SURPRENANT tout de même de constater que la campagne médiatique anti-AVZ Minerals a été lancée au lendemain du discours remarqué (le 7 février 2023) de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, du haut de la tribune du forum minier Indaba qui se tient chaque année au Cap en Afrique du Sud. Alors qu’il s’est engagé à assainir le climat des affaires, il s’agissait pour le chef de l’État de faire découvrir davantage aux investisseurs miniers les atouts de la République démocratique du Congo dans ce domaine, à travers une communication informative, précise et statistique.
Félix Antoine Tshisekedi a lancé un message selon lequel la RDC est à la recherche des partenariats public-privé mutuellement avantageux pour l’exploitation de ses ressources minérales stratégiques. Et c’est donc le moment choisi par des journalistes pour publier des articles embarrassants sur l’avenir de l’AVZ Minerals dans le projet d’exploitation de la mine de lithium de Manono dans la province du Tanganyika. Cela va-t-il suffire pour changer d’avis les autorités congolaises qui doivent trancher sur l’attribution du contrat d’exploitation ?
Campagne de diffamation
« Lithium miner CEO proposed to pay Congo middleman $US6m » : c’est le titre (en anglais) que l’Australian Financial Review, ou la revue financière australienne, a consacré au dossier AVZ et le Projet Manono Lithium (publication du 8 février 2023). Cet article du journaliste et commentateur des marchés, Tom Richardson, est renforcé dans la presse, au pays comme à l’étranger, par des bandeaux qui font sourire et pleurer à la fois. Tel celui du média en ligne Opinion Info de la RDC : « Lithium de Manono : des nouvelles révélations clouent au pilori AVZ et ses combines mafieuses ! », un article signé par Paul Valery Nkoto.
Comment interpréter l’article bombe à retardement de Tom Richardson, analyste sur les marchés, notamment les actions, la dette, la banque, les paiements, la réglementation, etc., qui accuse Nigel Ferguson, le Chief Executive Officer (CEO) d’AVZ Minerals, d’avoir proposé à « un intermédiaire congolais (sic !) » 6 millions de dollars, en cash et en actions, pour aider à obtenir auprès des autorités congolaises une licence d’exploitation du lithium de Manono ? Que faire de cette avalanche de titres dans les journaux sur AVZ ?
On sait seulement, après enquête dans les rédactions, que derrière ce tir groupé de la presse, dont le départ a été donné par Australian Financial Review, se cache une campagne de diffamation, destinée à accréditer la thèse de « pratiques mafieuses » d’AVZ et de trafic d’influence de Marius M. Mihigo. Dans les salles de rédaction, on s’en défend et on n’en dit pas plus, sous le prétexte que les journalistes ne brûlent pas leurs sources. Pourtant, les articles publiés suscitent de multiples interrogations, même entre confrères.
Quoi qu’il en soit, il apparaît clairement que les journalistes, auteurs de ces articles contre la multinationale australienne, veulent faire dans le sensationnel. Sinon, pourquoi le très sérieux Tom Richardson n’étaye pas son article de faits avérés de l’implication de Marius M. Mihigo dans des affaires de corruption, mais souligne quand même que c’est fort possible dans le contexte congolais qu’« une partie de ses honoraires soit utilisée pour des pots-de-vin ».
Dans son article, Tom Richardson a été incapable de démontrer une quelconque responsabilité de Marius M. Mihigo.
Les allégations de corruption du journaliste australien s’appuient sur des documents internes d’AVZ qui lui auraient été transmis et qui auraient été produits par le cabinet d’avocats DLA Piper et du cabinet de consultants en risques Veracity. Pourtant, ces rapports auraient, aux dires même de Tom Richardson, donné un avis favorable au conseil d’administration d’AVZ pour s’offrir les services du stratège congolais après une enquête approfondie sur sa réputation et son éthique professionnelles.
Attaque ad hominem
Il n’y avait donc rien, alors rien, à signaler sur l’implication de Marius M. Mihigo dans des affaires de corruption. Mais voilà que la presse s’intéresse désormais plus à la vie politique pour justifier l’argument de trafic d’influence. Le rapport de Veracity a mentionné des accointances de Marius M. Mihigo, notamment avec un homme politique. Lequel ? Par ailleurs, on publie sur les réseaux sociaux une photo d’octobre 2017 du stratège Mihigo assis à côté du président Félix Tshisekedi, à bord d’un vol Air France lorsque ce dernier était encore opposant.
Conséquence, le Projet Manono Lithium risque de s’enliser et cela saute aux yeux qu’il y a des gens derrière cette affaire qui cherchent à régler des « comptes politiques » à Marius M. Mihigo et à Nigel Ferguson. Le cliché n’est que l’arbre qui cache une réalité plus dure qu’on ne l’imagine : les désastres économiques causés par certains collaborateurs sans scrupules de Félix Antoine Tshisekedi dont il vient de se séparer.
Dans une interview qu’il nous a accordée, Marius M. Mihigo stigmatise ce qu’il considère comme une parodie, un complot qui le vise et le CEO d’AVZ, savamment pensé par ceux qui veulent voir le contrat minier retiré au géant minier australien, et battent des pieds et des mains pour faire croire à l’opinion qu’il a été grassement payé.
Révolté, il parle des pressions et des menaces de ses détracteurs visant son interpellation par la justice et celle du CEO d’AVZ, à leur retour au pays. Des manœuvres critiquables, d’où l’agitation politique dont il dit connaître l’origine et l’originalité. Il est persuadé que le tir groupé dans la presse contre AVZ et lui n’a pour ultime objectif que de l’éloigner du président de la République.
« Derrière ce tir groupé de la presse, dont le départ a été donné par Australian Financial Review, se cache une campagne de diffamation, destinée à accréditer la thèse de « pratiques mafieuses » d’AVZ et de trafic d’influence de Marius M. Mihigo. »
Quel crédit donner à tous ces propos pessimistes sur AVZ concernant le projet d’exploitation du lithium de Manono ? « Nos sources d’informations sont fiables et nous avons nous-mêmes vérifié ces informations », rétorquent les confrères contactés. Ils affirment avoir mené des enquêtes sérieuses. De son côté, Marius M. Mihigo soutient avoir « vu et entendu beaucoup de choses », ici au pays et à l’étranger. Mais il y a des faits qui méritent qu’on s’y arrête parce que, à l’analyse, il y a des articles qui peuvent avoir des retombées négatives sur les investissements en RDC et en Afrique.
Quelles que soient les circonstances dans lesquelles ont été menées ces investigations, on ne peut pas s’empêcher de penser que le but recherché était d’écorner l’image de la multinationale australienne.
Par exemple, The Boatman Capital, dont les rapports sur AVZ sont très souvent caustiques et toxiques à la fois, a réagi à l’article de Tom Richardson via un tweet. Il en appelle à une enquête fédérale sur le fameux paiement de 1 million de dollars versé à Marius M. Mihigo « en vertu des règles anti-corruption ». AVZ estime qu’on lui fait « un mauvais procès » et mesure l’impact désastreux de telles « allégations » sur l’opinion publique, alors qu’il est prêt à s’engager avec l’État congolais pour l’exploitation de la mine de lithium de Manono.