Menace de grève chez les routiers poids lourds sur la route Kinshasa-Matadi-Boma

Dans une lettre adressée au gouverneur de la ville de Kinshasa, avec copie réservée à plusieurs autorités du pays, dont notamment le chef de l’État et le 1ER Ministre, le syndicat professionnel de transport routier FORC fait fort dans la revendication. En tout cas, si rien n’est fait pour baisser leur ire, les chauffeurs et les convoyeurs syndiqués de FORC menacent d’arrêter le travail à tout moment pendant ce mois de janvier.

GROGNE dans le secteur routier poids-lourds, axe Kinshasa-Matadi-Boma. C’est l’objet en concerne de la correspondance du syndicat professionnel de transport routier Force routière congolaise (FORC), adressée à Gentiny Ngobila Mbaka, le gouverneur de la ville de Kinshasa. La lettre n°057/SG-FORC/Déc./2019 qui porte la signature d’Anaclet Kasenda, le secrétaire général de ce syndicat, est datée du 26 décembre 2019.

Au nom de ses camarades du syndicat, Anaclet Kasenda y exprime « le ras-le-bol des membres chauffeurs et convoyeurs des véhicules poids lourds desservant la Nationale n°1, axe Kinshasa-Matadi-Boma, face au calvaire qu’ils endurent depuis plusieurs années avec la restriction de la circulation des camions-remorques dans la ville province de Kinshasa et l’érection de la barrière à Mitendi ». « Les chauffeurs et convoyeurs affiliés à FORC fustigent le fait que les véhicules poids lourds en partance pour le Kongo-Central ne soient libérés qu’à partir de 21 heures. En effet, il a été observé que la plupart des accidents de circulation que l’on déplore sur cet axe routier avec des pertes en vies humaines et des marchandises ainsi que des dégâts matériels, des blessures et autres lésions corporelles graves sont généralement occasionnés la nuit à cause de la fatigue, du sommeil et du manque de repos dans le chef des conducteurs », nous explique-t-on au n°2 de l’avenue Kahoha, siège de FORC dans la commune de Lemba à Kinshasa.

Et depuis un certain temps, le braquage des véhicules poids lourds et l’agression des routiers poids lourds par les fameux coupeurs de routes sont devenus monnaie courante sur cet axe très fréquenté de la RN1. « Ces bandits de grands chemins opèrent comme des pirates de triste mémoire. Ils cassent et pillent les containers des marchandises, après avoir tabassé les équipages routiers. Pire encore, ils n’hésitent pas de tuer en cas de résistance », nous fait-on remarquer.

Ce qui se vit à la barrière de Mitendi, érigée à l’entrée de Kinshasa, où les longs véhicules entrants sont bloqués par des éléments de la police nationale, entre 5 heures et 21 heures, rend la situation davantage préoccupante. « Nous sommes obligés de passer des journées entières sous le soleil de plomb, sans eau ni nourritures ni installations sanitaires », témoignent des routiers syndiqués de FORC.

Cette situation a non seulement un impact négatif sur les entreprises du secteur mais aussi sur la vie sociale. Par exemple, la diminution sensible de la rotation des véhicules poids lourds transportant les marchandises dans les entreprises du secteur n’est pas sans incidence sur le péage et la santé financière de ces sociétés. Pour rappel, les organisations patronales sont montées au créneau à maintes reprises pour dénoncer le manque à gagner qui en découle. Par ailleurs, cette baisse du trafic influe sur le paiement des salaires et des primes dont les membres de FORC accusent le coup.

À la vue de la situation délétère, FORC prie le gouverneur de la ville de Kinshasa d’« instruire la Police nationale congolaise pour l’application stricte de l’Arrêté SC/0094/BGV/MIN/TISL/DMN/PLS/2014 du 19 mai 2014 ». En rappel, cet arrêté réglemente la c

irculation des véhicules de 20 tonnes et plus dans la ville de Kinshasa. Autrement dit, tout véhicule de 20 tonnes ou plus affecté au transport de biens est interdit de circuler à travers la ville de Kinshasa aux heures de pointe ci-après : entre 6 heures et 10 heures et entre 15 heures et 20 heures (article 1er). Au syndicat professionnel de transport routier FORC, on persiste et signe : agir ainsi, l’autorité urbaine ferait honneur au bon sens. « Ce qui pourra certainement baisser la tension de nos membres en attendant l’aboutissement de notre démarche syndicale auprès des partenaires sociaux concernés (Gouvernement de la République, FEC, FENAPEC et COPEMECO) en vue de l’amélioration de leurs conditions de travail. 

Faute de quoi, nos membres observeront un arrêt de travail au cours du mois de janvier 2020 pour dire non aux souffrances supplémentaires leur infligées par cette situation », écrit le secrétaire général de FORC au gouverneur de la ville de Kinshasa.