Le Plan national de préparation et de riposte

S’inspirant de plusieurs flambées épidémiques qui l’ont frappé, a déclaré le 1ER Ministre, la stratégie nationale contre la pandémie de Covid-19 a été élaborée avec l’appui des partenaires pour des actions d’un coût global de 135 millions de dollars. Dans les grandes lignes, elle repose sur neuf objectifs.

C’EST une stratégie globale pour l’ensemble de la République démocratique du Congo qui est axée sur neuf points : (1) renforcer la gouvernance ; (2) organiser les structures de prise en charge des malades Covid-19 ; (3) renforcer les capacités de diagnostic et de laboratoire ;  (4) renforcer les capacités de surveillance et d’investigation des cas ; (5) améliorer la prévention et le contrôle des infections dans toutes les structures de santé et dans la communauté ; (6) renforcer la communication sur les risques et l’engagement communautaire ;  (7), renforcer le système logistique d’urgence de Covid-19 ; (8) assurer la prise en charge psychosociale et nutritionnelle ; (9) mettre en œuvre les mesures de distanciation sociale ou physique. 

Le nerf de la guerre

Sylvestre Ilunga Ilunkamba a laissé entendre qu’une grande partie de la stratégie de lutte repose sur la prise en charge médicale. Le gouvernement a entrepris de concentrer l’action sur une dizaine de structures sanitaires : clinique Ngaliema, clinique Kinoise, hôpital du Cinquantenaire, hôpital de l’Amitié sino-congolaise de Ndjili, centre médical Vijana, centre médical de Monkole, HJ Hospital, centre médical de Kinshasa, hôpital Saint-Joseph, Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK). 

C’est pourquoi, elles continuent de bénéficier des soutiens financiers et logistiques du gouvernement pour une bonne prise en charge des malades. Ces formations ont bénéficié de plus de 500 lits, des tonnes des médicaments correspondant au protocole validé, des matériels de protection, commandés par le gouvernement. De la même manière, des équipements et appareils médicaux pour la prise en charge des cas ont été mis à leur disposition. Le gouvernement a déjà décaissé, pour le compte de la riposte contre le Covid-19, 10,7 millions de dollars.   

Sylvestre Ilunga Ilunkamba a annoncé que dans le plan de trésorerie du gouvernement pour le deuxième trimestre 2020, il est prévu 132,2 millions de dollars, à raison de 121,1 millions de dollars sur ressources extérieures et 11 millions de dollars sur ressources propres.  Les ressources extérieures proviennent du financement de 363 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI) au titre d’appui à la balance des paiements convertis en appui budgétaire. 

Sylvestre Ilunga Ilunkamba a également annoncé que 132,2 millions de dollars sont destinés aux opérations sanitaires (105,9 millions de dollars) ; sécuritaires (confinement et isolement : 17,7 millions de dollars) ; humanitaires connexes (8,6 millions de dollars). 

Les interventions sanitaires concernent la réfection et la construction, le cas échéant, des hôpitaux, l’acquisition des médicaments et des équipements ad hoc, comme les  détecteurs dans le cadre de dépistage de la maladie, les respirateurs dans le cadre de traitement, la formation du personnel médical, le financement de la pharmacopée locale. Par ailleurs, la Banque mondiale va appuyer le gouvernement avec 47,3 millions de dollars dont le décaissement interviendra au troisième trimestre 2020, dès ratification de l’accord de crédit par le Parlement.    

Sylvestre Ilunga Ilnkamba a déclaré que les actions de riposte ne concernent pas que Kinshasa. Chaque province est actuellement prise en charge par un comité provincial de coordination. Chaque province dispose aujourd’hui d’un plan provincial de riposte, grâce à l’appui du gouvernement et d’un protocole national de traitement de Covid-19. 

