Dans son récent rapport de suivi de la situation économique et financière du Congo (2015), la Banque mondiale souligne la nécessité de formaliser et de développer les exploitations minières petites et artisanales. Elles peuvent contribueront à la création de nombreux emplois directs et indirects et générer ainsi des revenus pour les ménages, l’État et les collectivités locales. La Banque mondiale estime le nombre de personnes directement employées dans l’exploitation minière artisanale à environ deux millions, soit le chiffre le plus élevé en Afrique subsaharienne, devant le Zimbabwe (1 million de mineurs artisanaux). Les mineurs du Congo exploitent au moins sept minerais différents, quelques pierres précieuses et les matériaux de construction tandis que dans d’autres pays la tendance est à la concentration sur l’or (Burundi, Ghana, Tanzanie et Zimbabwe), les diamants (Zimbabwe), les pierres précieuses (Tanzanie et Rwanda). Des enquêtes menées auprès des ménages suggèrent que 2,5% de la main-d’œuvre active âgée de 15 à 64 ans, soit plus de 550 000 individus, travaillent dans le secteur minier, dont 450 000 comme activité principale. La majorité travaille dans l’exploitation minière artisanale. Ces chiffres sont toutefois sous-estimés car ils ne prennent pas en compte les emplois indirects (transporteurs, marchands et exportateurs) intervenant dans la chaîne de valeur de l’exploitation minière. Les femmes représentent 5,5% des mineurs et constituent environ 40% des mineurs dans les zones d’exploitation artisanale. Sur la base de cette proportion de 40%, le nombre d’actifs dans ce secteur serait alors plus proche de 870 000, soit 4% d’individus de 15 à 64 ans pratiquant l’activité minière.
Le plaidoyer de la Banque mondiale vient trancher dans le débat actuel sur le développement du secteur minier et ses bénéfices au Congo. Dans cette controverse, on a souvent tendance à ignorer le fait que la grande partie de l’exploitation minière est essentiellement artisanale. Pour la Banque mondiale, le débat sur la diversification économique du Congo est souvent focalisé sur la réduction de la dépendance envers les revenus des industries extractives ou sur l’augmentation du contenu local et de la valeur intérieure produite par l’extraction minière. Pourtant une autre opportunité de diversification est moins fréquemment évoquée : l’encouragement des opérations minières à différentes échelles.
Le rapport de la Banque mondiale note que dans une perspective de développement, l’exploitation minière artisanale offre trois avantages principaux par rapport aux opérations minières industrielles. Premièrement, elle repose sur le travail manuel et emploie une main-d’œuvre locale importante par rapport aux opérations industrielles mécanisées. La facilité d’accès aux ressources minières en fait un secteur d’emploi de plus en plus attractif pour la population rurale active. Deuxièmement, cette grande main-d’œuvre perçoit des revenus qui alimentent la demande locale et la consommation dans les zones minières. Troisièmement, l’exploitation minière artisanale peut offrir d’importantes sources de revenus pour les autorités locales et le gouvernement, puisqu’elle est théoriquement assujettie aux mêmes lois et dispositions fiscales que les opérations minières industrielles.
Pour que ces trois avantages se concrétisent de façon optimale, le Congo devra poursuivre ses efforts de formalisation de l’exploitation minière artisanale, recommande la Banque mondiale. Ce processus permettra de réduire les externalités négatives aux niveaux social et environnemental qui sont associées aux activités du secteur, tout en permettant de renforcer les retombées positives sur l’emploi et les revenus. Le résultat ultime du processus serait l’émergence d’un réseau dense d’exploitations minières locales à petite échelle qui contribuerait à la résilience économique et sociale du pays.