La dette intérieure était rangée dans les tiroirs sous Matata Ponyo. La dernière fois qu’une partie de la dette intérieure a été payée remonte à Adolphe Muzito. À la mi-août 2016, la Direction générale de la dette publique, DGDEP, ex-OGEDEP, s’est engagée à vider la sempiternelle question avec une enveloppe de 53 millions de dollars. Sous la supervision du ministère des Finances, une délégation de la DGDEP a entrepris la tournée des 26 provinces du pays pour se faire une idée précise sur les créances réelles de l’État vis-à-vis des fournisseurs locaux. La délégation a ainsi lancé un appel aux différents prestataires qui prétendent détenir quelque chose sur le Trésor public de passer à la division des Finances et du Budget ou encore à la Fédération des entreprises du Congo (FEC), à la Fédération nationale des petites entreprises du Congo (FENAPEC) et la Confédération des petites et moyennes entreprises du Congo (COPEMECO) pour l’examen de leurs dossiers.
L’on se souviendra que dans les provinces, les créanciers de l’État avaient sollicité l’intervention du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Évariste Boshab Mabuj, pour le paiement de leurs factures avant l’élection des gouverneurs des provinces issus du découpage territorial. « S’il y a quelqu’un ou une institution financière qui avait prêté de l’argent frais au gouvernement, nous allons voir comment est-ce que cela a été utilisé pour répartir la charge entre les nouvelles provinces », a expliqué Trudon Nkima, membre de la délégation de la DGDP. La prochaine destination de la délégation est le Grand Kasaï.
Chiffres actualisés
En dépit de la crise dans le secteur des mines et du pétrole, d’où il tire l’essentiel de ses recettes, le gouvernement veut cependant payer une fraction de la dette intérieure. Le dernier numéro du Journal officiel contenant la loi de finances publiques 2016 y fait allusion. En chiffres, c’est 50 milliards de FC, soit 53 76 440,8 dollars. Mais il devrait falloir opérer un tri. Ce n’est un secret pour personne, les fournisseurs locaux sont conviés à revoir au rabais leurs créances en vue d’un paiement. Déjà, la DGDEP a fixé d’autorité le montant de 5,3 millions de dollars aux 4 provinces issues de l’ancienne province de l’Équateur.
En 2014, quelque 80 milliards de FC, soit plus de 85 millions de dollars, avaient été affectés au paiement de la dette intérieure. Mais hélas, de source proche des patronats locaux, les intéressés n’avaient rien perçu. En 2015, des crédits de 85 milliards de FC, soit près de 90 millions de dollars, ont derechef été prévus dans le budget. Encore, rien n’a été payé. Dans l’entre-temps, le gouvernement honore tous ses engagements sur la dette extérieure.
En 2014, plus de 175 milliards de FC, soit près de 195 millions de dollars, et en 2015, plus de 150 milliards de FC, soit plus de 165 millions de dollars. Pour l’exercice 2016, le gouvernement a alloué 147,1 milliards de FC, soit un peu moins de 160 millions de dollars. Le gouvernement, paie, en outre, des intérêts sur la dette extérieure : 95 millions de dollars en 2014, 85 millions de dollars en 2015. Et pour 2016, une enveloppe de près de 90 millions de dollars est prévue au titre de paiement de l’intérêt sur la dette extérieure contre moins de 55 millions de dollars pour les fournisseurs locaux. Mais l’encours de la dette intérieure est de plus d’un milliard de dollars, rapporte-t-on à la Fédération des entreprises du Congo. Les créances ordinaires sur l’État se sont accumulées au fil des ans.
Sous le cabinet Muzito, le gouvernement avait effectué, en 2009, un dépassement de 502 % dans le paiement de la dette intérieure. À l’Assemblée nationale, les avis sont partagés. Certains députés souhaitent que le gouvernement paie progressivement les créances qui ont été certifiées. Sur le plan économique, c’est connu, l’apurement de la dette intérieure apporte une bouffée d’oxygène à l’activité économique et à la consommation. D’autres proposent la mise sur pied d’une commission ad hoc avant tout paiement, dans les limites des moyens disponibles. Ils avancent que dans ce dossier, il y a à boire et à manger d’autant plus que l’identification même de vrais créanciers et de la hauteur de leurs créances est problématique.