol d’American Airlines entre Miami et LaGuardia à New York fait suite à des mises à jour des commandes de vol, des travaux de maintenance et une nouvelle formation des pilotes.
Après le brésilien Gol Linhas Aereas Inteligentes et le mexicain Grupo Aeromexico, American Airlines est le troisième transporteur aérien à remettre en service commercial ses 737 MAX en décembre 2020. Le 737 MAX mis à jour a déjà effectué environ 250 vols commerciaux pour deux compagnies, Gol Linhas Aereas Inteligentes (Brésil) et Grupo Aeromexico (Mexique), selon Cirium, la société de données aéronautiques. American Airlines possède actuellement 31 737 Boeing 737 MAX et prévoit de réintroduire progressivement l’appareil dans sa flotte.
Après vingt mois d’attente donc, le Boeing 737 MAX a retrouvé le ciel pour un vol commercial sans encombre opéré par la compagnie brésilienne Gol, reliant Sao Paulo à Porto Alegre. L’avion a subi des modifications et de nombreux essais depuis deux catastrophes aériennes ayant fait au total 346 morts en 2018 et 2019, qui avaient entraîné une crise majeure pour le géant américain de l’aéronautique.
« Gloire à Dieu! », s’est écrié une passagère au moment où les roues de l’appareil touchaient le tarmac, pour un atterrissage tout en douceur, après 1h30 de vol.
Gol avait pourtant donné la possibilité à tout passager ne se sentant pas à l’aise à l’idée d’embarquer à bord d’un 737 MAX de « reporter son voyage sans frais et sans différence de tarif », selon un porte-parole de la compagnie. Mais la plupart des voyageurs ne savaient pas qu’ils étaient à bord d’un Boeing 737 MAX, et encore moins qu’il s’agissait du tout premier vol de cet avion depuis 20 mois.
Deux membres d’équipage, qui ont préféré garder l’anonymat, ont déclaré à l’AFP qu’ils étaient « très émus » à l’idée de prendre part à cette première mondiale et ont assuré qu’ils étaient certains que « tout se déroulerait à la perfection ». « Même Delta et American n’ont pas encore repris les vols (commerciaux). C’est une grande responsabilité pour Gol », a déclaré un employé de la première compagnie de vols domestiques du Brésil. Avec sept membres d’équipage et une capacité de 186 passagers, le vol était plein à 88 %, selon un steward. Dans l’avion, l’ambiance était bon enfant, les voyageurs, tous masqués en ces temps de coronavirus, se laissant bercer avant le décollage par un doux rythme de Bossa Nova. « Je n’ai pas peur de prendre l’avion. Je n’étais pas au courant des accidents, mais ça ne me fait pas peur, même si c’est seulement mon deuxième voyage en avion », a lancé un adolescent de 14 ans.
Nouvelles commandes
Malgré l’insouciance des passagers, les deux accidents tragiques rapprochés de Lion Air (189 morts en octobre 2018) et d’Ethiopian Airlines (157 morts en mars 2019) ont plongé Boeing dans une crise profonde, aggravée en 2020 par la pandémie de coronavirus, qui a sinistré l’ensemble du secteur aérien. Au total, le 737 MAX a souffert de 653 annulations de commandes en 2019 et 2020 dans le monde et Boeing doit aujourd’hui convaincre de la fiabilité de son aéronef. Selon un sondage d’opinion Reuters/Ipsos, les Américains sont moins au courant des deux crashs mortels du 737 MAX, mais que plus de la moitié d’entre eux éviteraient probablement cet avion.
En novembre dernier, les autorités américaines, puis brésiliennes, ont finalement donné leur feu vert pour la remise en service, après plusieurs modifications de l’appareil et la mise en place d’une formation spécifique pour les pilotes. « Ces 20 derniers mois, nous avons procédé aux révisions de sécurité les plus exhaustives de l’histoire de l’aviation commerciale. La sécurité avant tout », a déclaré Celso Ferrer, le directeur des opérations de Gol. Des modifications ont été apportées notamment au niveau du système anti-décrochage MCAS qui avait été mis en cause dans les deux catastrophes. La compagnie Gol a indiqué que 140 de ses pilotes avaient été formés aux États-Unis pour faire voler le 737 MAX et que l’ensemble de sa flotte de sept appareils de ce modèle allait être remis en service. Gol prévoit également d’agrandir sa flotte de 737 Max : la compagnie aérienne a 95 commandes fermes d’achat avec Boeing, en plus de 20 avions qui se trouvent aux États-Unis en attendant d’être livrés. Le retour du 737 MAX intervient alors que la pandémie de Covid-19 a plongé l’industrie aéronautique dans sa pire crise, avec des compagnies aériennes qui reportent leurs commandes d’avions et ne s’attendent pas à un rebond avant une diffusion plus large des vaccins anti-coronavirus.