La BAD cherche à mobiliser plus de 9 milliards de dollars en 2017

L’institution financière qui a pour mandat de promouvoir un développement économique durable et le progrès social en Afrique, a dévoilé un ambitieux plan pour cette année. Sa réussite dépend de son financement, qui consiste à obtenir des fonds de différentes places internationales.

La Banque africaine de développement (BAD) a réussi un grand coup. Estampillée triple A par les trois grandes agences internationales de notation, à savoir Standard & Poor’s, Fitch et Moody’s), la BAD a discrètement mais efficacement mobilisé un milliard d’euros, soit un plus de 1.2 milliard de dollars sur le marché international des capitaux, grâce à une émission de titres obligataires effectué le 17 janvier. La transaction, indique un communiqué de cette institution financière multilatérale, est intervenue dans « un contexte de marché favorable et malgré l’incertitude autour de la conférence de presse de Theresa May sur les détails du Brexit… ». Le même communiqué précise que le carnet d’ordres ayant été clôturé avec 1.1 milliard d’euros d’ordres enregistré, l’opération a remporté un franc succès auprès des investisseurs institutionnels.

La BAD souligne dans son communiqué que l’opération qui est assortie d’une maturité de 7 ans et d’un taux d’intérêt de 0,25 %, a été bien accueillie par les investisseurs, en particulier les Asiatiques qui représentent 21 % des souscriptions. Derrière les investisseurs en provenance d’Asie, ce sont les Allemands et les Autrichiens (20 %), les ressortissants de Benelux (17 %), les Français (17 %), les Américains (10 %), les Suisses (8 %), les « autres » (4 %) et les Nordiques (3 %). Par type d’investisseurs, les Banques centrales et les institutions officielles ont récupéré 52 % des titres émis. Elles sont suivies des gestionnaires d’actifs (25 %), des banques de détails (13 %), des sociétés d’assurances (9 %) et des autres (1 %).

Pays à revenu intermédiaire

Dans cette opération, la Banque africaine de développement regrette que les investisseurs africains n’aient pas été particulièrement dynamiques. Pourtant, pour stimuler la croissance sur leur continent, les Africains sont appelés à se montrer plus dynamiques. C’est ce qu’a recommandé la XXè conférence annuelle de Securities African Exchanges Association (ASEA) qui s’est déroulée à Kigali en novembre 2016. Placée sous le thème : « La route à l’horizon 2030: Rendre les marchés des capitaux africains concernés à l’économie réelle », les participants à ce meeting ont préconisé la multiplication des marchés des capitaux ou des Bourses à travers l’Afrique afin de stimuler la croissance économique sur ce continent. Les experts des marchés financiers ont soutenu que ceux-ci sont indispensables pour les économies africaines car elles aideront à amasser des fonds pour l’investissement à long terme et à faire accéder les pays africains au statut des pays à revenu intermédiaire.

Plus de 300 experts et acteurs mondiaux et régionaux sur les marchés financiers, les régulateurs, les cabinets d’avocats, les émetteurs, les investisseurs nationaux, régionaux et internationaux, les agences de notation et d’investissement, des gestionnaires et des représentants du gouvernement ont réfléchi au cours de cette rencontre sur le développement des marchés des capitaux en Afrique. Convaincus que les marchés des capitaux dynamiques et forts vont jouer un rôle clé dans la croissance économique de l’Afrique. En effet, expliquent des spécialistes de la question, ces marchés constituent une base solide pour accélérer et soutenir le développement économique à travers le continent. Le meeting de Kigali a recommandé un effort concerté entre le secteur privé et le gouvernement sur le soutien aux marchés financiers, à la réglementation et à la collaboration, étant donné que l’Afrique a la chance d’être l’un des centres financiers dynamiques au niveau mondial.

Échange d’informations

Pour cela, les participants ont également recommandé la mise en place d’une plate-forme d’échange d’informations avec les leaders de l’industrie à travers le continent et au-delà. Selon eux, les marchés financiers seront « un canal clé pour l’investissement massif afin de stimuler la croissance économique de l’Afrique au cours des 20-30 prochaines années », y compris le financement pour les entreprises, les infrastructures, le social et le développement. Dominés par les banques, les marchés financiers se développent lentement et commencent à jouer un rôle de plus en plus vital dans le renforcement des économies africaines, selon le Fonds monétaire international (FMI). Claver Gatete, ministre rwandais des Finances et de la Planification économique, note que « les économies africaines devraient accélérer le développement des marchés de capitaux pour stimuler les innovations des instruments de services financiers qui propulseront la croissance soutenue du continent ». Et il poursuit en déclarant que « les marchés financiers organisés vont permettre à l’Afrique de trouver des solutions de financement durables, car ils ont le potentiel pour consolider et soutenir la croissance économique. »