LE GOUVERNEMENT angolais a lancé un cycle d’octroi de 10 licences d’exploration de pétrole et de gaz (blocs 11 à 13, 27 à 29, et 41 à 43) dans les bassins du Namibe et de Benguela. Il s’agit des dans le Namibe et de 10 autres dans le bassin de Benguela. Avec ces 10 blocs à fort potentiel, Luanda espère accroître sa production et avoir assez d’huile pour construire des raffineries afin de réduire les importations des produits pétroliers qui coûtent cher au Trésor. C’est dans cette perspective qu’un nouveau régulateur été installé pour encadrer le processus. C’est dire l’importance stratégique de ce nouveau cycle pour le secteur.
Pour rappel, en septembre dernier, les responsables de l’entreprise publique du pétrole, Sonangol, avaient échangé avec des investisseurs à Houston aux États-Unis pour préparer cette étape du processus. Ce cycle d’octroi d’une durée de six ans, est la première vente aux enchères publiques en Angola depuis celle de blocs des couches pré-salifères en 2011, et la première d’une série de 55 blocs qui seront mis en vente aux enchères directes d’ici 2025. Un autre cycle d’octroi des licences concernant les périmètres arrivés à maturité est en cours de préparation. Il est prévu des facilités fiscales intéressantes pour les investisseurs.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Joao Lourenço, l’Angola s’est engagée à stimuler l’exploration, à maximiser le remplacement des réserves et à accroître la production nationale de pétrole et de gaz, sujette à léger recul actuellement. Voilà pourquoi cette année est cruciale pour le secteur pétrolier et gazier angolais. Le gouvernement avait projeté d’organiser, au cours de ce mois de juin (4-6 juin), une grande conférence en la matière afin de baliser la route pour les six prochaines années.
Depuis son pic de près de 1,9 million de barils par jour (bpj) en 2008, la production se situe dix ans après à 1,478 millions de bpj. D’où la préoccupation de nouvelles autorités angolaises d’entreprendre une vaste réforme. Le gouvernement angolais a en effet publié en février dernier un nouveau décret présidentiel détaillant la stratégie d’octroi des licences pour les six prochaines années. Ce décret (52/19) s’inscrit dans la ligne droite des efforts de l’administration Lourenco visant à garantir les investissements en exploration dans le but d’accroître la production. Depuis qu’il a accédé au pouvoir d’État en 2017, João Lourenço, le président angolais, pilote lui-même ce programme de réforme ambitieux qui vise à transformer radicalement la gouvernance dans ce pays. En mai 2018, il avait déjà signé trois décrets relatifs à la gouvernance et à la réglementation dans le secteur pétrolier et gazier de l’Angola. Le premier décret (5/18) établit le cadre des activités d’exploration des zones de développement. Le décret (6/18) réglemente le développement des champs marginaux, tandis que le décret (7/18) encadre la prospection, la recherche, l’évaluation, le développement, la production et la vente de gaz naturel.
Intérêt stratégique national
Pour des experts, on pourra maintenant s’attendre à ce que ces réformes engagées dans le cadre de la nouvelle stratégie en matière d’octroi de licences suscitent davantage d’intérêt des sociétés africaines et des compagnies internationales pour l’exploration de basins angolais. Les mêmes experts notent que l’année 2019 sera une « année cruciale » pour le secteur pétrolier angolais. Le décret de février dernier définit donc la nouvelle stratégie générale du pays en matière d’attribution de concessions pétrolières jusqu’en 2025.
Selon les termes du décret, les concessions pétrolières sont soumises à trois modalités différentes : un appel d’offres public, un appel d’offres public limité et les négociations directes. L’appel d’offres public suit la procédure et les modalités décrites dans le décret présidentiel 86/18. Dans le cadre d’une telle vente aux enchères, la compagnie nationale Sonangol a droit à une participation de 20 % dans des activités de recherche dans le cas où elle n’est pas l’exploitant du bloc.
En 2020, il est envisagé d’attribuer les blocs CON1, CON5 et CON6 dans le bassin du Congo (onshore) et les blocs KON5, KON6, KON8, KON9, KON17 et KON20 du bassin de Cuanza (onshore). Enfin, les blocs CON2, CON3, CON7 et CON7 du bassin du Congo (onshore) et les blocs KON1, KON3, KON7, KON10, KON13, KON14, KON15 et KON19 du bassin de Cuanza (onshore) seront soumis à une vente aux enchères publique en 2023.
Pour des raisons d’intérêt stratégique national, l’octroi de certains blocs sera soumis à un appel d’offre limité à un certain nombre de sociétés préalablement sélectionnées. Cette modalité sera réservée aux sociétés ayant des connaissances, une expertise et des compétences techniques et technologiques avérées en Angola ou dans d’autres provinces pétrolières similaires. La procédure suivra les règles énoncées dans le décret présidentiel n°86/18 et s’appliquera en 2021 aux blocs maritimes 7, 8, 9, 16, 33 et 34 et aux zones libres 31 et 32, et en 2025 aux blocs 22, 24, 25, 26, 35, 36, 37, 38, 39 et 40.
Enfin, les blocs 6, 30, 44, 45, 46 et 47 sont ouverts à des négociations directes, qui doivent être conclues avant la fin du premier semestre de 2019. Les entreprises retenues doivent signer un contrat de service à risque et démontrer une expérience, expertise et capacités techniques et technologiques pour de telles opérations en Angola ou dans d’autres provinces pétrolières.