Les Banques centrales ne lâchent rien alors que les investisseurs sont inquiets

Jusqu’où les indices vont-ils poursuivre leur tendance actuelle ? Les indices américains continuent à caracoler à la hausse, enregistrant au quotidien des records historiques. Et pourtant, sur la croissance mondiale ou sur les risques sanitaires, les investisseurs sont prudents.

CETTE EMBELLIE des actions américaines s’explique par les anticipations de redressement spectaculaire de la capacité bénéficiaire des entreprises, délivrant ainsi une prime de risque attractive. Cet avantage perdurera tant que les taux proposés par les obligations sans risque resteront aussi bas, un scénario tout à fait plausible à l’analyse du dernier message de la Fed. L’actualité économique, sanitaire et géopolitique s’intensifie mais rien n’affecte la trajectoire rectiligne des indices américains qui écartent encore le différentiel de performance avec les actions européennes. Les gains hebdomadaires permettent d’amplifier les performances aoûtiennes, proches de l’euphorie (+12 % sur le Nasdaq), reléguant très loin les scores négatifs qui caractérisent historiquement cette séquence estivale.

Indices

La semaine dernière, en Asie, le Nikkei est resté relativement stable (-0.16 %) alors que Shinzo Abe, le 1ER Ministre, a annoncé sa démission le vendredi 28 août. En parallèle, le Hang Seng s’est adjugé 1.2 % alors que la Bourse de Shanghai s’est démarquée et a signé un gain de 2.7 %. L’embellie caractérise la trajectoire des indices européens puisque l’Euro Stoxx 50 a progressé de 2.1 %. Le CAC 40 (+2.5 %), le DAX (+2.5 %) et l’IBEX 35 (+2.3 %) ont fait légèrement mieux. À l’inverse, le Footsie et l’Italie sous-performent l’indice large européen, avec une performance respective de +0.2 % et +1.4 %. Aux États-Unis, alors que la Fed a dévoilé sa nouvelle stratégie lors du symposium de Jackson Hole, les indices américains s’envolent toujours plus haut. Pour ne pas changer, le Nasdaq a réalisé la plus forte croissance (+3.2 %). Le S&P 500 (+2.9 %) et le Dow Jones (+2.7 %) suivent de près.

Matières premières. L’ouragan Laura a rythmé les dernières séances des marchés pétroliers la semaine dernière. Désormais rétrogradé en tempête tropicale, il a entraîné l’arrêt d’un peu plus de 80 % de la production pétrolière dans le Golfe du Mexique. Toutefois, les opérateurs anticipent déjà la reprise de la production américaine puisque les cours pétroliers ont terminé une fois de plus la semaine proche de l’équilibre. Le Brent s’est négocié ainsi à 45 dollars le baril alors que le WTI s’est échangé autour de 42 dollars.

Le discours accommodant de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, depuis Jackson Hole a suscité des réactions variées sur le cours des métaux précieux. Dans un premier temps fragilisés, les prix ont ensuite repris de la hauteur en fin de semaine. L’or s’est traité proche de son plus haut de la séquence hebdomadaire, à 1 960 dollars, tout comme l’argent à 27.5 dollars. L’heure est à la stabilisation des cours sur le compartiment des métaux de base. Le cuivre s’est consolidé autour de 6 600 dollars la tonne métrique, le nickel a avancé prudemment à 15 100 dollars, tandis que l’étain a rebondi à 17 700 dollars.

Marché actions. Après l’or, c’est l’argent qui a fait parler de lui en Bourse. À ce titre, beaucoup sont capables de citer quelques minières aurifères, mais l’exercice est plus difficile lorsqu’on évoque les sociétés spécialisées dans l’extraction d’argent. Négociée à la Bourse de Londres, Fresnillo est le plus gros producteur d’argent au monde avec 54.6 millions d’onces extraites en 2019. Cette activité représente 36.5 % de son chiffre d’affaires. Fresnillo est également le deuxième plus gros producteur d’or du Mexique. Les ventes du métal jaune pèsent pour près de 50 % de ses revenus. Le reliquat concerne le zinc et le plomb.

