Fonds Mwinda : investir dans l’électricité pour booster l’industrie

Le faible taux d’accès de la population à l’électricité devrait nous interpeller, alors que le pays a un fort potentiel. Souvent, l’État est accusé de manquer de volonté politique. Cette fois-ci, la vision semble être là : le Fonds Mwinda comme levier financier pour accélérer l’électrification de la RDC.

FÉLIX ANTOINE Tshisekedi Tshilombo prêche par l’exemple. Le président a remis personnellement un chèque de 10 milliards de nos francs, soit environ 900 mille dollars, comme sa souscription au Fonds Mwinda, ouvrant ainsi la voie à tout le monde. La cérémonie de lancement de la capitalisation du Fonds Mwinda a eu lieu à Kinshasa à l’hôtel Béatrice, à l’initiative du collège de conseillers mines et énergie de son cabinet, en association avec l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER) et le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité.

À cette occasion, le président de la République a rappelé son engagement politique d’électrifier le pays, comme l’une des priorités de son quinquennat.  Et d’ajouter que le lancement de la campagne de capitalisation du Fonds Mwinda est « la réponse à l’une des recommandations du forum organisé à Matadi du 20 au 22 août 2020, avec pour thème : Énergie électrique en RDC, son impact sur l’industrie durable ». 

Volonté politique

D’après Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, les populations en milieu rural doivent avoir « le même accès à l’énergie électrique » que celles qui vivent en milieu urbain. Tout en demandant à l’ANSER d’être proactive, il a interpellé le gouvernement pour que lors des prévisions budgétaires annuelles, une quotité soit réservée au Fonds Mwinda. Lors de son investiture comme le 5è président de la République démocratique du Congo, le 24 janvier 2019, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo avait promis d’apporter l’électricité à au moins 30 % de la population, soit quelque 15 millions de familles, d’ici 2024.

À ce jour, le taux d’accès de la population à l’électricité serait d’environ 12 %. Cependant, les experts du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité font remarquer que ce taux est moins bas, autour de 9 %, que le chiffre avancé par des politiques. Toutefois, loin de la guerre des chiffres, des entreprises privées sont déjà sur la brèche, prêtes à signer des partenariats avec le gouvernement via l’ANSER. 

Maintes fois, la volonté politique d’améliorer l’accès de la population à l’électricité, et aussi à l’eau potable, en milieux urbain et rural a été exprimée. Mais dans les faits, rien ou presque. La problématique demeure encore toute entière. L’État a pris l’engagement de développer les unités de production d’énergie électrique, les réseaux de transport et de distribution, favoriser la construction et/ou la modernisation des micros et mini-barrages hydro-électriques et développer les programmes spécifiques aux énergies renouvelables en  vue de l’intensification de la desserte en énergie électrique. 

Cependant, au regard des moyens budgétaires mis à la disposition de ce secteur, il y a fort à parier sur les intentions réelles des gouvernements qui se sont succédé. On se rappelle la pression de la société civile, toujours elle, pour que l’ANSER, créée en 2014 pour suppléer la Société nationale d’électricité (SNEL) dans l’arrière-pays, et l’Autorité de régulation de l’électricité (ARE), créée en 2016, soient opérationnelles. 

Électrification rurale

La société civile a fait part au gouvernement de ses propositions en vue de remettre la RDC sur la voie de l’atteinte de l’objectif « Énergie pour tous d’ici 2030 ». La loi du 17 juin 2014 relative à l’électricité peine à sortir des tiroirs. La desserte en électricité ne s’est guère améliorée, même dans Kinshasa la capitale. Ces 20 dernières années, le secteur de l’électricité a connu une dizaine de projets avec des financements garantis dont le PMURR, EDIRA, PMEDE, SAPMP d’une valeur de plus de 1,2 milliard de dollars financés notamment par la Banque mondiale, etc.