Pan China contraint les ministres à prendre les escaliers pour recouvrer sa créance 

Aucun ascenseur n’est opérationnel dans les 7 immeubles modernisés Place Le Royal, le nouveau quartier des ministères. Il ne s’agit pas d’une panne technique mais d’un moyen de pression pour rentrer dans ses droits. Drôle de façon tout de même.

Dans le nouveau quartier des ministères, 20 cabinets  ministériels et secrétariats généraux (Droits humains, Sports, Affaires foncières, etc.) sont locataires. Les ministres, les secrétaires généraux ainsi que leurs collaborateurs et hôtes sont ainsi contraints de prendre les escaliers, faute d’ascenseurs en marche. Ce n’est pas que ces ascenseurs ne fonctionnement pas suite à une panne technique. Ils ont été bloqués par le chinois Pan-China. La situation date depuis fin 2016. Pan-China réclame une bagatelle de 200 000 dollars. Un conseiller d’un ministre du cabinet Badibanga reconduit dans l’équipe de Tshibala, se rappelle que durant la centaine de jours de longévité du cabinet Badidanga, des « promesses fermes» ont été faites pour la mise en service à « brève échéance » des ascenseurs sont venues du Bureau central de coordination des projets (BCECO).

Ce sont une dizaine d’ascenseurs sur les vingt-huit commandés qui ont été posés, début 2016, dans les sept immeubles requinqués par la firme chinoise Pan China Construction Group Company Limited. Cette entreprise avait, en effet, remporté le marché de la fourniture, de l’installation et de la mise en service de 28 ascenseurs en raison de quatre par immeuble (Aruwumi, Kwango, Semois, Likasi, Kasaï, Kwango et Ubangi).

Quand le Premier s’en mêle

Ce marché public a été lancé par appel d’offre international par le ministre des Infrastructures et des Travaux publics de l’époque, Fridolin Kasweshi, en avril 2015, par le biais du BCECO.  Le 25 juin 2015, le directeur général du BCECO, Matondo Mbungu, attribue à titre provisoire, par sa lettre n°594/BCECO/DG/DPM/RBB/2015/MF, le marché dont question à Pan-China Construction pour un montant de 3 502 368,19 dollars. L’attribution définitive sera décidée le 14 août 2015 avec le même montant. Mais quelques jours plus tard, le DG du BCECO introduit un avenant au marché déjà attribué. La Direction générale du contrôle des marchés publics (DGCMP), qui est chapeautée par le 1ER Ministre, Matata Ponyo, lui-même ancien DG du BCECO avant d’être nommé ministre des Finances, n’y voit aucun inconvénient et accorde de ce fait un avis de non-objection à la démarche du Bureau central de coordination.

Et le 17 septembre 2015, Matondo Mbungu attribue de nouveau, à titre provisoire, le marché de 28 ascenseurs à Pan China Construction mais uniquement l’avenant n°1 pour un montant de 345 711,54 dollars. Il le confirme à titre définitif le 4 novembre 2015.

Les Chinois de Pan China se mettent aussitôt à la besogne, les matériels sont acheminés de la Chine et installés. Selon nos sources, le gouvernement n’aurait versé que quelque 100 000 dollars sur les 345 711,54 dollars convenus. Des jours et des semaines passent, plus rien n’est versé aux Chinois de Pan China Construct. Qui se décident non seulement de bloquer la mobilité des ascenseurs mais aussi leurs accès.

Pas d’argent, pas d’ascenseur 

Les Chinois se montrent intraitables face aux pressions des autorités congolaises qui tiennent à obtenir la mise en service des ascenseurs déjà installés en vue de l’inauguration officielle des 7 immeubles réfectionnés à coup des dizaines de millions de dollars. Niet. Curieusement, le gouvernement décaisse des dizaines de milliers de dollars pour des travaux connexes et secondaires sur la place Le Royal. En mars 2017, le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la  Reconstruction, Thomas Luhaka, a sollicité et obtenu du gouvernement des fonds, afin de financer des paiements au titre du marché des services d’entretien du jardin et de l’aménagement extérieur (béton estampé, parking et curage caniveaux) des immeubles Likasi et Kwango. Autres marchés conclus par le BCECO, c’est le contrat qui porte sur une bagatelle somme de plus de 30 000 dollars par mois convenu avec la société KBN pour l’entretien de la pelouse séparant les immeubles Mongala et Semois et les soins desdits immeubles. La société GIS, elle, percevrait plus de 12,9 mille dollars le mois pour l’entretien et le nettoyage de l’immeuble Ubangi et plus de 13,5 mille dollars pour le nettoyage de l’immeuble Semois. Certaines sources soutiennent que ces différents marchés ont été attribués avec désinvolture à des amis et proches parents des cadres du BCECO sinon du gouvernement Matata.