DE 2005 À 2013, les engagements de groupes miniers chinois en Afrique ont atteint plus de 108 milliards de dollars d’investissements, dont une majorité écrasante répartie dans dix pays, dont la République démocratique du Congo, sous le signe d’un partenariat dit « gagnant-gagnant ». Cette manne financière faramineuse a certes bénéficié à 40 pays, mais une partie écrasante, soit 73 % desdits investissements, ont été répartis seulement entre 12 pays, à savoir : Afrique du Sud, République démocratique du Congo, Algérie, Gabon, Ghana, Guinée, Libéria, Namibie, Sierra-Léone, Togo, Zambie et Zimbabwe.
D’après, le ministère chinois du Commerce, les investissements chinois en Afrique ont fait un bond de 31 % entre 2015 et 2016. Une situation due en grande à la diversification de son offre sur le territoire africain. L’agence Xinhua d’ailleurs rappelait que « les domaines de la construction d’infrastructures, le développement industriel et l’exploitation d’énergies » sont prioritaires dans cette poussée des investissements chinois en Afrique mais ils ne seront plus les seuls désormais.
Jusque-là, la Chine restait focalisée sur des projets d’infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques. Mais ces dernières années un élargissement de cette assiette de l’offre a été demandé et poussé par Pékin. Ce qui explique la dynamique actuelle dans le chef des entreprises chinoises travaillant sur le territoire africain. Dans cette entreprise, il faut noter que le secteur agricole n’a pas été en reste. Les entreprises chinoises ont multiplié ces dernières années les acquisitions de terres arables et fertiles, tant en Afrique que dans d’autres parties du monde, telle que l’Amérique latine et même l’Europe.
La stratégie
C’est dire que la Chine n’entend plus s’arrêter à l’offre de ces dix dernières années. Le pays sera de plus en plus entreprenant. On constate dès lors une forte implication dans le secteur des mines, où l’Empire du Milieu, loin d’être leader, ne compte aucune entreprise parmi les 25 géants mondiaux du secteur.
Compte tenu des besoins grandissant de son entreprise, la Chine engloutit aujourd’hui 43 % des métaux de base qui sont produits dans le monde. Il s’agit, entre autres, du cuivre, de la bauxite, du fer, de l’aluminium. Pour ce faire, le pays s’est lancé dans une dynamique de fusion-acquisition, de participation dans de nombreux projets miniers à travers le continent.
En RDC, c’est le cas notamment de China Minmetals Corporation qui a acquis le canadien Anvil Mining, qui travaillait dans la mine de cuivre de Kinsevere ou encore de China Molybdenum qui a acquis les parts de Freeport McMoran dans Tenke Fungurume. Ces entreprises pèsent aujourd’hui des dizaines de milliards de dollars de capitalisation boursière.
L’idée pour les autorités chinoises, détentrices de la majorité du capital de ces entreprises, est de garantir l’approvisionnement en métaux pour la grande industrie nationale. Ce qui va de soi si l’Empire du Milieu tient à faire tourner longtemps encore son industrie. Du coup, le gros de l’exploitation de l’activité minière chinoise en Afrique est rapatrié pour être transformé.
Depuis décembre 2015, l’Empire du Milieu a lancé une véritable offensive sur le continent, dépassant la barre de 300 milliards de dollars d’investissement, un chiffre record qui permet au pays de passer de loin devant les investisseurs traditionnels en Afrique. Cette percée chinoise dans une Afrique où la place des puissances colonisatrices est de plus en plus remise en question, est le résultat d’une coopération sans immixtion dans les affaires des États africains.
Quid du cobalt ?
Il est connu de tous que plus de la moitié des réserves mondiales de cobalt et de leur production se trouve en République démocratique du Congo, notre cher pays. Par contre, ce qui est méconnu du grand public est que 80 % des sulfates et oxydes de cobalt utilisés dans la fabrication des cathodes servant à la production des batteries de lithium-ion sont raffinées en Chine (20 % restants sont raffinées en Finlande et la matière première est d’ailleurs extraite d’une mine de la RDC, en l’occurrence Tenke Fungurume Mining, appartenant en partie au chinois China Molybdenum, CMOC).
Ceci est une indication claire de l’importance de la Chine sur le marché mondial du cobalt. L’annonce faite récemment par le fabricant chinois de batteries GEM de racheter au cours des trois prochaines années (2018-2020) la production de cobalt du groupe Glencore illustre à suffisance la place qu’occupe désormais la Chine sur ce marché.
La Chine est aujourd’hui une puissance économique incontournable et qui dispose de ressources financières importantes qu’elles souhaitent rentabiliser. Il serait donc hasardeux de considérer la Chine comme un ennemi ou un prédateur mais bien comme un partenaire économique avec qui il va falloir compter.
La RDC étant un pays à reconstruire, bien que dotée de ressources, objets de toutes les convoitises, a besoin de mobiliser des ressources lui permettant de mener à bien son projet de développement et d’émergence. Pour ce faire, la stratégie de la Chine visant à investir en Afrique dans les différents secteurs économiques représente une multitude d’opportunités de partenariats.
Il appartient donc à la RDC d’organiser lesdits partenariats de manière à s’assurer des retombées certaines pour son économie et qu’ils soient vecteurs de création d’emplois et de richesses. Il faut donc rester vigilants et capitaliser sur ce minerai tout en restant attractifs.