Crise ou pas crise, chacun veut un toit

Quelle que soit la conjoncture dans l’immobilier, les loyers sont toujours en hausse. Sur le marché locatif, c’est la loi de l’offre et de la demande qui s’applique du fait de la surpopulation en milieu urbain.

Le marché de la location au gré de la loi de l’offre et de la demande.
Le marché de la location au gré de la loi de l’offre et de la demande.

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ans les grandes villes du pays, comme Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Matadi, Mbuji-Mayi, les agents immobiliers et les commissionnaires expliquent la rareté des locations par la surpopulation. D’après eux, le marché de la location restera en hausse pour longtemps encore tant que l’offre sera inférieure à la demande. Ces dernières années, celle-ci est de plus en plus croissante. Les agents immobiliers et les commissionnaires sont souvent accusés d’être à la base de la surenchère pour en tirer des bénéfices alléchants. En effet, le montant de leur commission payée par les candidats à la location représente un mois de loyer. Elle est versée indépendamment de la garantie locative qui va de trois à douze mois dans la capitale. Crise ou pas crise, le besoin de se loger et d’avoir son propre toit s’est accentué du fait de la spéculation permanente dans l’immobilier. Pour des raisons démographiques (il y a toujours moins de logements) et sociétales (divorces, mutations…), les locataires sont souvent à la merci des bailleurs, dont la plupart n’ont pas d’état d’âme.

Proie des bailleurs

Il semble que la galère des locataires tire son origine de l’exode rural. D’après un commissionnaire, les loyers continueront à s’ajuster sous la pression des demandeurs pris en otage par des bailleurs qui peuvent tout se permettre. Dans la capitale, par exemple, il est difficile d’économiser pour acheter une maison, quand on sait que les loyers n’ont cessé, depuis plus de vingt ans, de grignoter le pouvoir d’achat de la population. Contacter un commissionnaire pour un appartement ou une maison à louer, ressemble à un entretien d’embauche. Pour trouver un appartement dans le centre-ville, il faut parfois le bienveillant coup de pouce d’un proche ou d’un agent immobilier. Dans certaines communes, comme Lemba ou Bandalungwa, il faut s’armer de patience quand on est à la recherche d’une location.

Cela peut durer une année, et les prix sont constamment revus à la hausse. Dans les zones urbaines, il faut apprendre à arbitrer entre surface et trajet. Et, souvent, fuir le centre-ville, trop coûteux. La conséquence est que, à Kinshasa, la plupart des jeunes habitent encore chez leurs parents. Un studio est loué entre 25 et 50 dollars. C’est trop pour un jeune sans emploi. Pour contourner la difficulté, les jeunes Kinois pratiquent désormais la colocation.