Évolution de la pandémie en RDC

Selon le 1ER Ministre, la stratégie globale de la riposte au coronavirus, loin d’être parfaite, a permis quand même de contenir jusque-là la maladie dans des proportions tolérables. Néanmoins, elle demande à être renforcée sur des axes précis, à savoir la rationalisation des circuits de financement, la relance de la stratégie de communication, le renforcement du dispositif de prise en charge et la décentralisation des opérations de riposte.

LORS du Conseil des ministres du vendredi 8 mai, Eteni Longondo, le ministre de la Santé a fait la présentation de la situation épidémiologique dans le pays, mis en relief les points saillants, les recommandations du gouvernement, et les difficultés rencontrées dans la lutte contre le coronavirus. S’adressant aux parlementaires, Eteni Longondo a présenté deux projets : le Projet régional d’amélioration des systèmes de surveillance des maladies (REDISSE) et le Projet d’appui à la riposte au Covid-19 en République démocratique du Congo par la Banque mondiale. 

D’après lui, le dépistage se poursuit à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, où 145 prisonniers ont été déjà testés positifs au Covid-19. Des mesures d’isolement sont envisagées car il est difficile pour le moment de placer les tentes dans la cour de la prison, et dont la quantité insuffisante. À l’Hôpital de l’amitié sino-congolaise de Ndjili et à l’Hôpital de Kinkole, les travaux de réhabilitation se poursuivent.

Obstacles

Faisant suite aux recommandations du gouvernement, notamment sur l’amélioration de la capacité de diagnostic, le ministre de la Santé a informé le Conseil des ministres que la possibilité de recourir à d’autres centres hospitaliers privés est envisagée. Concernant le rapatriement des compatriotes bloqués à l’étranger suite aux mesures de fermeture des frontières, Eteni Longondo a indiqué que 17 voyageurs ont été déclarés positifs sur les 327 Congolais rapatriés de l’étranger, 100 voyageurs sont sortis des lieux de leur hébergement. Par ailleurs, il a annoncé l’arrivée de 20 médecins pour une formation auprès de l’Institut national des recherches biomédicales (INRB).

Lors du Conseil des ministres, le ministre de la Santé a déploré « le refus de certains voyageurs d’obtempérer aux consignes de quarantaine ». C’est pourquoi, il a été demandé au ministère des Affaires étrangères d’exiger un acte d’engagement à l’embarquement. Par ailleurs, les mesures de distanciation sociale ou physique ne sont pas respectées. Eteni Longondo a proposé que la réflexion doive être engagée avec le ministère de la Justice pour désengorger les prisons, concernant notamment les prisonniers en détention préventive à la prison centrale de Makala qui représentent 80 % des pensionnaires. Autre difficulté : le port de masque exige une capacité de production importante.

À ce propos, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, a fait savoir qu’une firme locale propose 12 tonnes de tissus, et que les autorités chinoises envisagent d’envoyer une grande quantité de masques en RDC. S’agissant de la question d’actualité très pertinente du député François Nzekuye Kaburabuza sur la pandémie de coronavirus en RDC, adressée à Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, Deogratias Nkusu Kunzi Bikawa, le ministre des Relations avec le Parlement, a fait la restitution des réponses du 1ER Ministre lors de la présentation de la situation au Conseil des ministres.

Préoccupations

En réponse à cette question d’actualité, Sylvestre Ilunga a rappelé d’abord « le contexte initial de cette crise sanitaire sur notre sol et les principales mesures d’urgence qu’elle a suscitées à son encontre ». Il a ensuite passé rapidement en revue « le rôle des institutions de gouvernance qui sont mises en place pour la coordination des actions contre la pandémie de Covid-19, ainsi que l’étendue des efforts déployés par le gouvernement sur le terrain pour organiser la prévention de la maladie, la détection des personnes atteintes, l’isolement des cas confirmés ou leur prise en charge dans des sites hospitaliers sélectionnés ». 

Troisièmement, il a évoqué les principaux problèmes et en même temps essayer de répondre aux critiques enregistrées en rapport avec le dépistage des malades, leur prise en charge effective, le contrôle de la propagation de l’épidémie, la mobilisation des équipes aux différents niveaux d’intervention ainsi que la motivation des personnels soignants ». Et quatrièmement, « au regard de l’urgence sociale et de l’incidence financière que revêt la lutte contre la pandémie de Covid-19 », il est tout aussi de son devoir de rendre compte de la situation épidémiologique ainsi que des déboursements dans cette lutte sur ressources propres du gouvernement et grâce aux diverses aides obtenues.

Alors que la question d’actualité est sans débat selon le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, les députés ont dérogé à ce principe invoquant la gravité de la situation. Mais le 1ER Ministre a bien répondu à toutes leurs préoccupations, complété par les ministres sectoriels qui l’accompagnaient. Les principales préoccupations des députés ont porté sur la capacité du gouvernement à contenir la pandémie, la prise en charge des malades ainsi que sur les conditions de travail des personnels soignants. Mais aussi sur les éventuels mauvais dépistages des malades, les barrières routières, les moyens financiers à la disposition du Secrétariat technique de la riposte.

Il va sans dire que tout le monde veut être rassuré sur les mesures prises par le gouvernement pour réduire les effets négatifs de la pandémie de Covid-19 aussi bien sur l’économie nationale que sur le bien-être de la population. Sylvestre Ilunga est bien conscient que « l’action menée jusque-là ne revendique nullement la perfection, même si force est de reconnaître, faits à l’appui, que la stratégie mise en place a permis de contenir la maladie et d’éviter l’hécatombe annoncée par les prophètes de malheur ».

Vu sous cet angle, la stratégie globale demande à être renforcée sur des axes précis : la rationalisation des circuits de financement, la relance de la stratégie de communication, le renforcement du dispositif de prise en charge et la décentralisation des opérations de riposte.