Les prévisions à moyen terme au regard du paysage économique de la RDC en 2016 préoccupent les autorités congolaises, à commencer par celles du ministère de l’Économie nationale. Les effets de la conjoncture économique et financière internationale sur l’économie nationale ont déjoué les prévisions de croissance qui s’est située à 7,7% en 2015, essentiellement portée par les secteurs des mines et des services. C’est ainsi que pour maintenir la stabilité économique, le gouvernement a pris une série de mesures – 28 au total – et a envisagé des réformes structurelles, afin de juguler la vulnérabilité de l’économie nationale. D’après les experts du ministère de l’Économie, il faut diversifier l’économie. Rien à faire. Des politiques appropriées sont mises en œuvre : l’implantation des Zones économiques spéciales (ZES) et des parcs agro-industriels, ainsi que la promotion des produits made in RDC. Sur le terrain, rien de tel, à part le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo déjà en activité.
Dans tous les cas, l’objectif est de faire de la RDC, à moyen terme, « une puissance économique régionale ».
Diversifier et dédollariser l’économie
Le plan d’émergence 2030 défini par le gouvernement Matata s’est appuyé sur les indicateurs économiques clés – le secteur réel de l’économie (la production, les prix et les salaires), les finances publiques, les relations extérieures, la monnaie et le crédit – de 2010 à 2015 pour démontrer que la RDC devrait atteindre déjà le point d’émergence en 2020. Force est de constater que cet objectif s’éloigne, tant l’équilibre des indicateurs économiques est rompu. La bonne connaissance des indicateurs économiques clés est nécessaire pour interpréter et comprendre les rapports d’économie. Les pays suivent et déterminent leur progrès économique à travers l’analyse des indicateurs économiques et les données statistiques sous forme d’indices et de prévisions. Ramenés au contexte congolais, les indicateurs économiques clés sont le taux de change, le taux d’intérêt, le Produit intérieur brut (PIB), l’offre de la monnaie, l’inflation ou l’indice de prix à la consommation, les réserves de change et la balance commerciale.
Depuis une dizaine d’années, la RDC applique le taux de change flottant, déterminé par l’équilibre entre l’offre et la demande sur les marchés des changes. La Banque centrale a mis en place une politique de change pour ancrer les taux du marché monétaire et les autres taux d’intérêt. Pour gérer l’inflation et garder le système de change stable, elle a sensiblement réduit le taux directeur (ou le coût du loyer) auquel les banques empruntent et placent la liquidité auprès d’elle, à moins de 2 % depuis 2013. Le taux interbancaire auquel les banques se prêtent entre elles n’existe pas encore en RDC. La politique monétaire subit actuellement la pression d’une forte dollarisation de l’économie (67 % de la masse monétaire en circulation). Certes, elle fut une réponse du système à la période d’hyperinflation et de la dépréciation monétaire. Mais dans le cadre de la stabilisation macroéconomique, la dollarisation est en train de réduire la marge de manœuvre de la politique monétaire. Moins de dollarisation signifie plus de marge de manœuvre, c’est-à-dire un outil supplémentaire de politique monétaire pour assurer la stabilité macroéconomique et la résilience de manière à éliminer les vulnérabilités et de ne plus compter que sur le budget.
Sur le plus long terme et sur le plan structurel, l’une des vulnérabilités, c’est la concentration géographique et la concentration par produit. D’où il faut diversifier l’activité économique. Il faudrait tourner vers les petites exploitations agricoles en pensant à leur développement marchand. La Banque mondiale propose une autre forme de diversification de l’économie, celle des acteurs dans le secteur minier. Le potentiel minier et les caractéristiques des filons offrent un degré d’accessibilité supérieur à la moyenne dans beaucoup de cas. C’est un grand avantage pour l’exploitation minière artisanale ou celle utilisant un matériel léger parce qu’elle permet d’employer une main-d’œuvre locale nombreuse avec un minimum de qualification. Les revenus générés par ces activités sont utilisés sur place. Si les exploitations agricole et minière artisanales sont bien formalisées, l’État et les provinces pourront aussi en tirer des recettes fiscales. Le Produit intérieur brut (PIB) qui vise à quantifier la valeur totale de la production de richesse effectuée par les agents économiques (ménages, entreprises et administrations publiques), était de 37,4 milliards de dollars en 2015. Il reflète l’activité économique interne et permet de mesurer le taux de croissance économique. Le PIB par habitant, quant à lui, mesure le niveau de vie et du pouvoir d’achat. La croissance du PIB est principalement due à des politiques publiques favorables à l’instar de la volonté de diversification de l’économie, des politiques de privatisation, de la réduction des coûts des opérations de production.