L’impact de la pandémie sur le secteur de recouvrement en RDC

Le groupe AJF Sarl s’intéresse à la situation des débiteurs à l’aune du Covid-19. Comme dans plusieurs pays d’Afrique, les conséquences économiques dans notre pays font froid au dos.

LA BAISSE des cours des matières premières, dont le marché mondiale, et plus spécifiquement l’économie chinoise, raffole, a affecté le secteur minier porteur de l’économie congolaise. La pandémie a freiné la mobilisation des recettes intérieures et a exercé des pressions importantes sur les réserves de change entrainant un saut du taux de change de 1 650 à 1 900 FC pour 1 dollar américain, couplée à la baisse d’activité sur toute l’étendue d’un pays-continent  incitant  le retard de paiement des entreprises publiques et une grande difficulté pour l’État congolais lui-même d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires et créanciers internes. 

Frappe chirurgicale

Du constat de notre [groupe AJF Sarl] service PME, 45 % des débiteurs (PME, membres des groupes solidaires) des institutions de microfinance n’ont pas été en mesure d’honorer leurs échéanciers de paiement au 31 avril 2020. Bien que les secteurs de transport, de tourisme et de l’HORECA (hôtellerie, restauration, cafés) aient été les premiers à être affectés, les autres n’ont pas tardé à courber l’échine et les retombées se font déjà sentir.

Une frappe chirurgicale sur le secteur de recouvrement. Les débiteurs trouvent toujours des raisons et motifs qui leur semblent légitimes afin de ne pas payer et de renvoyer le paiement à plus tard. Comme lu dans un article de nos partenaires de TCM Belgique, dans les temps et les situations ordinaires, le « citoyen ordinaire » a déjà des raisons nombreuses et variées de ne pas payer. Cependant, lorsque le débiteur n’a plus de liquidités, il est presque certain qu’il ne pourra pas payer ou ne pourra pas payer rapidement. Ainsi, les conséquences du coronavirus conduiront au mieux à un report de plusieurs mois ou années et, au pire, à une perte de richesse.  

En RDC comme dans les autres pays où nous [groupe AJF Sarl] intervenons, l’avènement du nouveau Covid-19 n’a pas laissé notre secteur à l’abri : déjà certaines mesures ont été prises par les gouvernements afin d’accorder des délais de paiement à une catégorie des locataires, et la suspension du calcul des pénalités de retards pour les crédits bancaires après concertation avec l’union des banques [Association congolaises des banques (ACB)]. Les appels d’incapacité d’honorer les échéanciers se sont multipliés et les demandes de prorogation des délais de paiement ont afflué pour la simple raison que les entreprises n’ont pas su respecter leurs paiements et se sont réservé de  confirmer leur plan de paiement initial avant d’avoir une idée sur la propagation du virus et ses dommages collatéraux. Avec le fonctionnement au ralenti de plusieurs entreprises, l’autre paire de manches en RDC a été le confinement du principal centre des affaires de la ville de Kinshasa, la commune de la Gombe et l’interdiction des mouvements entre la capitale et les provinces. Durant la  période du 15 mars au 31 avril 2020, à l’instar de plusieurs sociétés de recouvrement partenaires à travers le monde, l’on a constaté une augmentation exponentielle des demandes de  recouvrement en quelques jours et, d’un autre côté, une forte baisse de paiement des débiteurs. 

Notre service PME affilié aux coopératives et aux institutions de microfinance (IMF) et qui gère les dossiers généralement constitués des crédits aux groupes, nous a avertis que 25 % des clients individuels et 17 % des groupes solidaires ont introduit des demandes de rééchelonnement. Il a tiré la sonnette d’alarme sur une cessation de paiement massive de plusieurs petites entreprises et petits commerçants indépendants.

La continuité de nos services malgré les conditions de travail. Entretemps, malgré les mesures de confinement, au sein du groupe AJF Corporation,  nous avons adapté notre travail au contexte actuel afin de maintenir le contact avec les débiteurs pour honorer les échéances de paiements malgré les conditions de travail difficiles et rapporter aux clients et aux partenaires l’évolution de la solvabilité de leurs débiteurs.