Le train urbain incontournable d’ici 2025

Quels transports pour les Kinois dans l’avenir ? La capitale ploie déjà sous la pression de ses 12 millions d’habitants supposés. Et il se pose déjà le problème de déplacement en masse. Quelle alternative envisagée pour éviter l’asphyxie ? Le train urbain pourrait être la solution. 

Les trains du Chemin de fer interurbain (CFI) ont transporté 237 273 personnes au premier semestre 2018, renseigne la Société commerciale des transports et des ports (SCPT), ex-ONATRA qui le gère. L’entreprise dit pouvoir faire mieux si le reste de son réseau urbain est rouvert au trafic. En effet, la voie ferrée sur l’axe Gare centrale-Kinsuka dans la périphérie ouest n’est plus opérationnelle depuis plusieurs années, du fait du risque élevé de déraillement, avait fait comprendre Constant Omari, alors directeur du département du chemin de fer de l’ONATRA. 

Pendant ce temps, l’opérateur public routier, Transco, a dépassé les 25 millions de voyageurs transportés à Kinshasa. L’an dernier, avec 420 bus répartis sur 29 lignes sur un trajet journalier de 20 262 836 km, Transco a transporté 52 110 828 personnes. 

Défi permanent 

Pour autant, et en dépit de l’apport du projet Esprit de vie et tant d’autres privés, la mobilité à Kinshasa demeure un défi permanent pour les pouvoirs publics. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) redoute une asphyxie de la capitale d’ici 2025. Alors que d’ambitieux projets portés par le gouvernement sur la mobilité dans la capitale sont en veilleuse, pour ne pas dire expédiés dans la corbeille. 

Le transport fluvial urbain défendu par Augustin Matata Ponyo, ancien 1ER Ministre, n’a jamais connu de début. Un opérateur privé qui avait tenté l’aventure en a été vite dissuadé par les services. Pour des experts, seul l’élargissement du chemin de fer tirerait les 5 millions de Kinois qui se déplacent chaque matin, du goulot quotidien d’embouteillage. 

Pour rappel, la société belge Preferails a, en effet, élaboré, sur demande du gouvernement, un projet d’implantation d’un réseau de tramways à Kinshasa. Le rond-point de Victoire constituera la principale gare du RER kinois. La capitale compterait alors 4 lignes dont rond-point Victoire-aéroport de N’djili, rond-point Victoire-Kintambo Magasin. Ce qui n’irait pas sans casse. 

Tramway et RER

Selon un cadre de direction de la SCTP, le projet de tramway était à l’étude depuis des lustres. Au-delà d’un tramway, il faut à Kinshasa un réseau express régional (RER). Ce ne sont pas les moyens financiers pour réaliser ce projet qui devraient poser problème. Kinshasa devrait, en effet, finaliser, à moyen terme, le dossier du financement indien en faveur de la SCTP de quelque 250 millions de dollars destinés à réhabiliter le train interurbain dans la capitale. 

Le gouvernement prévoit, en outre, la création d’un Fonds national de promotion de transport public financé par le péage de certaines routes nationales et les parkings publics dans les grandes villes. Sinon la Coopération belge pourrait derechef venir à nouveau à la rescousse de la SCPT. L’on voit mal, en effet, la collaboration belge dans l’implantation du tramway à Kinshasa ne se limiter qu’à l’étape de l’élaboration du projet. 

Le CFI a été remis sur les rails grâce au financement de quelque 7 millions d’euros de la Coopération belge. Mais le chemin de fer interurbain ne dessert plus que la partie est de Kinshasa. La voie ferrée qui partait de la Gare centrale au faubourg ouest de la capitale vers Kinsuka n’existe pratiquement plus. 

Il y a quelques années, le département de chemin de fer de l’ONATRA avait dû renoncer à l’exploitation du pan ouest de la voie ferrée à cause des risques élevés de déraillement. Les normes sécuritaires faisant défaut. Coincées, par maints endroits, entre deux chapelets d’habitations, les voies ferrées de la capitale ne rassurent plus. Les lotissements sauvages ont, en effet, pris possession du domaine de l’ex-ONATRA dans tout le district de Lukunga. 

Sans chemin de fer…

Les autorités de la SCTP envisagent ferme de tout raser, tout détruire jusqu’à 35 m de part et d’autre des rails en vue de s’assurer d’une marge de sécurité conforme aux normes internationales en matière de voies ferrées. 

Mais pour des raisons sociales, André Kimbuta Yango, le gouverneur de la ville de Kinshasa, avait sollicité de la SCTP de se limiter dans les proportions de 15 m. Mais en 2015, la brigade de démolition de l’Hôtel de ville de Kinshasa s’est encore ravisée, jusqu’à 7 m. 

Lancée dans la commune de Lingwala, l’opération a été vite arrêtée pour ne plus jamais reprendre. De nos jours, les voies ferrées de la capitale traversent, en effet, des zones densément peuplées. Dans la partie ouest, la voie ferrée part de la Gare centrale et traverse les vieilles communes de Barumbu, Kinshasa, Lingwala, Kintambo et Ngaliema… jusqu’à Kinsuka, près des usines de traitement de grès. Il y a là un corps électoral considérable que l’on ne saurait négliger. 

Mais il semble que cette fois le gouvernement va passer à l’acte… après près de 10 ans d’atermoiements. À ce jour, les démolitions des habitations ne se sont déroulées que dans l’Est de Kinshasa, particulièrement dans les quartiers Funa et Socopao, dans la commune de Limete. 

Avec la relance du train interurbain que Matata tenait pour une priorité, la SCTP devra dans les prochains jours étendre, sous couvert de l’Hôtel de ville de Kinshasa, son action dans le Lukunga en vue de mettre définitivement un terme aux empiètements sur son emprise. Toutes les habitations, par exemple, qui surplombent l’avenue Kilosa dans les communes de Barumbu et Kinshasa devront en pratique être rasées.