COCA-COLA, Nestlé et Pepsico sont les trois entreprises les plus concernées, a assuré Break Free from Plastics, une coalition mondiale d’ONG, dans un rapport publié le 23 octobre à Manille (Philippines). Cette coalition internationale composée de 1 475 organisations écologistes, dont Greenpeace, reproche à ces multinationales de se dédouaner, pour la plupart, de la responsabilité du nettoyage de la pollution due à leur activité.
Des volontaires de la coalition ont collecté près d’un demi-million de déchets plastiques lors d’une « Journée mondiale du nettoyage de notre planète » coordonnée dans 51 pays il y a un mois, dont 43 % des marques reconnaissables. Pour la deuxième année consécutive, Coca-Cola s’est classé au premier rang des pollueurs avec 11 732 déchets plastiques collectés dans 37 pays sur quatre continents cette année. Parmi les dix principaux producteurs de déchets plastiques collectés, figurent aussi Nestlé (4 846), Pepsico (3 362), Unilever (3 328) Procter & Gamble (1 160), ainsi que Mars, Colgate-Palmolive, Perfetti Van Mille et Mondelez International, selon le classement de la coalition.
Si nombre de pays asiatiques déversent leurs déchets dans les océans, « les véritables responsables du gros de la pollution plastique en Asie sont les multinationales, dont les sièges se trouvent en Europe et aux États-Unis », souligne le rapport. Les groupes Coca-Cola, PepsiCo et Nestlé n’ont pas commenté ce rapport dans l’immédiat.
Alors que les marques reconnaissent généralement leur rôle dans la propagation de cette pollution, le rapport juge qu’elles « s’acharnent à promouvoir de fausses solutions pour répondre au problème ». La promotion du recyclage est leur manière de faire porter la responsabilité aux consommateurs, ajoute le rapport, précisant qu’à peine 9 % de la totalité des matières plastiques produites depuis les années 50 ont été recyclées, et seulement 14 % sont récupérés. « Les entreprises continuent de tirer profit de l’abondante production de plastique à usage unique, tandis que partout dans le monde, les collectivités sont obligées d’en supporter le fardeau », a regretté Break Free from Plastics.
World CleanUp Day
Depuis l’année passée, citoyens, associations, entreprises, écoles et collectivités ont décidé de se donner rendez-vous le 21 septembre pour « nettoyer ensemble notre planète ». Cette année, on a célébré la 2è édition de la Journée mondiale du nettoyage de notre planète, le World CleanUp Day. La célébration est un « moyen de fédérer les énergies de toutes les merveilleuses initiatives visant à lutter contre les déchets humains souillant notre écosystème ».
Selon les ONG, il faut sensibiliser massivement l’ensemble des habitants de la planète pour que « nous regardions tous dans la même direction : celle d’un développement humain durable ». Cette journée est un prétexte pour mettre en avant les solutions qui existent déjà et qui doivent devenir le quotidien de tous. « Nettoyer ensemble en s’amusant, c’est permettre aux personnes et structures les plus éloignées de ces considérations de mieux se rendre compte du besoin de changer nos modes de production et de consommation ».
Parce que nous sommes tous concernés par l’environnement dans lequel nous évoluons, le World CleanUp Day 2019 ambitionne de rassembler les personnes pour des actions de ramassage de déchets. L’édition 2018 a rassemblé18 millions de participants dans 158 pays, pour nettoyer, trier et faire de cette action mondiale un moment d’échanges et de partages. Soit 82 280 tonnes de déchets ramassés dans le monde.
La campagne de World Cleanup Day répond aux objectifs de développement durable portés pour les 15 prochaines années, à savoir établir des modes de consommation et de production durables, conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable, préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.
Le recyclage
Bien qu’il n’y ait pas de solution miracle à la marée toxique des plastiques qui se déverse dans nos océans, le recyclage doit faire partie de la solution. Le problème, disent de nombreux experts, est que les processus actuels ne sont pas adaptés aux objectifs fixés. Environ 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année dans le monde. Les raisons sont complexes. Tous les plastiques ne peuvent pas être recyclés, un manque de sensibilisation du public a pour résultat la contamination des plastiques triés qui a pour conséquence l’augmentation du coût du recyclage.
La nécessité de repenser le recyclage est devenue encore plus évidente lorsque la Chine, responsable de l’importation de près de la moitié des déchets dans le monde depuis 1992, a décidé de cesser d’importer les déchets plastiques. Cette décision de la Chine a mis en lumière les faiblesses des installations de recyclage dans de nombreux autres pays. Les raisons de ces lacunes sont en partie financières. Selon le prix du pétrole, il est souvent moins coûteux de fabriquer du plastique vierge. Le marché du plastique recyclé est notoirement instable, ce qui rend les investisseurs peu disposés à s’engager dans le secteur.
Des années durant, des militants ont fait valoir que les producteurs d’emballage et les détaillants devraient payer davantage pour couvrir le coût de traitement de leurs déchets. Alors que de nombreuses marques se sont engagées à utiliser davantage de plastique recyclé, la pression augmente pour qu’elles en fassent encore plus.
Il est clairement nécessaire d’appuyer les stratégies de gestion des déchets dans les pays les plus pauvres, où les autorités municipales n’ont souvent pas la capacité de mettre en œuvre des politiques appropriées. Certains de ces pays comptent également parmi les plus grands pollueurs marins : 90 % du plastique présents dans nos océans proviennent de 10 fleuves, dont 8 se trouvent en Asie.
Les grandes sociétés ne sont pas les seuls acteurs. Dans de nombreux pays en développement, le recyclage est effectué par des millions de récupérateurs, souvent des femmes, des enfants, des personnes âgées et des chômeurs. Ils sont peut-être en première ligne de la durabilité, mais leur vie est souvent mise en danger par des conditions de travail insalubres, l’absence de droits et la stigmatisation sociale.
La Banque mondiale est d’avis que, lorsque les récupérateurs sont bien soutenus et organisés, le recyclage informel peut générer des emplois, améliorer la compétitivité industrielle locale, réduire la pauvreté et réduire les dépenses municipales. Les citoyens ont également un rôle à jouer mais l’éducation et l’information sont essentielles.