L’AUF EST À la croisée. C’est pour cette raison que l’assemblée générale de septembre prochain est très attendue pour valider le nouveau plan stratégique de l’organisation pour les quatre prochaines années. Au cours de cette assemblée générale sera validée tout ce que l’Agence universitaire de la Francophonie va faire pour l’exercice 2021-2025.
Tunisien de naissance, Slim Khalbous est le recteur de l’AUF. Ce professeur, docteur en sciences de gestion et spécialiste de gestion d’entreprise et de science politique, cet universitaire de grand calibre, doublé d’un homme politique chevronné, est un homme d’action. Initiateur de plusieurs projets dans la société civile et le monde associatif, il est aussi un entrepreneur, fondateur de deux entreprises dans le domaine du développement stratégique, des études de marché et de la communication et des Technologies de l’information et de la communication.
Ce conservateur de l’intelligence et du savoir de la Francophonie – c’est tout comme – tient présentement des cafés presse, en marge de la tenue quadriennale de l’assemblée générale de l’AUF. Mercredi le 3 mars 2021, c’était le tour des journalistes des pays membres de l’AUF de la région de l’Afrique centrale et des Grands lacs de s’entretenir avec lui. Thème choisi : « L’AUF et le défi de la transition numérique en Afrique centrale et des Grands lacs ».
D’entrée de jeu, Slim Khalbous a présenté cette région comme une « région stratégique » pour la grande famille qu’est l’AUF, avant de décliner les missions traditionnelles et les nouvelles orientations de son institution pour les quatre prochaines années et de présenter en quelques traits les grands projets qui concernent notamment la région de l’Afrique centrale et des Grands lacs.
Une année particulière
Cette année, l’AUF souffle sur les 60 bougies de son existence permanente sur la scène universitaire et scientifique dans le monde. Pour célébrer cet anniversaire, l’AUF s’est imposé un détour historique. Si la mission principale de l’agence a toujours été de révéler le génie de la Francophonie scientifique dans tous les domaines et de mettre en valeur ce qu’elle peut apporter au monde entier, aujourd’hui, la tendance est à la diffusion et au développement de la Francophonie scientifique à travers le monde en co-créant la valeur.
« Co-créer la valeur peut se faire de plusieurs manières, évidemment par le réseautage, c’est-à-dire la mise en réseau des acteurs qui sont les étudiants, les enseignants chercheurs, l’écosystème et les politiques, preneurs de décisions, pour le partage d’expériences, ainsi que par la construction commune des pratiques francophones », déclare le recteur de l’AUF.
Convaincu qu’au-delà de cet objectif, « l’AUF est aussi capable de mobiliser beaucoup d’expertises francophones à travers le monde ». Pour lui, cela est très important de le souligner afin de montrer que « dans tous les domaines, il y a des experts francophones de haut niveau qui peuvent donner le plus ». Aujourd’hui, l’AUF accompagne les pays dans lesquels elle est implantée dans des projets de haut niveau en matière de pédagogie, de recherche, d’ouverture sur l’environnement. Il s’agit de projets innovants capables d’apporter la valeur ajoutée supplémentaire.
L’internationalisation centrée sur une promotion permanente du partenariat Nord-Sud et surtout Sud-Sud est également l’un des axes majeurs de la mission de l’AUF. Il s’agit de la coopération dans le cadre de la mobilité ou du développement scientifique à l’international.
L’AUF a aussi comme rôle de développer le plaidoyer auprès des décideurs sur la place de la Francophonie scientifique et surtout de l’université dans le développement des sociétés. Les grands défis sociétaux sont principalement les problèmes de chômage des diplômés, des Objectifs de développement durable (ODD), d’égalité entre homme et femme, de migration, etc. Enfin, un élément important qui fait partie des convictions de l’AUF, c’est l’esprit de solidarité, « l’aide à la solidarité humaniste dans le système éducatif et universitaire à l’intérieur comme à l’extérieur de la Francophonie.
Comme on peut s’en rendre compte, l’année 2021 est une année « très particulière » pour l’AUF. C’est une année d’anniversaire et de nouvelles stratégies. Cette particularité est plus manifeste dans la méthode de travail. Elle consiste en un discours : plus d’écoute, et en une méthode : la co-construction. D’après le recteur de l’AUF, Cela veut dire que toute la réflexion sera basée sur « les besoins et les priorités exprimés par les partenaires, les pays d’implantation et les membres de l’AUF ». Il s’agit de s’assurer que tout ce qui est offert est conforme aux besoins des pays dans lesquels l’AUF est implantée.
Consultation mondiale
Pour mettre en place un système d’écoute à large spectre, l’AUF a lancé une grande consultation mondiale entre juin et octobre 2020. Cette enquête a concerné toutes les cibles du monde scientifique, éducatif comme universitaire. Bien entendu, les étudiants, les enseignants chercheurs, les recteurs ou présidents des universités, les doyens, les responsables des laboratoires et tous ceux qui font la gouvernance universitaire au quotidien ont été interrogés.
L’enquête a touché aussi les ministres de l’Éducation, de l’Enseignement universitaire, les députés en charge de l’éducation, les conseillers du président, bref tous ceux qui sont dans la sphère de la prise de décisions. L’enquête a été également élargie à l’écosystème qu’est la société civile, aux agences d’accréditation, aux entreprises qui participent à l’employabilité, au stage et à l’ouverture de l’université sur son environnement, ainsi qu’à plusieurs associations savantes.
« Cette consultation a été un succès extraordinaire. Nous avons reçu plus de 15 000 réponses variées venues de plus de 90 pays. Nous avons obtenu une masse d’informations extraordinaires que nous avons commencé à analyser », fait remarquer Slim Khalbous. Avec cette masse critique d’informations, l’AUF compte d’abord en faire « la base de sa nouvelle stratégie » pour les quatre prochaines années. « Toutes les rubriques, tous les programmes et toutes les actions qui seront définis dans la nouvelle stratégie, le seront sur la base des besoins et priorités exprimés par tous ceux qui ont participé à cette enquête inédite et qui sont représentatifs », souligne le recteur de l’AUF.
Ensuite, l’AUF compte éditer un « Livre blanc de la Francophonie scientifique », qui présentera « un panorama complet » de tout ce qui a été dit lors de la consultation. Il s’agit d’un diagnostic ou un état des lieux actuel des systèmes éducatif et universitaire, avec les avantages et les choses à améliorer présentés sous formes de thèmes transversaux et spécifiques, pays par pays et région par région.
Autour donc de la sortie de ce Livre blanc de la Francophonie scientifique, l’AUF entend faire un buzz. « Nous envisageons en marge de l’assemblée générale de l’AUF d’organiser les premières assises de la Francophonie scientifique, probablement les 23 et 24 septembre prochain. Ça sera un très grand événement auquel participeront plus de 1 000 universités et centres de recherche membres de l’AUF dans près de 120 pays dans le monde », annonce le recteur de l’AUF. Ce qui fait de l’AUF le premier réseau universitaire dans le monde.
Pour Slim Khalbous, il s’agit de regrouper des experts, des connaisseurs et des professeurs autour d’une table pour discuter sur les données scientifiques de très haut niveau contenues dans le Livre blanc et sur l’avenir. C’est ensemble que les perspectives seront discutées dans le cadre de ces assises et les résolutions importantes sur le futur de la Francophonie scientifique seront prises.