La FIFA relance le derby Canal+/Startimes sur le continent

Cinq diffuseurs majeurs de la zone subsaharienne de l’Afrique vont se partager les droits télé sur le Mondial Russie 2018. Ainsi en a décidé l’instance faîtière du football dans le monde après l’appel d’offres portant sur 42 pays dont la RDC. 

La Fédération internationale de football association (FIFA) a tranché. Pour l’Afrique subsaharienne, cinq diffuseurs majeurs se partageront les droits télé à propos de la coupe du monde de football dont la phase finale est prévue en Russie en 2018. Il en ressort de cette décision que la « guerre » que se livrent Startimes et Canal+ sur l’espace médiatique congolais devrait davantage s’amplifier, singulièrement à l’approche du Mondial Russie 2018. La FIFA a, en effet, accordé et à Startimes et à Canal + les droits de retransmission pour la télévision payante dans tous les territoires de l’Afrique subsaharienne, à l’exception de l’Afrique du Sud.

Un avantage de taille cependant pour l’opérateur chinois Startimes. La Fédération internationale de football association lui accorde les droits de retransmission au Nigeria, et pas à Canal+. Toutefois les deux diffuseurs couvriront la RDC, un pays dont le foot passionne autant les hommes que les femmes, les jeunes comme des vieux.

Hors-jeu… puis validé

Startimes et Canal+ y font des bonnes affaires. Selon les dernières statistiques disponibles, Startimes soutenait avoir 7 millions d’abonnés sur le continent. Mais en RDC, où il opère depuis 2012, ses statistiques sont plutôt sujettes à caution. Autant que des documents lui délivrés par l’Autorité de régulation des postes et des télécommunications au Congo (ARPTC). L’on se souviendra qu’en septembre 2014, le directeur de cabinet du chef de l’État de l’époque, Gustave Beya Siku, avait jeté un pavé dans la marre, soutenant dans une correspondance que Startimes avait tout faux. Tant il est vrai que celle-ci n’est titulaire d’aucun droit lui octroyé par elle ». Au ministère des PT&NTIC, des experts arguaient qu’« un titre en l’espèce de l’ARPTC doit être muni d’un cahier des charges, approuvé par le ministre ayant dans ses attributions les télécommunications et publié dans le Journal Officiel – loi cadre 013/2002 du 16 octobre 2002, art. 25», précise un communiqué de presse du ministère des PT-NTIC publié le 10 septembre.

Le Conseil supérieur de la communication et de l’audiovisuel s’en mêle et offre à Startimes de solliciter un recours gracieux auprès des autorités pour obtenir la levée de la mesure conservatoire de suspension de l’autorisation à Startimes RDC, prise conjointement par les ministres ayant les Médias et les PT-NTIC dans leurs attributions, précisant que Startimes exerce ses activités en violation de l’article 17 de la loi organique n°11/001 du 11 janvier 2011. Ce qui sera fait, non sans versement d’espèces sonnantes et trébuchantes considérables. Startimes est derechef opérationnel en RDC mais ne dispose pas toujours de fréquences en propre. Le télé-distributeur chinois fonctionne, en effet, avec une fréquence de la RTNC 2 (Développement) et une autre de la chaîne privée Télé7, propriété du sénateur Modeste Mutinga, avec qui Startimes avait conclu un contrat de partenariat contesté à ce jour par l’ARPTC. Le 11 mars, le directeur général de Startimes, Xin Xing Pang a sollicité auprès du gouvernement congolais l’octroi de deux fréquences actuellement utilisées par Canal Congo Télévision (CCTV), propriété de Jean-Pierre Bemba. Quant à Canal +, il a affiché en 2016 un chiffre d’affaires annuel en baisse de 4,7 % à 5,2 milliards d’euros, pour un résultat opérationnel qui s’établit à 303 millions d’euros. Le télé-distributeur français, avait, fin 2016, un portefeuille global de 11,5 millions de clients, en légère hausse sur un an. L’international a permis cette progression, mais le portefeuille français a continué de souffrir, avec une perte de 492 000 abonnés en 2016, après les 300 000 de 2015. Mais le groupe se porte mieux à l’international, où se concentrent désormais 6,25 millions d’abonnés.

L’Afrique, surtout, connaît une forte dynamique. Canal+ y a recruté 692 000 nouveaux abonnés (+20 %)  en 2016. Toutefois, Vivendi (Vincent Bolloré) propriétaire de Canal +, souligne que l’année 2016 aura été une année transitoire et que 2017 sera « l’année du retournement ». Le groupe pense que le plus dur est passé et table sur une progression de son chiffre d’affaires de 5 % cette année. En RDC, dans le souci d’offrir des chaînes de qualité, mais à bas prix à la population, Canal+ RDC s’est associé à Antenne A pour lancer Easy TV en octobre 2016, à Kinshasa.

Deux trouble-fêtes dans le groupe

Mais il n’est pas que Canal+ et Startimes qui vont se partager les droits de retransmission pour la télévision payante en RDC. La FIFA a également ouvert le marché à deux autres diffuseurs, en vue de la coupe du monde-Russie 2018. Il s’agit de Supersport et Econet Media. Si le premier obtient les droits de retransmission pour la télévision payante pour exploitation dans tous les territoires de l’Afrique subsaharienne, le second , par contre, obtient les droits de retransmission pour la télévision gratuite et payante pour exploitation dans tous les territoires de l’Afrique subsaharienne, à l’exception de l’Afrique du Sud dont les droits de diffusion ont été adjugés à l’opérateur local, SABC.

Par ailleurs, Canal+ n’a pas été reprise pour les autres compétitions footballistiques relevant de la FIFA au cours de l’exercice 2017-2018. Il s’agit, entre autres, de la coupe du monde U-20, la coupe du monde U-17, la coupe du monde de Beach Soccer et la coupe des confédérations, et en 2018, la coupe du monde féminine U-20, la coupe du monde féminine U-17 et la coupe du monde de la FIFA. StarTimes a, par exemple, les droits de retransmission pour la télévision payante pour exploitation dans tous les territoires de l’Afrique sub-saharienne, excepté la coupe des confédérations de la FIFA 2017 en Afrique du Sud. Et Econet Media, les droits de retransmission pour la télévision gratuite et payante pour exploitation dans tous les territoires de l’Afrique subsaharienne, à l’exception de l’Afrique du Sud alors que Supersport s’est vu adjugé les droits de retransmission pour la télévision payante pour exploitation dans tous les territoires de l’Afrique sub-saharienne. SABC, naturellement, dispose en exclusivité, les droits de retransmission pour la télévision gratuite pour exploitation en Afrique du Sud.

D’après les experts, les résultats de l’appel d’offres permettent à la FIFA de proposer gratuitement les plus grands matches dans un maximum de territoires de la région. En travaillant avec des partenaires de confiance, la FIFA s’assure que les amateurs de football de la région auront accès, notamment via des plateformes numériques, à la meilleure expérience de visionnage possible pour chacun de ses tournois.

Les quarante-deux territoires concernés sont notamment Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire,