Selon BP, l’industrie pétrolière doit s’y adapter afin de survivre

L’environnement énergétique global est en pleine mutation. Les centres traditionnels de demande sont distancés par des marchés émergents en forte croissance. Et dans cette course engagée, qui sont les gagnants ?

La capacité installée de centrales d’énergies renouvelables dans le monde devrait quadrupler entre 2015 et 2035, selon le rapport Energy Outlook publié par l’entreprise pétrolière britannique BP. Selon les projections de cette étude, la croissance annoncée sera principalement portée par la Chine qui, à elle seule, installera plus de capacités que l’Europe et les États-Unis réunis. « L’environnement énergétique global est en plein changement. Les centres traditionnels de demande ont été distancés par des marchés émergents en forte croissance. Le mix énergétique progresse, conduit par des avancées technologiques, impliquant les facteurs environnementaux », explique Bob Dudley, le directeur exécutif de British Petroleum. D’après lui, maintenant plus que jamais, l’industrie pétrolière a besoin de s’adapter afin de « survivre à ces besoins énergétiques en pleine mutation ».

Les grands gagnants de la course

Les énergies renouvelables, y compris le nucléaire et l’hydroélectricité, constitueront en effet 50 % des nouvelles centrales installées d’ici à 2035. Pour cela, elles enregistreront un taux de croissance annuel moyen de 7,6 % au cours de la période visée. Cette croissance leur permettra de porter leur part dans le mix énergétique global des 7 % enregistrés en 2015 à 20 % en 2035. Comme quoi, l’avenir est aux énergies renouvelables. À ce sujet, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) est formelle. Dans les vingt-cinq prochaines années, le gaz naturel, mais surtout l’éolien et le solaire, devraient être les grands gagnants de la course engagée pour répondre à une demande croissante d’énergie jusqu’en 2040.

C’est la principale conclusion de la dernière édition annuelle du World Energy Outlook (WEO) publié le 16 novembre 2016 par l’Agence internationale de l’énergie. Néanmoins, l’AIE souligne que « l’ère des énergies fossiles est loin d’être terminée ». Ce qui « souligne le défi à relever pour atteindre des objectifs climatiques plus ambitieux » que ceux de la COP21 de Paris. « Nous voyons clairement des gagnants pour les vingt-cinq prochaines années – le gaz naturel, mais surtout l’éolien et le solaire – remplaçant le charbon, champion des vingt-cinq dernières années », résume le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol. Ils couvriront 80 % de la hausse de la demande.

Mais tout dépendra des politiques de chaque État, ajoute-t-il. Un bémol qui a une résonnance particulière après l’élection à la présidence américaine de Donald Trump, qui qualifie le changement climatique de « canular ». Depuis 2000, 70 % des investissements du secteur sont allés aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), note l’AIE. Sur les 44 000 milliards de dollars, 41 000 milliards. En Europe, par exemple, la grande dépendance au pétrole, au gaz et au charbon expose les consommateurs et les entreprises à une flambée des prix préjudiciable et coûteuse, menace la sécurité économique et favorise le changement climatique. La concurrence mondiale autour des ressources naturelles va s’intensifier, exerçant des pressions sur l’environnement. C’est ainsi que l’UE a mis en place une politique de développement durable à même d’atténuer ces pressions. Pour atteindre ses objectifs en ce qui concerne le changement climatique, la recommandation faite aux pays membres de l’UE est de réduire les émissions à un rythme plus soutenu et exploiter les nouvelles technologies, telles que les énergies éolienne et solaire ou le piégeage et le stockage du carbone.

L’UE s’est donné le devoir d’accroître sa productivité et renforcer sa compétitivité. Elle doit maintenir son avance dans le domaine des solutions écologiques, surtout face à la concurrence grandissante de la Chine et de l’Amérique du Nord. Si elle atteint ses objectifs en matière d’énergie, l’Europe pourrait réduire ses importations de pétrole et de gaz de 60 milliards d’euros par an d’ici 2020. Ce qui serait bénéfique tant pour la sécurité de son approvisionnement énergétique que pour l’économie européenne dans son ensemble.