La santé publique vouée à la compassion des partenaires extérieurs

La planification 2016-2020 prévoit un accroissement des ressources propres dans le budget de la santé de 2 dollars par habitant et par année, pour atteindre progressivement 15 dollars d’ici 2020. Or, cette année, l’État mise beaucoup sur l’apport extérieur. 

Le gouvernement compte gagner plus de 392 millions de francs en 2017 grâce à la taxe sur l’autorisation de mise sur le marché des médicaments. Et près de 4 autres millions sur la taxe d’autorisation d’ouverture d’une pharmacie, d’un laboratoire pharmaceutique et d’analyse clinique et d’autres établissements sanitaires. En revanche, pas de ligne budgétaire spécifique pour la santé mère et enfant dans le budget 2017 de la santé publique. Aucun rond n’est prévu non plus pour prévenir ou mener une riposte en temps réel aux épidémies. Alors que, chaque année, il survient au moins une épidémie en République démocratique du Congo.

Comme quoi, le budget de la santé publique de cette année repose à 62,5 % sur les ressources extérieures, soit 490.7 milliards de francs sur des prévisions globales de 780 milliards. L’État compte ainsi sur l’apport des partenaires afin de porter la part de la santé à 7,9 % sur le budget global. À la faveur d’une conférence-débat sur le budget 2017 organisée, le 23 juin, par la société civile à l’hôtel Venus à Kinshasa, des experts de la santé ont déploré le fait que le gouvernement a pratiquement abandonné l’un des attributs de sa souveraineté, la santé publique, à la « compassion » des partenaires extérieurs. En tout état de cause, la RDC reste en-dessous du niveau exigé par la Déclaration d’Abuja (2001) qui demande aux États signataires d’allouer une part d’au moins 15 % du budget national au secteur de la santé.

Il est ainsi aléatoire pour la RDC de réaliser son Plan national de développement sanitaire (PNDS 2016-2020), dont la couverture sanitaire universelle pour les interventions mère et enfant, ou encore la politique du gouvernement en 2017 présenté par le cabinet du ministre de la Santé publique, Oly Ilunga. Qui vise, entre autres, l’offre de médicaments et produits de santé de qualité, prioritaires et vitaux, la lutte contre les maladies endémiques, notamment le paludisme, le VIH/sida, la tuberculose, la fièvre jaune, la rougeole, le choléra, ainsi que la réhabilitation et l’équipement des infrastructures sanitaires, des hôpitaux et des centres de santé de référence dans les chefs-lieux des provinces.

L’État a, en effet, passé du simple au double le budget de la santé publique sur deux ans. De 366 005 338 403 FC en 2016 à 785 029 880 031 FC en 2017. Il se dégage ainsi un accroissement de 114 %, largement tributaire des partenaires extérieurs. La planification faite dans le PNDS 2016-2020 prévoit que les ressources propres du gouvernement dans le budget de la santé augmentent de 2 dollars par habitant par année et avec un accroissement progressivement pour atteindre 15 dollars par habitant d’ici 2020. Or, dans le projet du  budget 2017, le ratio (pour  77 millions d’habitants) est à 7 dollars par habitant. Très faible et loin du seuil minimum prévu pour 2017 qui devrait être de 9 dollars par habitant.

Les fonds prévus pour les interventions dans les 26 provinces ne sont que 19.8 milliards de francs, soit 2,9 % du budget de la santé publique, dans un espace où se concentrent plus de 70 % de la population. Si le gouvernement s’est engagé à atteindre la couverture sanitaire universelle à travers le groupe mère et enfant, il n’a cependant réservé que des crédits de 202 643 179 dollars alors que la contribution prévue dans le PNDS 2016-2020 est de deux fois plus, soit 405 952 641dollars. Le ministère de la Santé publique a élaboré un cadre d’investissement dans lequel le gouvernement devrait contribuer chaque année d’au moins 300 millions de dollars sur ressources propres pour soutenir les actions spécifiques devant réduire la mortalité maternelle et infantile. Et pourtant, aucune ligne budgétaire spécifique de la santé mère et enfant n’apparaît clairement dans le budget 2017 de la santé.

Le budget d’accès aux médicaments, en large partie des soins de santé primaire, correspond à celle d’une petite commune en France. Quelque 8 297 302 096 FC, soit environ 7 millions de dollars. Médecin ex-combattant UDPS, Oly Ilunga s’emmêle bistouri et scalpel, lorsqu’il ne prévoit que 1 443 761 223 FC pour l’acquisition des matériels médicaux contre 37 242 765 471 FC pour des trains-trains dans des hôpitaux généraux et 2 181 351 967 FC pour des hôpitaux spécialisés ainsi que 6 827 748 480 FC les maternités et les dispensaires. Des experts de la santé déplorent également que les fonds du budget 2017 de la santé sur la lutte contre la malnutrition restent encore très faibles pour améliorer la prise en charge médicale de la malnutrition, chez les enfants âgés de 0 à 5 ans. Et pourtant, cette situation sur la malnutrition est restée inchangée depuis 2008 jusqu’à ce jour.