Les transporteurs s’agitent à la suite du réajustement des prix à la pompe

On s’y attendait. Le litre de l’essence a encore augmenté de 1 650 à 1 730 francs, celui du gasoil est passé de 1 640 à 1 720 francs depuis une semaine déjà. Et ils pourraient encore monter dans les prochains jours, de source sûre. 

 

La surchauffe continue à la pompe dans les stations-service. Latentes au début de la crise actuelle du franc, des tensions autour du prix du carburant deviennent de plus en plus manifestes. Les pétroliers ont exigé l’application du deuxième palier de la hausse des prix à la pompe. Ils l’obtenu car il est d’application depuis le 7 juin, deux mois seulement après un réajustement. Pour rappel, une délégation des sociétés distributrices des produits pétroliers s’était entretenue le 5 mai avec l’ancien 1ER Ministre, Samy Badibanga Ntita, pour exiger une énième hausse des prix des produits pétroliers à la pompe à « brève » échéance. Un mois après, c’est fait.

Les réactions.

Le litre de l’essence a encore augmenté de 1 650 à 1 730 francs, celui du gasoil est passé de 1 640 à 1 720 francs depuis le 7 mai. Et ils pourraient encore monter dans les prochains jours, laissent entendre des sources proches de la profession pétrolière.  Jusque-là, les réactions sont mitigées. Mais ça maugrée déjà chez les transporteurs. Qui jusque-là n’ont pas bougé les tarifs dans le transport en commun. Et ça ne saurait tarder, on fait savoir des représentants de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO). Celle-ci est demanderesse de nouvelles concertations avec l’autorité urbaine pour discuter de nouvelles dispositions à prendre. Ce n’est pas tant la hausse à la pompe que redoutent tant les Kinois, mais l’emballement général des prix par effet de domino.

En effet, le gouvernement et la profession pétrolière n’émettent pas sur la même longueur d’ondes. Lors de la rencontre du 5 mai, le cabinet Badibanga a estimé que la question de la hausse devrait être examinée par le nouveau gouvernement, celui de Bruno Tshibala, aux affaires depuis quelques semaines seulement.

Et il a demandé aux pétroliers de continuer à fournir le carburant aux services publics de l’État et d’attendre le moment opportun… Le manque à gagner devrait être pris en compte. Comme quoi, le gouvernement n’était pas opposé à un nouveau réajustement comme convenu. « Les paramètres ont changé parce que les produits pétroliers importés nécessitent la disponibilité des devises, qui doivent être achetés sur le marché. », avait expliqué Modeste Bahati Lukwebo, alors ministre de l’Économie.

Or les devises se font rares entraînant ainsi la dépréciation continue du franc et le pays traverse une zone des turbulences politiques. Tout cela a une incidence négative sur les paramètres macroéconomiques, particulièrement sur les prix, a reconnu Bahati Lukwebo. Il va sans dire que, dans les prochains mois, un réajustement des prix du carburant va être constaté dans les stations-essence de la place. Au mois de mars, les prix du litre du super et du gasoil étaient respectivement passés de 1 450 à 1 650 francs, et de 1 440 à 1 645 francs. Depuis le début de l’année, la profession pétrolière met le gouvernement sous pression exigeant le principe de « vérité de prix ».

Avant d’obtenir la première hausse des prix, les sociétés pétrolières distributrices ont soumis les automobilistes et les autres utilisateurs de produits pétroliers à un « sevrage » en réduisant les heures de vente dans les stations-service pendant plusieurs jours. Cela n’avait rien d’étonnant pour le citoyen lambda car, des années durant, les sociétés distributrices utilisent le même mode opératoire pour obtenir gain de cause.

Pour elles, le délitement du franc est un manque à gagner  sur chaque litre vendu dans un environnement catastrophique  Le rationnement à la pompe est le seul moyen pour elles de contraindre l’État à céder à leurs revendications. Samy Badibanga Ntita a su gérer la « crise » de la manière qu’il a pu, c’est-à-dire le réajustement progressif des prix à la pompe. Avec la promesse que le prix du litre à la pompe ne franchira pas la barre de 200 francs d’un seul coup. La RDC est l’un des pays au monde où le prix du carburant est plus élevé. Il y a peu, le prix du litre avoisinait les 2 dollars. Le prix du carburant est fonction du prix moyen frontière, de la fiscalité, de la parafiscalité mais aussi du taux de change. Cependant, la question n’a jamais fait l’objet des discussions en profondeur entre le gouvernement et la profession pétrolière.

Préserver la paix sociale

À Kinshasa, la dépréciation du franc par rapport au dollar n’est jamais perçue comme une bonne chose. Les prix (essence et gasoil) du carburant ont tendance à s’aligner automatiquement sur le taux de change, et les conséquences sur le marché sont très redoutées. En effet, ils entraînent avec eux les prix des denrées alimentaires et les tarifs dans le transport en commun. Depuis toujours, le gouvernement cherche à éviter l’ire populaire en bloquant les prix par la subvention. Ce fut le cas pour le carburant à une certaine période. Mais les pétroliers distributeurs réclament, eux, la politique de vérité de prix.

Entre la hausse même légère et la sécheresse à la pompe, le choix est clair, avait laissé entendre Modeste Bahati. Quitte à maîtriser les effets collatéraux de la hausse des prix à la pompe sur les tarifs de transport en commun, par exemple, du fait d’une période d’incertitude en pleine crise politique. Si, jusque-là, le manque de carburant ne se fait pas sentir, c’est parce que la vente au noir du produit (avec plomb) venant d’Angola via Lufu se porte bien dans la capitale et est bon marché (entre 5 000 et 7 000 francs/5 litres).