À VOIR de plus près, la récente estimation des pertes à quelque 314 milliards de dollars est supérieure de 25 % à la précédente projection de l’Association internationale du transport aérien (IATA), publiée le 24 mars dernier, et représente une chute de 55 % des revenus tirés du transport de passagers par rapport à 2019. « Les prévisions du secteur s’assombrissent de jour en jour. L’ampleur de la crise rend une reprise en forme de V (chute suivie d’un rebond immédiat, NDLR) peu probable. Il s’agira d’une reprise en U (une chute suivie d’une stagnation avant la reprise, NDLR) », a commenté Alexandre de Juniac, le directeur général de l’association.
Reprise en U?
D’après lui, des réunions devaient débuter à partir de la fin de la semaine dernière pour mettre au point, avec les gouvernements, « un plan de redémarrage du secteur selon une approche par régions » dans le monde et basé vraisemblablement sur une reprise d’abord des vols « intérieurs, puis régionaux, puis continentaux et enfin intercontinentaux ».
Dans le même temps, l’administration Trump et les compagnies aériennes américaines sont parvenus mardi 14 avril à un accord de principe sur un plan de sauvetage destiné à éviter leur faillite et des cascades de licenciements dans un secteur qui emploie directement plus de 750 000 personnes aux États-Unis.
Cet accord intervient après des jours d’âpres négociations: American Airlines, Delta Air Lines, United Airlines et Southwest, soit les quatre grandes compagnies aériennes du pays, étaient arrivées méfiantes à la table de discussions, craignant des demandes draconiennes du gouvernement fédéral, dont une possible nationalisation. Le plan historique de 2 200 milliards de dollars de relance de l’économie, promulgué fin mars par le président Donald Trump, prévoit 25 milliards de dollars de subventions aux compagnies aériennes pour préserver les emplois.
« Nos compagnies aériennes sont maintenant en meilleure situation et elles vont se sortir de cette période très difficile dans laquelle elles ne sont pour rien », s’est félicité le président Donald Trump, lors de son point presse quotidien à la Maison Blanche sur la crise sanitaire. Les termes de l’accord n’ont pas été dévoilés par le Trésor, qui s’est contenté de déclarer : « Nous avons hâte de finaliser les arrangements nécessaires et de faire parvenir les fonds aussi vite que possible ».
D’après des sources proches du dossier, le ministère a récemment informé les compagnies aériennes qu’elles devaient rembourser à terme 30 % de l’argent qu’elles devraient recevoir. Le gouvernement fédéral devrait aussi recevoir en échange de son aide des « warrants », qui sont des produits financiers pouvant être convertis en actions. Ces « warrants », dont le prix est généralement fixé à l’avance, devraient représenter 10 % de la valeur de l’aide que percevra chaque compagnie. L’État devrait par conséquent devenir un actionnaire minoritaire de la dizaine de compagnies aériennes signataires.
Bouffée d’oxygène
Le Trésor américain juge que l’accord « va permettre de soutenir les travailleurs américains et préserver toute l’importance stratégique de l’industrie aérienne tout en offrant une compensation appropriée aux contribuables ». L’accord trouvé avec le Trésor offre aux compagnies aériennes une bouffée d’oxygène mais il en faudra davantage pour relancer l’activité. Elles peuvent aussi prétendre à des prêts garantis à hauteur de 25 milliards de dollars mis à leur disposition par le gouvernement fédéral. American Airlines a annoncé qu’elle sollicitera ces crédits.
Certaines compagnies songent par ailleurs à des solutions originales, comme brader à l’avance des « miles » aux banques dans le cadre des partenariats qui les lient. Pour attirer les consommateurs, les établissements financiers et les émetteurs de cartes de crédit bancaires proposent des cartes faisant gagner à leur propriétaire des « miles » à chaque achat effectué.