Congo Airways annonce ses vols commerciaux vers Jobourg à fin mars

Au siège de la compagnie aérienne nationale, on s’affaire sur les préparatifs du vol inaugural sur Johannesburg en Afrique du Sud. Sauf changement de dernière minute, ce vol est prévu mercredi 28 février, selon le service commercial de la société.

 

Les dirigeants de Congo Airways (CGA) ont une seule préoccupation pour l’instant. C’est atteindre tous les objectifs qu’ils se sont fixés, à commencer par cette année. Et le pari, nous dit-on, va être gagné. Chose promise, chose faite, la compagnie Congo Airways lance effectivement ses vols internationaux cette année. Première étape : Johannesburg en Afrique du Sud. Le vol inaugural, initialement prévu dimanche 25 février, est confirmé pour mercredi 28 février. Le service commercial annonce par ailleurs que les vols commerciaux proprement dits vers cette destination sont programmés à partir de fin mars. Il faut dire que personne n’a osé miser une pièce sur Congo Airways quant à son avenir.

Après seulement deux ans d’existence et après la restructuration de la gestion à mi-parcours, Congo Airways (CGA) inspiré désormais confiance. La compagnie nationale aérienne en a bien besoin pour attirer la clientèle et faire face à la concurrence, surtout à l’international. Le vol Kinshasa-Johannesburg-Kinshasa est un vol d’essai qui va mettre CGA en orbite. Étant donné que la compagnie au léopard volant a prévu de conquérir d’autres espaces. Congo Airways entend aussi être présente d’ici à la fin de 2019 à Lusaka, Harare, Dar-es-Salaam, Bujumbura, Nairobi, Addis-Abeba, Bangui, Douala, Cotonou, Abidjan, Pointe-Noire et Luanda. Viendra ensuite l’ouverture de liaisons intercontinentales vers Paris, Dubaï ou Canton en Chine, en 2020.

Congo Airways dispose à ce jour d’une flotte est de six avions dont trois Airbus A320 et deux Bombardiers Q400 et un Airbus A319. La compagnie projette de transporter  266 000 passagers à partir de cette année. En même temps, elle va étendre ses vols dans d’autres villes non encore desservies à travers le pays, à condition que les aéroports soient dans les normes et qu’il y ait des véhicules anti-incendie.

Maintenir la tête bien haute

À l’aéroport international de N’Djili, les avions de Congo Airways (CGA) font la fierté de la compagnie dont le management est à la hauteur de l’ambition affichée par la direction générale. La flotte va encore s’étoffer avec l’acquisition de nouveaux avions au fur et en mesure que les moyens le permettront, assure Désiré Balazire Bantu, le directeur général de la compagnie. Avec des vols quotidiens à l’intérieur du pays, la compagnie tente de faire le lien entre le pays et l’extérieur.

Confortée par les différents « checks », notamment l’audit de l’Union européenne (UE), du pétrolier Total et de plusieurs sociétés minières. Congo Airways devrait se voir délivrer sa certification Iosa (Iata Operational Safety Audit), le go pass indispensable pour opérer vers l’Europe. Elle a déjà en poche le fameux certificat de transporteur aérien. L’OACI a validé la certification de l’Autorité de l’aviation civile congolaise, ainsi que l’audit IOSA requis par l’IATA pour être reconnue par elle. D’ailleurs, Congo Airways a déjà deux codes IATA et trois autres codes pour pouvoir préparer les LTA concernant les cargos… », indiquait DBB. Ce qui restait, c’est la reconnaissance en tant que membre de l’IATA et la certification FCO (Fed Country Operator).

Congo Airways cherche à se faire une place dans un ciel africain déjà disputé : la compagnie n’a pas la folie des grandeurs ni la prétention de concurrencer Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc (RAM) ou South Africa Airways (SAA). Encore jeune, Congo Airways vise à desservir toutes les villes de la RDC et relier progressivement la RDC au monde. En attendant de procéder à de futures embauches, Congo Airways s’appuie sur un personnel administratif et technique « dévoué » dont l’effectif est de quelque 330 agents.

