LES GRANDES priorités de la Banque africaine de développement (BAD) sont connues : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie ; nourrir, industrialiser intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations. Quant à la deuxième priorité, nourrir l’Afrique : « Ça passe par l’augmentation de la productivité du secteur agricole ; le rendre plus rentable de sorte que les fermiers puissent avoir suffisamment de ressources et de profits pour eux-mêmes. Sans oublier le développement de la chaîne de valeur et la transformation des produits agricoles. À titre d’exemple, la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent 65 % de la production globale de cacao. Le marché du chocolat global fait 120 milliards de dollars. Mais l’Afrique qui produit globalement 75 % de toutes les fèves de cacao, ne capte que 2 % des revenus. C’est inadmissible ! »
C’est ainsi que la BAD va faire un investissement de 25 milliards de dollars dans l’agriculture car « c’est l’avantage comparatif de l’Afrique ». Et d’expliquer : « Pendant les quatre dernières années, nous avons à travers notre investissement, permis à 70 millions de personnes d’accéder aux technologies qui ont amélioré la productivité agricole et favorisé l’autosuffisance alimentaire. »
Pour rappel, la BAD et la FAO se sont engagées à mettre fin à la malnutrition et à la faim sur le continent africain. Elles vont donc mobiliser des fonds sur cinq ans en faveur de l’agriculture, mais aussi de la foresterie, la pêche et la sécurité alimentaire. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et la Banque africaine de développement sont tombées d’accord pour soutenir l’agriculture en Afrique avec une enveloppe financière de 100 millions de dollars. Outre ce financement, la FAO devrait aider la BAD à réaliser son programme « Nourrir l’Afrique » en fournissant une assistance technique dans les domaines de l’intensification et la diversification d’activités agricoles durables, du développement à plus grande échelle des innovations dans les chaînes de valeur, de l’implication des jeunes dans l’agriculture et l’agroalimentaire, des statistiques agricoles et de l’agriculture intelligente adaptée au changement climatique, entre autres.
Le programme « Nourrir l’Afrique », lancé en 2015, vise à porter les investissements dans l’agriculture africaine à 25 milliards de dollars d’ici 2025. Par ailleurs, la FAO estime que les emplois agricoles sont une piste de solution à l’immigration africaine. Environ 75 % des migrants sont des jeunes à la recherche des opportunités d’emploi. Des opportunités qu’ils n’auraient pas à aller chercher au péril de leurs vies si elles leur sont créées dans leur pays. La FAO aux jeunes qu’ils possèdent les moyens de fournir ces opportunités chez eux où ils peuvent contribuer à bâtir l’avenir de leurs pays et du continent africain.Pour cela, il faut lever certains obstacles. Entre autres, l’accès difficile aux terres pour les jeunes désireux d’investir dans le domaine agricole, et surtout l’image négative associée à l’agriculture. L’Afrique, qui détient 65 % des terres arables non exploitées du monde, importe 35 milliards de dollars de nourriture par an. Actuellement, le débat se corse sur la croissance. La plupart des économistes sont à peu près d’accord que l’agriculture constitue une importante base de la diversification de l’économie, un élément important pour sortir de la pauvreté.
En République démocratique du Congo, par exemple, la part de l’agriculture dans le budget général était tombée de 8,36 % en 2017 à 2,6 % en 2018. Pourtant, le protocole de Maputo (2003) incombe aux États signataires d’allouer au moins 10 % du budget national au secteur de l’agriculture. Les prévisions des investissements (93 millions de dollars pour 2018) ne représentaient que 9 % des besoins inscrits dans le Programme national d’investissement agricole (1 040 millions de dollars). La politique agricole nationale repose sur la nécessité d’atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que sur l’expansion du marché agro-alimentaire afin d’endiguer l’exode rural. Les stratégies du gouvernement se fondent notamment sur l’investissement dans la recherche, la vulgarisation et l’enseignement agricole, la mise en place des mesures d’accompagnement pour la mise en œuvre du Plan national d’investissement agricole (PNIA) ainsi que la poursuite des projets de réhabilitation et de modernisation des routes de desserte agricole. Le gouvernement compte poursuivre la politique d’extension des parcs agro-industriels à travers d’autres provinces sous forme de partenariat public-privé (PPP), dont les études de faisabilité sont déjà réalisées. Celui de Bukanga-Lonzo a coûté plus de 80 millions de dollars mais il s’est avéré un éléphant blanc. Pour la société civile, l’appui et l’organisation de la population vivant en milieu rural et dont près de 60 % de cette population est paysanne, permettra de faire de la RDC un pays à revenu intermédiaire.
Projets non exécutés
Tous les projets non exécutés en 2018 et 2019 dans le secteur agropastoral devraient être réchauffés, comme l’indique le cadre budgétaire à moyen terme. Il s’agit notamment de la réforme de la loi n°011-022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture, de la construction des voies de communication dont les routes de desserte agricole pour désenclaver les bassins de production agricole dans chaque province. Ou encore de la relance de la production des cultures pérennes (cacaoyer, palmier à huile, caféier, etc.) ainsi que de celle des fruits.
Le secteur agricole a bénéficié d’un financement de 53 millions de dollars à la suite d’un accord, signé le 28 décembre 2018, entre la RDC et le FIDA pour la couverture d’une période de 7 ans, soit de 2019 à 2025. Il s’appuie, dans sa mise en œuvre, sur des organisations paysannes et des organisations non gouvernementales qui sont, chacune, sous la responsabilité d’un chef de file d’une filière agricole spécifique.
De l’avis des experts, le développement du secteur contribuerait à la création d’un grand nombre d’emplois, à lutter durablement contre la faim, à la sécurité alimentaire, à la diversification de l’économie et à l’émergence de l’économie endogène, qui mettrait fin à l’extraversion de notre économie. En RDC, grâce à l’agriculture, le coefficient de Gini – qui est en fait la mesure classique du degré d’inégalité – est assez bas. Le pays est, en effet, passé de 10 millions de cultivateurs, selon un rapport du PNUD à plus de 15 millions de cultivateurs. Selon la Banque mondiale, l’agriculture représente plus de 40 % du BIP.
Le ministère du Plan table sur le secteur agricole pour porter la RDC dans la sphère de pays à revenu intermédiaire en 2028, avec un PIB/hab porté à 1 050 dollars. Pour y parvenir, il faudra accroître la productivité et le rendement de l’agriculture à travers le développement des parcs agroindustriels et des centres de développement intégré (CDI) pour attirer plusieurs capitaux dans le secteur agricole. Ainsi le gouvernement a projeté, dès 2019, d’augmenter la production des cultures vivrières et maraichères (manioc, maïs, riz, pommes de terre et haricots) par des campagnes agricoles, mener la poursuite de la création des centres de développement intégré et des parcs agroindustriels ainsi que la réduction de la vulnérabilité du secteur et la finalisation de l’architecture institutionnelle de tous les parcs agro-industriels.