Après trois semaines de correction, les métaux précieux reprennent de la hauteur

APRÈS un coup de blues le jeudi 3 décembre, le métal jaune est remonté à 1 842,25 dollars à la clôture de vendredi dernier, contre 1 887,79 dollars à la clôture du vendredi précédent. Le prix de l’or, qui avait fondu à son plus bas depuis juillet lundi à 1 764,80 dollars l’once, s’est ressaisi au fil de la semaine, les investisseurs profitant de la baisse des prix du mois de novembre. « Les prix sont dopés par la faiblesse du dollar », a souligné Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. Le billet vert et le métal jaune avaient souffert en novembre de leur statut de valeur refuge, alors que les investisseurs leur préféraient des actifs à risque, rassurés par le résultat des élections américaines et par les avancées sur les vaccins contre le Covid-19.

Mais « le dollar souffre aussi des avancées des négociations sur des mesures de soutien à l’économie américaine », explique Carsten Fritsch. Des mesures plus importantes, même si elles pourraient bénéficier à l’économie américaine, rendent le dollar moins attractif, rendant l’or, autre actif sans rendement, plus intéressant. Par ailleurs, la baisse du dollar, valeur de référence de l’or, rend l’achat du métal jaune moins onéreux pour les investisseurs utilisant d’autres devises.

Flambée du cuivre

Du côté des métaux de base, ces derniers ont fini la semaine en ordre dispersé. Si le nickel et l’étain marquent une pause (à respectivement 15 930 et 18 850 dollars), le cuivre et l’aluminium ont poursuivi leur ascension. Les cours du cuivre sur le London Metal Exchange (LME) n’en finissaient pas de monter la semaine dernière, portés par un ensemble des facteurs dont la bonne santé économique de la Chine, grande consommatrice de métaux de base.

Après quelques incursions au-dessus de la barre symbolique des 7 000 dollars la tonne au début du mois de novembre, le métal rouge s’y est installé et s’approche dorénavant de celle des 8 000 dollars. La hausse du prix la semaine dernière « peut être attribuée à un certain nombre de facteurs », explique David Madden, analyste de CMC Markets, qui cite en vrac « les chiffres de l’activité manufacturière chinoise, la faiblesse du dollar et l’optimisme général sur les marchés ».

L’activité manufacturière en Chine a connu en novembre sa plus forte progression depuis 10 ans, selon un indice indépendant de référence, qui confirme la nette reprise de la deuxième économie mondiale. L’indice des directeurs d’achats (PMI) pour le secteur manufacturier, calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, s’est établi à 54,9 points le mois dernier, contre 53,6 en octobre. Il s’agit de son niveau le plus élevé depuis novembre 2010. Berceau de la pandémie, la Chine devrait finalement être la seule grande économie à afficher une croissance en 2020, estimée à 1,9 % par le Fonds monétaire international (FMI). Du côté de l’offre, le ralentissement de la production chez les deux principaux producteurs – le Chili et le Pérou – en raison de la crise sanitaire, ajoute à la pression haussière, a noté Daniel Briesemann, de Commerzbank. 

Le pétrole en soutien

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 7 730,50 dollars le vendredi dernier, contre 7 499,50 dollars le vendredi précédent à la clôture, et 7 774,00 dollars à son faîte en séance de vendredi. 

L’aluminium a par ailleurs touché un nouveau plus haut le mercredi dernier à 2 080,00 dollars la tonne, un prix plus vu depuis octobre 2018. Les décisions de l’OPEP+ sur la remontée lente et progressive de sa production de brut favorisent la hausse du prix du baril. Ce qui relègue au moins provisoirement au second plan la crainte d’un déploiement plus lent qu’anticipé du vaccin contre le Covid-19 de Pfizer et BioNTech. Le contexte demeure ainsi favorable à la prise de risque, et en premier lieu aux actions. Selon les chiffres hebdomadaires de Bank of America et EPFR, les fonds d’actions ont encore engrangé la semaine dernière 9,7 milliards de dollars d’afflux net, ce qui porte à 115 milliards leur collecte en quatre semaines, un record.

Le marché pétrolier est en nette hausse et le prix du baril de Brent se rapproche de la barre des 50 dollars au lendemain du compromis entre grands pays producteurs pour ne remonter que légèrement leurs pompages à partir du mois prochain. Le Brent a gagné 1,54 % à 49,46 dollars le baril après un pic à 49,92, son plus haut niveau depuis début mars, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a pris 1,62 % à 46,38 dollars.

L’un et l’autre devraient enregistrer leur cinquième semaine consécutive de hausse. les cours pétroliers ont poursuivi leur rebond entamé au début du mois de novembre, soutenus par l’accord entre les membres de l’OPEP+, qui ont trouvé un consensus sur une légère réduction des quotas de production à partir du 1er janvier 2021. Environ 500 000 barils additionnels vont arriver chaque jour sur le marché, ce qui est bien moins que les 1.9 million de barils quotidiens initialement prévus. Le cours du Brent se rapproche ainsi de la barre symbolique des 50 dollars, tandis que la référence américaine s’échange autour de 46.7 dollars.