Les chiffres en disent long

Le marché est porteur. CGA garde le cap sur le trafic intérieur et le développement des vols régionaux. Depuis sa mise en service, le remplissage de ses avions est en hausse. Avec 365 000 passagers transportés en 2017 contre 208 000 en 2016 et 77 millions de dollars de chiffre d’affaires escompté (36 millions en 2016), la compagnie compte atteindre 550 000 passagers vers les 10 destinations à travers le pays et des 99 millions de dollars de revenus en 2018. Elle a prévu d’être rentable à la mi-2019. Le marché intérieur du pays est naturellement porteur. Avec une population de 80 millions d’habitants, la RDC est l’un des territoires d’Afrique les plus vastes et les plus enclavés, où l’aérien constitue le mode de transport le plus pratique pour se déplacer.

L’ambition affichée est d’aller vers les marchés national, régional et international avec des avions à même de faire la différence. Congo Airways est la seule compagnie à utiliser des avions de plus de 150 places. Son principal rival privé, Fly CAA, a remisé ses Airbus A320 et A321 pour ne conserver que des Fokker 50 de moins de 60 places. Pour servir ces ambitions, sa flotte comprendra dix appareils, le seuil sous lequel une compagnie ne peut pas survivre. « Nous voulons aller vers le marché européen avec des avions neufs et un service de qualité. C’est une question de fierté », déclare Désiré Balazire. D’après lui, le Congo est « un grand pays, un pays dynamique ». Un pays qui avait déjà fait son histoire avec Air Zaïre par le passé, mais un Congo qui revient. Quant aux vols internationaux, ça sera très certainement dès l’année 2019, rassure Balazire. Juste le temps d’acquérir de nouveaux avions.

Au regard des prévisions des deux premières années, la compagnie a enregistré une croissance « rapide et rentable » dans l’exploitation de l’aérien. Selon le directeur général, la situation financière de Congo Airways favorise aujourd’hui la solvabilité de ses engagements vis-à-vis non seulement de ses fournisseurs mais aussi de son personnel. Et ce, sans oublier les provisions réservées à l’amortissement de ses actifs immobilisés. Oubliées donc les difficultés conjoncturelles du début. D’ailleurs, il est admis en aviation qu’aucune compagnie, même si elle a des ressources très importantes, ne peut arriver à réaliser des marges au cours des trois premières années de son existence. Et même s’il y a des niches des revenus, aucune compagnie, alors aucune, ne pourra réaliser des bénéfices pendant les trois premières années. D’après le directeur général de Congo Airways, il est tout à fait normal qu’à ses débuts une compagnie aérienne subisse des pertes et finisse par faire des profits. Grosso modo, les marges sont toujours très faibles pour les compagnies aériennes. Cependant, cela ne veut pas dire qu’elles sont négatives.

D’ailleurs, au niveau mondial, la tendance est à la hausse. Pour preuve, les compagnies aériennes passent régulièrement des commandes aux avionneurs. Et puis, il y a l’environnement qui les accompagne, ce qui permet de dégager leur contribution dans la formation du Produit intérieur brut (PIB). Souvent, les compagnies débutantes se constituent un fonds de roulement suffisant qu’elles vont devoir consommer en attendant de générer des bénéfices.

Des investissements sont donc prévus, comme le renouvellement de la flotte, la maintenance technique, le développement des ressources humaines et du système d’exploitation. Congo Airways entend louer quatre A320 et deux Dreamliner neufs, ainsi que des petits modules pour les courtes liaisons. « On n’acquiert pas les avions comme on achète une paire de chaussures dans un magasin. Pour un avion, il faut le configurer selon la demande du client, le confort que l’on veut assurer, et selon ce que l’on veut le présenter en first et/ou en business class, etc. », souligne-t-il.

Le 15 janvier 2018, Congo Airways devait signer un contrat avec la compagnie tunisienne privée Nouvelair pour la location d’une durée de cinq mois d’un A320. Cette dernière lui fournit déjà pilotes, instructeurs et chefs personnels navigants commerciaux. En 2016, quinze experts tunisiens avaient accompagné Congo Airways dans la mise en place des procédures de sécurité. Désiré Balazire explique que la viabilité économique et financière de Congo Airways conforte non seulement la direction générale mais aussi les actionnaires à activer le plan d’expansion. Sa discipline financière et managériale rassure acteurs financiers, constructeurs et sous-traitants. La compagnie a anticipé 22 millions de dollars de pertes en 2017 ; à la fin d’octobre, elle n’en était qu’à 6 millions.