En vue de relever les défis dans la prise en charge des malades, le gouvernement s’attèle à renforcer les hôpitaux dédiés au Covid-19 en équipements de protection et en divers appareils médicaux, tels les respirateurs et les appareils de radiologie. Des efforts sont également engagés pour l’approvisionnement en médicaments non seulement pour la prise en charge de Covid-19 mais aussi pour les comorbidités comme l’hypertension artérielle, le diabète, l’asthme, ainsi que les autres maladies respiratoires et cardiaques. « Nous travaillons déjà sur les possibilités de décentralisation des moyens de diagnostic et de dépistage. » 

Par ailleurs, le gouvernement envisage la confection de 15 millions de masques de protection individuelle à distribuer aux populations. De même, il entrevoit le recrutement de 4 000 relais communautaires en vue d’assurer la communication de proximité. Le gouvernement a levé l’option d’accompagner le personnel soignant engagé dans la lutte contre le Covid-19. Un mécanisme de leur prise en charge a été mis en place.   

Impact sur l’économie

Pour sauver la situation socio-économique du pays, Sylvestre Ilunga Ilunkamba a fait observer que le gouvernement a pris une quarantaine de mesures exceptionnelles, à échéance immédiate, destinées à soutenir l’offre, à éviter la faillite des entreprises, à préserver le pouvoir d’achat des ménages et, par ricochet, le bien-être de la population. Parmi les mesures phares, pour soutenir l’offre de produits de première nécessité : l’exonération de tous impôts, droits, taxes et redevances sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutiques ainsi que sur les matériels et équipements médicaux liés à la pandémie pendant une période de six mois ; la suspension, durant trois mois, du paiement de l’impôt sur le revenu locatif à charge des entreprises ; le soutien, pour la relance des activités, au moyen d’un financement concessionnel du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) ; la levée des barrières policières et postes de contrôle, à l’intérieur du territoire, sur les voies d’acheminement des produits de première nécessité. Pour soutenir la demande de produits de première nécessité : l’octroi, durant une période de deux mois, de la fourniture d’eau et d’électricité à titre gratuit aux ménages, aux hôpitaux ainsi qu’aux micros, petites et moyennes entreprises frappées par la crise ; l’interdiction du déguerpissement des locataires n’ayant pas pu honorer leurs engagements uniquement de la période de mars à juin 2020 ; la suspension, durant une période de trois mois, de la perception de la TVA à l’importation, sur la production et la vente des produits de consommation de masse. 

En cette période de crise sanitaire et économique, les dépenses publiques sont forcément appelées à s’accroître. Dans ce contexte, face à la précarité du rythme de mobilisation des recettes publiques, le gouvernement n’a d’autre choix que de réduire le train de vie de l’État. Dans cette perspective, il s’attèle déjà à l’élaboration d’un collectif budgétaire en vue de présenter incessamment au Parlement la loi de finances rectificative pour l’exercice 2020.  En tenant compte des observations lors du Conseil des ministres restreint du 18 mai, des orientations du 1ER Ministre, du nouveau cadrage macro-économique, l’option d’une projection prudentielle du collectif budgétaire a été levée. En définitive, une baisse du budget limitée à 35,2 % a été retenue, ramenant le projet du budget rectificatif  à 12 024 milliards de nos francs. 

En vue de faire face au spectre de la récession économique qui se profile à l’horizon, le gouvernement a entrepris également l’élaboration d’un Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des effets du Covid-19 qui s’articule autour de trois axes prioritaires : (1) la riposte, la surveillance et le renforcement du système de santé à travers un projet holistique et efficace de prise en charge de la maladie ; (2) le soutien à la stabilité macroéconomique et à la relance de l’économie à travers la mise en œuvre des mesures d’appui aux activités économiques indispensables et susceptibles d’atténuer le choc dû à la pandémie, d’encadrer les secteurs productifs ; et (3) l’atténuation des risques et le soutien aux populations à travers des mesures et actions devant répondre aux besoins minima des populations pendant la période de crise.