QUELS sont les besoins et les défis propres à l’Afrique ? Hendrik Broering, CPO chez AMMP Technologies, pense que les modèles commerciaux et les marchés de l’électricité fonctionnent différemment et la disponibilité du système est vitale dans les pays où l’approvisionnement est intermittent. Par exemple, dans un pays comme le Nigeria, il existe une incitation à utiliser les technologies numériques pour augmenter la disponibilité. Les solutions logicielles de surveillance qui visent à garantir les performances solaires photovoltaïques deviennent de plus en plus populaires pour cette raison.
Jörg Althaus, le directeur régional pour l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique pour l’énergie solaire et coordinateur du segment mondial des centrales photovoltaïques, TV Rheinland, explique que bien avant le Covid-19, la numérisation avait changé la nature du secteur. L’utilisation des logiciels pour s’assurer que tout le monde parle le même langage s’intensifie, de même que l’utilisation des drones et d’IA (intelligence artificielle). La collecte de géodonnées à distance est plus fréquente grâce à l’utilisation des logiciels et des capteurs dédiés, fournissant des données vitales tout au long de toutes les phases du projet.
Avantages de la digitalisation
Chanda Nxumalo, la directrice d’Harmattan Renewables, souligne les avantages de la numérisation pour la gestion des actifs pendant la pandémie. Il est de plus en plus vital pour les développeurs, les IPP et les prêteurs d’avoir un enregistrement centralisé des informations sur les centrales solaires. L’utilisation des données générées par les stations de surveillance au sol est importante tout au long du cycle de vie du projet. En raison des restrictions de voyage et des verrouillages liés au Covid-19, un nombre minime de personnes ont été sur place. Cependant, la digitalisation a permis aux équipes d’obtenir des informations sur site concernant les tests, l’inspection et la vérification, etc. Toutes ces données peuvent désormais être centralisées à l’aide d’un logiciel spécifique, et sont accessibles à tous.
La numérisation augmente la précision des données. Emilio Marconell, COO de Powertis, mentionne que les outils actuels sont insuffisants et que les modèles de génération classique ont des limites claires. Le suivi précis des problèmes de désalignement, des pertes thermiques et des variations d’irradiance, par exemple, est un défi, encore plus maintenant avec les modèles bifaciaux. Des outils numériques précis sont en cours de développement pour s’assurer que les développeurs de projets ont une compréhension claire du nouveau développement et un coût de l’énergie nivelé (LCOE) correct.
Innovation numérique pour les mini et microgrids. Peter Lilienthal, le fondateur de Homer Energy, explique que les petits micro et mini-réseaux sont utilisés comme plateformes d’innovation. Les systèmes hybrides sont de plus en plus populaires et, comme ils sont plus petits et plus nombreux, l’innovation est plus facile. L’innovation peut être vue dans l’utilisation de la surveillance à distance, du comptage à distance et des compteurs payants, etc. Ces réseaux stimulent également l’adoption des énergies renouvelables, et à leur tour, le besoin de nouvelles solutions de stockage, de gestion de la charge et de tarification.
Les services publics n’ont pas besoin de résoudre seuls la pauvreté énergétique. La précarité énergétique est plus grave dans certains pays africains que dans d’autres. De même, en Asie, surmonter ce défi nécessite des efforts de collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Lors d’une discussion au coin du feu qui a été créée au Festival de l’énergie numérique, Kristina Skierka, PDG de Power for All, met en lumière l’initiative de l’organisation visant à améliorer l’accès à l’énergie. Selon Skierka, les services publics ne sont pas les seuls responsables de la tâche.
Sans une source d’énergie fiable et abordable pour tous, il sera difficile de mettre fin à la précarité énergétique, ce qui nécessite une approche énergétique intégrée. Qu’est-ce que l’énergie intégrée ? Le concept d’énergie intégrée est un terme relativement nouveau. Il y a environ deux ans, avec le soutien de la Fondation Rockefeller, avec certains des dirigeants, réunis pour comprendre ce que la définition et ce que signifierait l’énergie intégrée.
ODD7 en retard
L’Objectif de développement durable (ODD7) est essentiellement en retard par rapport à ce qu’il devrait être, avec 10 ans pour un accès universel pour tous. Et pour la plupart, le réseau central a été la connexion de choix pour les dollars de développement. L’investissement mondial a en fait augmenté de 2,5 fois en 15 ans. Mais pourtant, dans le même temps, le nombre de personnes pauvres en énergie n’a pas vraiment diminué en quantités significatives. Donc, quelque chose ne fonctionne pas.
Lorsqu’on envisage d’atteindre certains des objectifs nationaux qui ont été fixés dans des pays comme le Nigéria, l’Ouganda et l’Éthiopie, on doit envisager littéralement des centaines de millions de connexions par an pour atteindre ces objectifs. Mais il y a des limites à cet état d’esprit de l’utilitaire 1.0. Par le biais de l’initiative utilities 2.0, au lieu de considérer les énergies renouvelables décentralisées comme une menace, les services publics centralisés verront les énergies renouvelables décentralisées ou DRE comme un partenaire pour résoudre et relever leurs plus grands défis et l’électrification universelle.
Les statistiques indiquent que, dans de nombreux pays pauvres en énergie, les services publics souffrent d’incroyables pertes de transport et de distribution, souvent cinq à dix fois plus importantes que celles des pays développés. Il y a plus de 500 heures par an d’interruptions de service dans certains pays et un déficit moyen des services publics d’environ 10 cents le kilowattheure, ce qui peut représenter en fin de compte près de 2 % du PIB de certains pays.