APPAREMMENT, la Régie des eaux a lâché du lest. Sauf imprévu, l’entreprise d’État fera exécuter, au premier trimestre 2019, des travaux de pose 18 500 nouveaux branchements pour des particuliers ainsi qu’elle procédera à l’appropriation des branchements particuliers par la pose de 31 500 compteurs dans la ville de Kinshasa.
Ces travaux seront, en effet, effectuées par des tierces entreprises exclusivement nationales. L’expertise congolaise a, en effet, du mal à faire ses preuves à la REGIDESO SA depuis que la gestion de l’entreprise est passée sous contrôle des délégués de la firme Eranove/Sénégalaise des eaux (SDE), tous des ouest-africains.
Monopole de fait
Tous ou presque, les marchés juteux sont attribués à des sociétés ouest-africaines à travers des appels d’offres internationaux aux conditions pécuniaires pas toujours faciles à remplir par des sociétés locales.
Le dernier marché en date qui portait sur le renforcement et à l’extension des réseaux primaires, secondaires et tertiaires de Binza Météo et Djelo Binza a, en effet, été accordé à une société burkinabé, Faso General Technology (FGT). Le coût de ces travaux n’a pas été rendu public.
Sur les sites de Météo et Djelo Binza, FGT s’emploie encore à recoller des pans de son réseau ouest. Des travaux consistent notamment en la pose d’une nouvelle conduite de refoulement dite DN 900 FD reliant la station SP-HP-Ozone au réservoir de Météo, sur un linéaire de 4 400 m. la REGIDESO SA change aussi sa conduite de refoulement DN 700 FD reliant SP-HP-Météo au réservoir de Djelo-Binza, sur un linéaire de 4 950 m.
Autres travaux : la pose de 82 km de conduites DN700 à DN400 FD et DE160 à DE315 PEHD pour le renforcement du réseau de distribution primaire et secondaire, la pose de 55 km de conduites DE63 à DE110 PEHD pour le réseau de distribution tertiaire dans les nouvelles zones de l’étage Ozone gravitaire et enfin, la réhabilitation du réseau existant par la fourniture ainsi que la pose de 43 km de conduite DN700 FD et DE63 à DE280 PEHD et de 10 177 branchements et de 25 chambres de vannes.
L’État qui est toujours actionnaire unique de l’entreprise commerciale a conclu avec la REGIDESO deux contrats de performance à travers lesquels certains postes-clés de la société ont été confiés aux experts de la firme Eranove/Sénégalaise des eaux (SDE), tous des Ouest-Africains.
Voilà six ans que ça dure sans que la situation financière et managériale n’enregistre une considérable amélioration, à en croire la mouvance syndicale de la REGIDESO. Selon un rapport interne, la société a brillé par l’amenuisement des ressources financières, le faible taux de rendement réseau et la précarité de la couverture en produits chimiques.
Pour ce qui est de la pose de 18 500 nouveaux branchements pour des particuliers ainsi qu’à l’appropriation des branchements particuliers par la pose de 31 500 compteurs dans la ville de Kinshasa, la REGIDESO fera visiter aux soumissionnaires les différents sites des travaux le 13 décembre 2018. Les entreprises qui seront retenues, auront tout juste deux mois pour exécuter les différents travaux ci-haut précisés.
Financement additionnel
La Banque mondiale a accordé un financement additionnel de 166 millions de dollars à la REGIDESO SA dans le cadre du Programme d’eau en milieu urbain, PEMU, qui cible les villes de Kinshasa, Matadi, Kindu et Lubumbashi. En ce qui concerne la ville de Kinshasa, le « PEMU FA (Financement Additionnel) » prévoit la réalisation de la première phase du complexe industriel de traitement d’eau potable à Kinshasa-Ozone, d’une capacité de production estimée à 110 000m3/jour y compris une station de captage sur le fleuve Congo, ainsi que la fourniture et la pose d’une conduite de refoulement entre la station de captage et le complexe de traitement.
Makala-Gombele-Salongo
Il est également prévu dans la ville de Kinshasa des travaux de réhabilitation des réservoirs de Makala, la fourniture et la pose des conduites sur les avenues Kikwit, Ndjoko, réseau Makala/Elengesa, Gombele-CNPP, Kasa-Vubu et Salongo. Clément Mubiayi, le directeur général de la REGIDESO, s’est dit satisfait de l’évolution des travaux sur différents chantiers au terme de la tournée qu’il a effectuée le 18 octobre en compagnie de Pierre Boulanger, le représentant de la Banque mondiale.
Selon des sources, le taux d’accès à l’eau dans la capitale est d’environ 35 %, 18 % à Matadi et 22 % à Lubumbashi. La capacité nominale de production d’eau sur toute l’étendue de la RDC est de 36,6 millions de m3/mois, selon les statistiques fournies par la REDIDESO, début août 2015. Mais cette production ne cesse de décroître à tel point, lors de la saison sèche, la production globale se situe à 25,1 million de m3/mois alors que la capacité fonctionnelle requise est de 30,6 millions de m3. Ce qui représente un taux de desserte de 46 % en milieu urbain et 23 % en milieu rural, soit un taux de desserte global de 29 %.
90 ans de service public
Côté distribution, la REGIDESO SA a un réseau primaire, secondaire et tertiaire confondus de 9 998 km, pour quelque 3 567 km de branchements. Créée en 1939, la REGIDESO est implantée dans toutes les 26 provinces du pays. Transformée en société anonyme, bien que l’État soit l’actionnaire unique, elle compte 97 centres d’exploitation, dont 77 sont encore en service. De ses 37 unités de production qui exploitent l’eau de surface, 9 usines captent directement l’eau du fleuve Congo. Ce sont elles qui subissent sèchement les effets de l’étiage au niveau des captages de l’eau brute suite au retrait des eaux ou à la forte baisse du débit d’étiage du cours d’eau capté, nécessitant parfois le transfert d’eau provenant d’un bassin voisin, explique le directeur général de la REGIDESO SA.
Quelque 103 unités de production exploitent l’eau souterraine, dont 43 forages et 30 sources. Vingt-huit centres utilisent l’énergie hydraulique produite par la SNEL, 61 autres utilisent l’énergie thermique produite par les groupes électrogènes de la REGIDESO SA et 8 centres ont été dotés d’un système gravitaire.
Plan directeur
La REGIDESO SA cherche une firme capable de lui doter d’un Plan directeur d’alimentation en eau potable des villes de Boma et Kinshasa à l’horizon 2035. L’élaboration du Plan directeur fait, en effet, partie intégrante du projet PEMU (Projet d’alimentation en Eau potable en Milieu Urbain), qui a bénéficié d’un financement additionnel de la Banque mondiale sous forme de don, il y a pratiquement deux ans.
En 2016, au terme de la 29è session de l’assemblée générale qui a notamment regroupé les mandataires de l’État, les délégués des syndicats, les directeurs provinciaux à Kinshasa, la REGIDESO SA s’est doté d’un business plan pour l’horizon 2020. Ce business plan consiste à faire de la REGIDESO SA, une société à gestion davantage tournée vers l’atteinte des objectifs de son redressement. Il s’agit en pratique d’améliorer le taux d’accès à l’eau potable, les services de qualité à rendre à la clientèle et d’accroître les performances en vue de rétablir l’équilibre financier de la société, lit-on dans un document sur la gestion de l’entreprise en 2017.