LA PANDÉMIE de coronavirus contraint l’État à faire face à de multiples dépenses pour assurer la stabilité socio-économique du pays, mais aussi à garantir la résilience de l’économie nationale. Quand la crise sanitaire est apparue au pays, le gouvernement Ilunga n’avait à peine que six mois aux affaires. Sans doute, les effets actuels et à venir de cette crise, d’une rare ampleur semblable à celle du tsunami, portent un coup de froid au programme d’actions présenté en septembre 2019 par Sylvestre Ilunga Ilunkamba à l’Assemblée nationale pour l’investiture de son gouvernement.
Actions concrètes
Cependant, il est intéressant de constater que le 1ER ministre veille sur ses engagements vis-à-vis du peuple contenus dans son discours-programme comme la poule qui couve et protège ses œufs. En effet, devant les députés, Sylvestre Ilunga avait déclaré : « Le Congo, notre pays, a besoin d’actions cohérentes et de résultats palpables à tous les niveaux et en toutes matières. Il est en quête d’acteurs imprégnés de valeurs fortes qu’ils sont à même de prôner et de mettre en pratique par conviction… »
Et d’ajouter : « Les Congolais nous demandent de la clarté dans nos projets, de la justice et de l’efficacité. Ils veulent la paix, surtout dans l’Est du pays meurtri ; la sécurité dans nos villes comme dans nos campagnes ; l’emploi pour tous ; l’accès aux soins médicaux, à l’eau potable et à l’électricité ; la scolarisation de leurs enfants… En somme, ils exigent de nous, dirigeants, moins de discours mais plus d’actions concrètes. Ils exigent un développement économique réel du pays conduisant à l’amélioration de leur vécu quotidien. » Déclinant sa vision, le 1ER Ministre conclut : « Dans le contexte d’un pays aussi vaste que le nôtre, le développement doit nécessairement partir de la base… »
Confronté à la crise sanitaire aux impacts néfastes sur l’économie, notamment sur le pouvoir d’achat des ménages, surtout pauvres, Sylvestre Ilunga ne cède pas à la psychose générale. Au contraire, il apparaît aux yeux de tous plus sérieux, raisonné et méthodique, comme le capitaine d’un navire qui chavire en pleine tempête dans la mer. En tout cas, souligne un observateur de la politique en RDC, « il n’a jamais semblé en si bonne posture qu’au moment où redoublent les rumeurs sur les effets du Covid-19 ».
Comme c’est le cas, maintenant, avec « l’inflation galopante » provoquée par la surchauffe sur le marché des changes. En effet, le comité de conjoncture économique du gouvernement qui s’est réuni le mardi 14 juillet sous la direction du 1ER Ministre, a constaté qu’il y a eu « une accélération du rythme de formation des prix », alors qu’une semaine auparavant, il avait été observé « une certaine stabilité ».
Selon Jean Baudouin Mayo Mambeke, le vice-1ER Ministre, ministre du Budget, « la cause [de cette surchauffe] se trouve toujours dans la faiblesse de mobilisation des recettes, en même temps que dans l’augmentation des dépenses de l’État ». D’où le déficit qu’il faut combler au moyen de financements en dehors de l’État. D’après lui, s’il n’y avait pas les appuis budgétaires du Fonds monétaire international (FMI) et les bons du Trésor de la Banque centrale du Congo (BCC) qui aident à ralentir le rythme de l’inflation et à atténuer le choc, la situation autait dû être plus grave que ce qu’on observe actuellement.
Apaiser l’opinion
Mais en bon chef, comme le dit un adage, Sylvestre Ilunga ne se plaint pas. Il agit. Face à la dépréciation de la monnaie nationale, le 1ER Ministre a donné des directives précises à Deogracias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale, afin de juguler l’instabilité monétaire. Le chef du gouvernement l’a notamment instruit d’appliquer à tous les opérateurs économiques, de manière implacable et indistinctement, la réglementation sur l’obligation du rapatriement des devises après export ainsi que la réglementation de change. En ce moment exceptionnel, le gouverneur de la Banque centrale a été également instruit de ne pas prêter le flanc aux « interventions malveillantes et malsaines », afin de permettre à l’État « de disposer de tous les moyens ». Pour cela, il n’y aura pas de compensations des dettes de l’État comme cela est prévu d’ailleurs dans la loi de finances publiques pour l’exercice 2020.
Selon le comité de politique monétaire de la Banque centrale, « il faut une étroite coordination des politiques budgétaire et monétaire ». Le gouverneur de la Banque centrale a fait remarquer que l’instabilité monétaire est provoquée par les déficits des finances publiques importants. « Ces déficits alimentent l’expansion monétaire sans contrepartie du côté de la production des biens et services sur le marché.
La liquidité augmente, mais les biens et services n’augmentent pas. Cela se traduit par la dépréciation monétaire et donc la hausse des prix », a-t-il déclaré.
Aveu d’impuissance : dans une économie qui ne produit pas ce qu’elle consomme, la discipline budgétaire s’impose pour « mettre fin aux financements monétaires des déficits, auxquels recourt malheureusement la Banque centrale maintenant ». Pour la Banque centrale, la situation économique actuelle commande la maîtrise de plusieurs paramètres. En effet, l’activité économique se contracte, le revenu national diminue et la base de l’imposition fiscale se rétrécit.