CORONAVIRUS : le bilan économique et humain continue d’enfler. Les statistiques économiques mondiales donnent le tournis. Par exemple, le PIB de la zone euro est en recul de 12,1% au 2è trimestre, conséquence des mesures de confinement. Aux États-Unis, le confinement a entraîné un effondrement du PIB de 32,9 % pendant la même période en rythme annualisé. Par rapport au 2è trimestre 2019, la baisse est de 9,5 %. Le bilan humain, lui aussi, donne le vertige. Le nombre des contaminations dans le monde a dépassé les 17 millions, dont plus de 660 000 mortelles, depuis l’apparition du virus en Chine en décembre 2019. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré dans ses recommandations actualisées que les déplacements internationaux devraient prioritairement concerner les urgences humanitaires, les personnels indispensables et les rapatriements.
Sauver l’économie
Malgré tout, nombreux sont ceux qui tentent de sauver l’économie. Par exemple, relance des activités dans le secteur touristique durement éprouvé par la crise, ouverture des restaurants, reprise du transport aérien et des activités sportives, etc. Bref, les nuages sanitaires et économiques s’accumulent. Compagnies pétrolières, avionneurs, constructeurs automobiles paient un lourd tribut à la crise, avec des pertes abyssales au deuxième trimestre.
En République démocratique du Congo, les opérateurs économiques ont reçu en pleine figure l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 depuis le 10 mars dernier. Pour atténuer les effets de la pandémie et de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a pris une série de mesures exceptionnelles d’ordres fiscal et économique en faveur des opérateurs économiques. Par exemple, exonération de la TVA à l’import-export, compensations, etc. Malgré cela, les opérateurs économiques demandent encore un moratoire et que le gouvernement fasse davantage d’efforts pour améliorer le climat des affaires et alléger la fiscalité. Pourtant, le gouvernement fait face à des contraintes majeures de trésorerie, se doit de maximiser les recettes publiques. C’est la quadrature du cercle.
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, a échangé le jeudi 6 août à la Cité de l’Union africaine avec une délégation du patronat (associations et corporations du secteur privé et du secteur public), conduite par Albert Yuma Mulimbi, le président national de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Le patronat a fait part de nombreuses préoccupations du secteur, afin d’améliorer les conditions de travail et favoriser la création et le maintien des emplois ainsi que la promotion des nouveaux investissements en RDC.
Félix Antoine Tshisekedi a rassuré les patrons que l’ensemble des doléances, propositions et mesures suggérées vont être examinées par la Cellule climat des affaires (CCA) créée au sein du cabinet du président de la République pour réfléchir sur cette thématique. « En temps opportun, les instructions appropriées seront données au gouvernement sur la conduite à tenir », a indiqué David Jolino Diwanpovesa Makelele Ma-Musingi, le porte-parole du gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres du vendredi 7 août.
Pour rappel, la CCA a été mise en place pour être l’interface dans toute initiative relative à ce domaine et sous le leadership du chef de l’État. Qui avait annoncé la mise en place d’un cadre de collaboration entre la CCA et le gouvernement afin de « permettre que les actions dans ce domaine se tiennent en étroite concertation ». Ce cadre a déjà été transmis au 1ER Ministre à qui le chef de l’État a demandé de faire diligence pour sa validation imminente, a fait savoir, le porte-parole du gouvernement.
Les réactions
« Nous sommes un peu déçus car le discours a été de politique générale. Nous avions pensé que le président de la République allait annoncer des bonnes nouvelles pour permettre aux opérateurs économiques de retrouver les voies de la sérénité au lieu d’être réduits à la simple gestion des crises et des urgences », déclare un patron dans le secteur du bois. « Sans qu’on ne s’en rende compte, nous perdons chaque jour notre capacité à nous projeter dans le long terme, à planifier une politique économique, à identifier les gisements de croissance future, à définir une perspective », commente un autre qui est dans le commerce général. Un autre opérateur économique nous a fait ce commentaire : « La FEC n’est pas représentative de tous les secteurs. Nous demandons au chef de l’État de ratisser large, c’est-à-dire de réunir tous les patrons, petits et grands, pour établir un véritable pont entre l’État et les entrepreneurs. Sinon, on tournera toujours en rond. » Et d’ajouter : « C’est maintenant le moment pour le président de la République d’annoncer un plan de relance pour favoriser la reprise de l’économie. J’exhorte le président de la République et le gouvernement à faire preuve de diligence. »
Un jeune entrepreneur, lui, préfère « moins d’annonces et plus de résultats ». Selon lui, les résultats, c’est débloquer l’argent « le plus vite possible » pour sauver les entreprises. « Je demande que ça aille vite, et vite dans les entreprises. Sinon, la plupart vont déclarer faillite ou supprimer des emplois », dit-il. « Si la machine repart un peu, ce qui semble se dessiner », c’est le moment de remettre l’économie du pays en marche.