On ne peut pas parler de valeur de croissance pour Fresnillo puisque son chiffre d’affaires est relativement stable depuis 2017 et n’a progressé que de 1,3 %. Cela s’explique notamment par sa corrélation avec les cours des métaux précieux. Si l’or connaît un succès depuis l’été dernier, l’argent ne s’est réveillé que très récemment. En revanche, Fresnillo a très bien surfé sur la tendance haussière de l’or et de l’argent. Son cours s’est apprécié de 92 % depuis le début de l’année et la valeur atteint désormais une capitalisation de plus de 10 milliards d’euros. Pour l’acheter, il faudra s’acquitter d’un PER estimé à 2021 de 21,2x soit près de deux fois moins que son PER moyen depuis 2010 qui s’est établi à 40,9x.

Marché obligataire. Le symposium de Jackson Hole conserve sa très grande importance pour les marchés financiers. En effet, le discours d’ouverture de Powell a fait grimper les rendements vers le ciel des deux côtés de l’Atlantique. La Fed se concentrera à l’avenir davantage sur un objectif d’inflation moyenne de 2 %. Cela ouvre la voie à un dépassement temporaire de ce chiffre, sans que cette dernière ne soit contrainte pour autant de relever ses taux directeurs. Le baromètre du marché obligataire américain sur 10 ans a varié de plus de 100 points sur l’annonce portant ainsi à 0.76 % de rendement sur le Tbond.Le camp baissier sur les obligations souveraines semble avoir pris un large avantage sur la semaine. Le bund allemand s’est négocié sur une base relevée de -0.38 %, tout comme l’OAT française qui se rapproche du zéro symbolique. L’Italie a vu sa dette rémunérée à 1.04 % et celle de l’Espagne à 0.41 %. Quant à la Suisse, sa référence obligataire à 10 ans s’est traitée avec un rendement de -0.43 %, épousant la même trajectoire que les autres titres d’États.

Marché des changes

La semaine dernière, l’euro a tenu bon face au dollar, malgré les résurgences de la pandémie en Europe et des statistiques américaines assez robustes. Il faut dire que les deux côtés de l’Atlantique n’en sont pas vraiment au même stade face à la pandémie, ce qui explique une partie du décalage des indicateurs de dynamique industrielle. La séance a été agitée le jeudi 27 août dans le sillage des déclarations de Jerome Powell mais tout semble rentré dans l’ordre. 

Les cambistes sont dans une ambiance de renforcement de la monnaie unique poussant ainsi les positions longues à un niveau rarement atteint. Les cambistes ont montré une grande prudence sur leurs positions en yens préférant s’alléger avec la rumeur de démission du 1ER Ministre japonais. Le yen s’est affaibli face à toutes ses contreparties majeures telles le dollar à 106.5 JPY ou encore face à l’euro à 126 JPY.

Du côté des monnaies émergentes, le rouble reste sous pression depuis quelques jours, dans le sillage des tensions en Biélorussie, un État-satellite russe et du probable empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny, transféré de Sibérie vers une unité de soin en Allemagne. Il faut 75 roubles pour acheter un dollar, contre 70 seulement, il y a deux mois.

Statistiques économiques. La semaine dernière, nous avons eu droit à la publication des PIB de plusieurs économies européennes. Ils se situent tous à des plus bas historiques ce qui confirme l’entrée en récession du Vieux Continent. Au deuxième trimestre, l’économie norvégienne s’est contractée de 5.1 % alors que l’Allemagne s’est enfoncée de près de 10 %, taux qui n’avait plus été vu depuis la seconde guerre mondiale. L’économie suisse recule également de 8,2 %. La France a également publié ses chiffres et fait office de mauvais élève en abandonnant près de 14 %.

Outre-Atlantique, la semaine a été marquée par la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole et le discours de Jerome Powell. À cet égard, la Fed se tient prête à utiliser l’ensemble de ses leviers d’action pour répondre à l’objectif de reprise même avec de l’inflation temporaire. Les taux vont donc probablement rester bas encore longtemps. Au niveau de l’emploi, le nombre de nouvelles demandes d’allocations chômage est tombé à 1006K. Pour autant, la confiance des consommateurs américains se dégrade à 84.8, contre 93 attendu.