La Banque mondiale va accorder 50 millions de dollars à la RDC

C’est l’une des retombées de la 7è revue (début mars) du portefeuille de l’institution financière internationale (plus de 2 milliards de dollars) dans le cadre de l’assistance pays en RDC. Il s’agit en fait d’un accord de financement additionnel.

À l’issue des échanges avec le gouvernement dans le cadre de la 7è revue de son assistance financière, qui ont eu lieu à Kinshasa les 2 et 3 mars, la Banque mondiale est parvenue à un accord de financement additionnel de 50 millions de dollars. Le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo et la République du Congo, Ahmadou Moustapha N’Diaye, qui a supervisé cette évaluation, s’est dit satisfait des échanges et des recommandations importantes formulées à cet effet pour permettre une meilleure performance et une bonne résilience de l’économie congolaise. Il s’agit entre autres de la création de camps d’apprentissage aux métiers pour les jeunes et de la poursuite des efforts de pacification du pays pour susciter son attractivité aux investissements.

Les projets d’infrastructure financés

Il s’agit aussi de réformer les finances publiques du pays, renforcer son système fiscal, améliorer le climat des affaires pour favoriser la création des emplois de jeunes, œuvrer à la décentralisation financière et renforcer le processus fiscal pour optimiser les résultats.

En mai 2016, la Banque mondiale a organisé une série d’activités de communication sur son engagement en RDC dans le secteur des infrastructures. Cette campagne d’information publique était destinée à différents milieux : les médias, le secteur privé, les parlementaires, la société civile, les étudiants et les ingénieurs. Au total, une dizaine de projets d’infrastructures sont financés par la Banque mondiale en RDC.

Le Projet de transport multimodal (PTM) a pour objectifs d’améliorer la connexion des modes de transport en RDC, rétablir la viabilité financière et opérationnelle de la Société nationale des chemins de fer (SNCC) et renforcer les performances opérationnelles et l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques de transport et simplifier les procédures du commerce international de la RDC. Financé à hauteur de 435 millions de dollars (dont 375,85 millions pour le redressement de la SNCC et 40,450 millions pour le renforcement des performances des entreprises publiques), ce projet a été approuvé en juin 2010 et est entré en exécution en avril 2011. Date de clôture : 30 juin 2018. Il est réalisé par la Cellule d’exécution du PTM (CEPTM). La CEPTM a déjà réhabilité plus de 1 400 km de voie ferrée sur 3 000 km et acquis des engins (locomotives, voitures et wagons) qui ont permis de rendre le trafic viable.

Le Projet d’amélioration de la sécurité à l’aéroport de Goma (PRASAG) a pour objectif d’améliorer la sécurité, la sûreté et les opérations de cet aéroport endommagé par l’éruption volcanique de janvier 2002. La CEPTM y réalise des travaux d’aménagement en vue de la certification comme aéroport international. Coût du projet : 52 millions de dollars dont 40,450 millions comme investissement dans l’infrastructure. Approuvé en mars 2015, le PRASAG est entré en exécution en avril 215 et prendra fin en décembre 2020. Pour le coordonnateur du PTM et du PRASAG, Lazare Dakahudyno, ancien ministre des Transports et des Communications, les opérateurs économiques sont les plus intéressés par les infrastructures car elles sont à la fois des « préalables et des opportunités pour l’épanouissement des activités du secteur privé ». À ce titre, elles sont un critère d’appréciation du climat des affaires par les investisseurs. « Les projets financés par la Banque mondiale sont des jalons posés pour le développement durable du pays », a déclaré Dakahudyno, qui a lancé un appel au secteur privé qui participe déjà aux projets financés à travers l’exécution des travaux, afin de s’impliquer davantage dans le partenariat public-privé et dans la création des activités génératrices d’emplois dans les zones où les routes, les aéroports, le chemin de fer, les voies fluviales, l’eau, l’électricité et le développement urbain ont amélioré les conditions d’exploitation des activités rentables. Il a aussi demandé aux miniers de ramener leur trafic vers le chemin de fer de la SNCC en réhabilitation.

Le Projet de développement urbain (PDU) bénéficie d’un financement de 100 millions de dollars. Il a été approuvé en mai 2013 et a démarré en septembre 2013. Le PDU dont la date de clôture est le 31 juillet 2019, a pour objectifs d’améliorer l’accès aux services de base et renforcer la gestion urbaine et municipale dans les villes ciblées (Bukavu, Kikwit, Kindu, Matadi, Kalemie, Mbandaka). L’appui financier de la Banque mondiale a permis de réhabiliter et moderniser des axes routiers, le drainage dans les six villes, ainsi que de déterminer sur la base des plans de développement local des investissements subséquents.

Le Projet d’alimentation en eau potable en milieu urbain (PEMU), financé à hauteur de 356 millions de dollars, a été approuvé en décembre 2008 et a démarré en novembre 2009 pour se clôturer en décembre 2018. Réalisé par la Cellule d’exécution des Projets Eau de la REGIDESO (CEP-O/REGIDESO), ce projet a pour objectif d’accroître de manière durable l’accès à l’eau potable dans quatre villes (Kinshasa, Lubumbashi, Matadi et Kindu) et l’efficacité opérationnelle et financière de la REGIDESO.

Chaos énergétique

Le PEMU a fait bénéficier à 1,6 million de personnes supplémentaires de l’accès à l’eau potable à Kinshasa, Matadi et Lubumbashi, et a donné de l’emploi direct pour 600 ménages. Par ailleurs, sans le Projet SAPMP pour l’accès à l’électricité, le pays allait connaître une catastrophe énergétique. Le projet vise l’augmentation de la capacité de production à Inga I et II de 700 MW à 1 300 MW, dont 55 MW sont déjà disponibles ; la mise en place d’une deuxième ligne Inga-Kinshasa, dont l’inauguration était prévue le 30 juin 2016 ; l’accès à l’électricité pour environ 300 000 personnes supplémentaires, dont 60 000 sont déjà connectées ; et l’éclairage public dans plusieurs quartiers de Kinshasa. Ce qui est fait n’est pas suffisant, certes ; mais ce projet a permis d’améliorer sensiblement la situation et d’éviter le chaos.

Le Projet Pro Routes est un projet important du gouvernement et marche bien en dépit de quelques faiblesses qui vont être corrigées. L’objectif global est de rouvrir et d’entretenir quelque 3 000 km des routes en terre sur les 15 800 km du réseau ultra-prioritaire du pays ; de lutter contre la pauvreté grâce au rétablissement et à la préservation durable des infrastructures de transport pour garantir l’accès aux marchés ainsi qu’aux services sociaux et administratifs nécessaires à la relance socio-économique et à la réintégration du pays. Ces routes sont restées impraticables durant des décennies.

En les réhabilitant durablement, elles contribuent à la relance socio-économique et à la réintégration du pays, a souligné Théophile Ntela, coordonnateur du projet exécuté par la Cellule Infrastructures du ministère des Travaux publics, des Infrastructures et de la Reconstruction. Grâce aux travaux déjà réalisés, la population a retrouvé le rythme normal de vie et est encouragée à développer des activités socio-économiques : agriculture, commerce, santé, éducation… Partout où il est passé, Pro Routes a développé des programmes de gestion environnementale (lutte contre le braconnage et la déforestation) et sociale. Les préoccupations enregistrées lors de cette campagne d’information publique ont tourné autour des mesures à prendre pour garantir la durabilité des infrastructures réhabilitées. Selon Saidou Diop de la Banque mondiale, la pérennisation des ouvrages est l’affaire du gouvernement à travers ses services.