En attendant les pourparlers pour un nouvel accord de coopération, pour une durée de dix ans, dans le cadre de l’assistance pays dans le cadre de son engagement en RDC, la Banque mondiale a déjà défini ses « chantiers d’avenir ». Ils sont au nombre de cinq. Le projet d’aménagement des villes, en particulier de la ville de Kinshasa, est le plus important de tous. La capitale de la RDC est en passe de devenir la ville la plus grande d’Afrique. De ce point de vue, les défis sont importants. L’industrie agro-alimentaire fait aussi l’objet d’attention de la Banque mondiale étant donné que la RDC dispose d’un immense potentiel agricole capable de nourrir plus de 3 milliards de personnes. Pourtant, le pays continue de dépendre des importations des vivres, avec un des taux de malnutrition les plus élevés au monde. De même, le développement des télécommunications reste une priorité.
Accès à l’eau et à l’électricité
Grâce aux progrès déjà réalisés dans le secteur de la téléphonie mobile, le nombre d’utilisateurs passant de 2 millions à 22 millions en quelques années, le projet aura un effet d’entraînement et transformateur sur l’économie nationale.
Le projet d’accès à l’énergie électrique est capital. La RDC a un potentiel de production énorme, mais 9 % seulement de la population sont connectés. Les projets financés par la Banque mondiale ont pour but d’atteindre, voire dépasser, la moyenne des pays subsahariens (31 %), surtout dans les zones rurales et périurbaines. En matière d’accès à l’eau potable, la Banque mondiale a prévu un financement additionnel de 166 millions de dollars pour la fourniture d’eau à 1 million de personnes supplémentaires grâce à la construction d’une nouvelle usine à Kinshasa à la station de Binza Ozone. Cette usine aura une capacité installée de 110 000 m3 par jour.
De 2010 à 2016, l’intervention de la Banque mondiale dans le domaine des infrastructures a porté sur une dizaine de projets pour un budget de 2 milliards de dollars, soit 63 % du portefeuille total de cette institution internationale en RDC. Cet investissement important a donné des résultats sur le terrain. À titre illustratif, plus de 3 000 km de routes du réseau prioritaire ont été réhabilités à travers le projet Pro Routes. Plus de 1,6 million de personnes supplémentaires ont accès à l’eau potable grâce au projet PEMU. La capacité de la production à Inga I et II a été augmentée de 700 MW à 1 300 MW, dont 55 MW ont été disponibles en 2016 ; environ 60 000 personnes supplémentaires ont eu accès à l’électricité et plusieurs quartiers de Kinshasa ont désormais l’éclairage public.
Depuis 2007, la Banque mondiale est engagée aux côtés du gouvernement dans une logique de développement durable. Dans le secteur des infrastructures, sa stratégie tient compte de 5 considérations importantes : premièrement, l’arbitrage entre les besoins d’urgence et les besoins de développement durable. De ce fait, la Banque mondiale est très engagée dans la mise en place des mécanismes et la promotion des réformes nécessaires pour assurer, par exemple, l’entretien des routes. Dans les secteurs de l’énergie, de l’eau et des télécommunications, elle appuie des investissements physiques de base, mais aussi en parallèle la réforme des entreprises publiques qui interviennent dans ces secteurs afin d’assurer leur viabilité économique et financière. Alors qu’environ 1 milliard de dollars a été investi dans Inga I et II et dans la ligne de transport vers le Katanga pour une réhabilitation d’urgence, la Banque mondiale travaille avec la Société nationale d’électricité (SNEL) pour améliorer sa gestion.
Contrat de performance
Dans beaucoup de secteurs, elle encourage l’utilisation des contrats de services et de performances entre les secteurs publics concernés et l’État. Ainsi, dans le secteur de l’eau, par exemple, un contrat de service avec un opérateur privé a été signé en vue d’améliorer les performances techniques, commerciales et financières de la REGIDESO. Dans le cadre du secteur de transport ferroviaire, la Banque mondiale apporte son financement pour la réhabilitation des tronçons critiques, la mise en place d’un fonds d’entretien des tronçons et le rétablissement d’un équilibre financier à travers divers programmes de départ à la retraite, de réduction des coûts de fonctionnement et pour booster les recettes. Dans le secteur des télécommunications, elle est très impliquée dans le projet de loi.
Deuxièmement, un partenariat prouvé. Les projets de la Banque mondiale sont initiés par le gouvernement et exécutés par des agences gouvernementales. Les projets tiennent compte des vues et priorités de la société civile, des communautés de base et du secteur privé, qui sont les premiers bénéficiaires et utilisateurs de ses interventions. La Banque mondiale travaille également en étroite collaboration avec les autres partenaires au développement (BAD, JICA, BADEA, Fonds koweïtien, DFID…) qui cofinancent la plupart des projets d’infrastructures en RDC. Troisièmement, la Banque mondiale recherche le juste milieu entre le secteur public et le secteur privé pour le rôle qu’il joue dans la construction et la gestion des infrastructures, ainsi que dans la fourniture des services de base (eau, électricité, transport, communication, etc.). Pour assurer la fourniture de ces services, les deux secteurs doivent travailler dans un partenariat qui permet à chacun d’exploiter au mieux ses avantages comparatifs. Dans ce contexte, la Banque mondiale accompagne des réformes importantes qui visent à stimuler ces types de partenariats public-privé. Quatrièmement, en plus de jouer le rôle de leader dans le financement des projets d’investissement, la Banque mondiale produit également des analyses et études sectorielles, qui permettent de dégager des stratégies d’intervention et les priorités. Enfin et cinquièmement, la Banque mondiale fait la promotion des projets transfrontaliers. En effet, la RDC partage des frontières avec 9 pays. Pour cette raison, des projets d’interconnections électrique, des routes et autres voies de communication sont importants pour relancer l’économie et avoir des effets d’entraînement sur les économies des pays voisins. Plusieurs projets de la Banque mondiale sont conçus avec une composante régionale et bénéficient des ressources additionnelles. Par exemple, les projets de route, des lignes de transmission électrique et de la fibre optique.