LA FIRME de Mountain View est sur la sellette. Poursuivie par le gouvernement américain, elle risque « très gros », selon de nombreux experts. En effet, plusieurs plaintes ont été déposées, dont une dernière à propos du design du moteur de recherche de Google et de la mise en avant de ses propres produits. Une nouvelle plainte a été également déposée le 16 décembre 2020 par un groupe de procureurs généraux emmenés par l’État du Texas contre Google, mettant en avant le fait que Google serait de mèche avec Facebook pour obtenir les données de la messagerie WhatsApp. Ken Paxton, le procureur général du Texas, en est convaincu : « Si le marché était une partie de baseball, Google serait à la fois le lanceur, le batteur et l’arbitre… » Une métaphore plus que parlante. Même si Google affirme que l’État du Texas se trompe, il semblerait que plusieurs procureurs généraux d’une dizaine d’États soient décidés à faire la lumière sur cette affaire. Ils sont convaincus que Google aurait conclu un accord avec WhatsApp, une application détenue par Facebook, pour avoir accès aux données de la messagerie. Un malentendu concernant une fonction de sauvegarde que Google offre sur WhatsApp selon le géant américain. Selon la plainte déposée, on peut lire : « Peu après l’acquisition de WhatsApp par Facebook, en 2015, le géant des réseaux sociaux a signé un accord exclusif avec Google, accordant à la firme de Mountain View l’accès à des millions de messages, photos, vidéos et fichiers audio cryptés de bout en bout de WhatsApp. »
Le démenti ?
Pourtant, un porte-parole de WhatsApp confirme que la messagerie est bien cryptée ce qui signifie que les messages ne peuvent normalement pas être lus par d’autres personnes que l’expéditeur et le destinataire. Même WhatsApp ne pourrait pas y accéder. Alex Stamos, ancien directeur de la sécurité chez Facebook, a tweeté sur le sujet. Il affirme que : « Facebook ne dispose pas de ces données. La seule explication pourrait être la sauvegarde optionnelle de WhatsApp, qui va dans Google Drive sur Android et iCloud sur iOS ».
De son côté, Facebook a été inculpé pour abus de position dominante. Letitia James, la procureure générale de l’État de New York, a eu ces propos à ce sujet : « Facebook a utilisé son pouvoir monopolistique pour écraser ses petits rivaux et étouffer la concurrence, tout cela au détriment des utilisateurs quotidiens. Au lieu d’améliorer son propre produit, Facebook a profité des consommateurs et a gagné des milliards de dollars en convertissant leurs données personnelles en vache à lait ».
Google et Facebook sont donc en mauvaise posture. Les autorités américaines ne veulent plus rien laisser passer. Si les accusations visent le moteur de recherche de Google, elles sont différentes de celles portées par 11 États, récemment rejoints par la Californie, et le Département de la Justice américain. Celles-ci se portent majoritairement sur des contrats aux sommes astronomiques passés par la firme avec des concurrents comme Apple ou Mozilla pour que Google soit le moteur de recherche par défaut sur leur navigateur Internet. Pour les nouvelles poursuites, les États prévoient de déposer plainte auprès de la même cour fédérale que pour les précédentes, à Washington D.C. Ainsi, les deux affaires pourraient être jointes pour alourdir les charges pesant contre Google.
Pour le moment, la firme de Mountain View n’a pas réagi à cette nouvelle plainte, mais sa ligne de défense jusqu’alors se résume à ceci près : si Google exerce un monopole aussi important, ce n’est pas à cause de ses pratiques visant à écraser la concurrence, mais parce que les consommateurs choisissent ses produits pour leur qualité. Une chose est sûre, la justice n’est pour l’instant pas très convaincue, et si la société est déclarée coupable, elle pourrait être condamnée à un démantèlement de ses activités…Google n’est pas l’unique géant de la tech visé par les autorités américaines, qui ont décidé de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière en enquêtant sur les pratiques des GAFA.