L’incertitude sur les nouvelles prévisions de 2021

La pandémie de Covid-19 a provoqué un changement de paradigme majeur, qui joue paradoxalement en faveur des perspectives plus favorables, du moins à court terme. Certains indicateurs macroéconomiques montrent une amélioration de la croissance économique mondiale pour cette année

SELON LE FONDS monétaire international (FMI), la vaccination contre le virus (Covid-19) laisse espérer une croissance mondiale plus forte en 2021. Le PIB global devrait rebondir de 5,5 %, soit une hausse de 0,3 point comparé aux estimations d’octobre 2020. On retiendra utilement une perte cumulée de 22 000 milliards de dollars pour le PIB mondial. En effet, la pandémie va laisser des traces pendant longtemps sur l’économie mondiale même si la vaccination accélérée laisse espérer une croissance plus forte que prévu cette année, prévient le FMI. Ce nombre gigantesque a été calculé à partir des estimations faites avant la pandémie de coronavirus pour les années à venir, a expliqué Gita Gopinath, l’économiste en chef lors d’une conférence de presse de présentation des dernières prévisions mondiales. Cette perte est « substantielle », a-t-elle commenté.

Le Fonds s’attend désormais à un rebond de 5,5 % du PIB mondial, contre 5,2 % trois mois plus tôt, à la faveur de l’accélération de la vaccination et des plans d’aide massifs des gouvernements. Cette croissance suivra « un effondrement dramatique », a relevé Gita Gopinath, tout en soulevant « l’incertitude extraordinaire » entourant ces nouvelles prévisions. La croissance pourrait être plus forte ou plus faible: « cela dépendra du résultat de la course entre le virus en mutation et les vaccins, et dans quelles mesures le soutien politique se poursuit », a-t-elle résumé.

Scénario de référence

Le scénario de référence repose sur « une large disponibilité » des vaccins dans les économies avancées et certains pays émergents en juin 2021 ainsi que dans la plupart des pays d’ici la seconde moitié de 2022, soit un calendrier accéléré par rapport aux attentes d’octobre 2020. Pour autant, cette dernière estimation recouvre des réalités disparates d’un pays à l’autre. Par exemple, les États-Unis, première puissance économique mondiale, devraient ainsi enregistrer une croissance de leur PIB de 5,1 % (+2 points) dopé par le dernier plan de soutien économique de 900 milliards de dollars adopté fin décembre. Il s’agirait alors de la plus forte croissance annuelle depuis 1984.

C’est sans compter l’impact potentiel du gigantesque plan de sauvetage de 1 900 milliards dévoilé début janvier par le nouveau président démocrate Joe Biden, qui doit être prochainement négocié au Congrès. Ce plan pourrait apporter 5 % de croissance supplémentaire sur trois ans (2021-2023), selon une estimation très préliminaire du FMI. La Chine enregistrera, elle, une croissance de 8,1 %, à peine moins que les 8,2 % projetés il y a trois mois. Mais la deuxième puissance économique mondiale a retrouvé depuis le dernier trimestre 2020 ses niveaux d’avant-pandémie. En zone euro, par contre, la résurgence de la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement qui en résultent ont affaibli de nouveau l’activité. Et le retour au niveau économique de fin 2019 n’est pas prévu avant 2022. Le FMI n’attend plus qu’un PIB à 4,2 % (-1 point).

L’Allemagne devrait enregistrer une croissance de 3,5 % (-0,7 point), la France +5,5 % (-0,5 point), l’Italie +3 % (-2,2 points) et l’Espagne +5,9 % (-1,3 point).

Et toujours sur le vieux continent, le Royaume-Uni, frappé par le variant du nouveau coronavirus, voit sa prévision également abaissée, à 4,5 % (-1,4 point).

Les États-Unis et le Japon devraient, quant à eux, retrouver leur niveau d’avant crise dès le second semestre 2021.

« Face à l’incertitude, l’heure n’est pas au retrait prématuré des aides gouvernementales », insiste Gita Gopinath. Cette mise en garde intervient au moment où des réticences apparaissent dans les rangs républicains et démocrates aux États-Unis concernant le plan de sauvetage proposé par Joe Biden. Les craintes reposent notamment sur l’explosion attendue du déficit budgétaire en cas d’adoption de ce gigantesque plan. Parmi les éléments donnant matière à espérer une croissance encore meilleure que prévu cette année : la fabrication de vaccins, y compris ceux en cours de développement dans les économies émergentes ainsi que leur distribution et l’efficacité des thérapies. Cela signifierait une fin de pandémie plus rapide, renforçant la confiance des entreprises et des ménages. Une hypothèse qui entraînerait une reprise plus forte de la consommation, de l’investissement et de l’emploi. A contrario, la croissance pourrait s’avérer inférieure aux 5,5 % attendu si la flambée de virus, y compris à partir de nouveaux variants, s’avère plus difficile à contenir. Les espoirs d’une sortie relativement rapide de la pandémie seraient alors anéantis, dissipant ainsi la confiance. Le FMI envisage aussi des troubles sociaux potentiels en raison d’une inégalité accrue et d’un accès inégal aux vaccins et aux thérapies. Pour 2022, le Fonds laisse inchangée sa prévision à 4,2 %. En revanche, la contraction du PIB enregistrée l’an passé a finalement été moindre quoique toujours historique (-3,5 %), loin cependant des 5,2 % estimés en juin 2020.