Quand le Groupe Texaf soutient la jeunesse de l’innovation et de la croissance, ça donne ceci

En matière de numérique, la RDC a un certain retard sur bon nombre de pays africains. Heureusement, des jeunes congolais commencent à utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour concrétiser leurs projets de startup. Et dans cette dynamique, le Groupe Texaf montre la voie d’accompagnement des jeunes pousses, entrepreneurs

LORSQUE Jean PhilippeWaterschoot, le CEO du Groupe Texaf, affirme que l’espace Texaf Bilembo a été aménagé dans l’objectif de le « sanctuariser à la mémoire de l’industrie textile qui a été le poumon du Groupe Texaf pendant plus de 80 ans, et lui donner une nouvelle vie axée sur la promotion de la jeunesse, de sa créativité et des innombrables richesses naturelles et culturelles de la RDC », il a mille fois raison. Depuis 7 ans, l’espace Texaf Bilembo (empreintes ou traces en lingala) créé à l’initiative de Chantal Tombu et Alain Huart, « deux amoureux de la RDC », cultive une seule ambition : « comment se nourrir du passé et du présent pour construire le futur ».

Dans cette perspective, le Groupe Texaf veut aller loin en tirant les innovations des jeunes, entrepreneurs du futur. Pour les dirigeants du groupe, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont incontournables pour le développement de la République démocratique du Congo. C’est pourquoi le Groupe Texaf a créé un nouveau pilier de croissance axé sur le numérique.

Ce pays représente un marché important mais reconnu comme étant « très difficile ». Le Groupe Texaf est formel : l’éducation et la gouvernance sont « deux véritables moteurs de croissance ». Et le numérique y est incontournable. « Bien plus que les ressources naturelles, le vrai capital pour un pays, c’est sa jeunesse créative et les cerveaux qu’il aura pris soin de former. C’est cet actif qui permettra à la RDC et à sa population de pleinement profiter des richesses naturelles qu’elle détient et de choisir en pleine conscience le chemin économique et social à emprunter », a déclaré Jean PhilippeWaterschoot, le samedi 29 mai dernier, à l’occasion de la présentation des projets de l’initiative K-Impact portée par Silikin Village et Ovation. Beaucoup d’invités pour adouber de leur intérêt cet événement où l’on a noté la présence d’Albert Yuma Mulima, le président de la Fédération des entreprises du Congo.

Aujourd’hui, les talents, les jeunes congolais en ont plein tube. En témoignent les projets des startups qui ont été présentés le samedi 29 mai 2021 à l’espace Texaf Bilembo. C’est l’un des marqueurs de ce pilier de croissance dans le numérique mis en place par le groupe. Il s’agit, dans un premier temps, de « contribuer à la construction d’un écosystème numérique avec un maximum d’interactions entre ses différents acteurs ». Concrètement, le Groupe Texaf a lancé un projet appelé « Silikin Village », dont l’objectif est de « regrouper au sein d’un même espace les acteurs de l’éducation-formation, de l’accueil-accompagnement-accélération des jeunes startups, et d’espaces de travail pour des entreprises désireuses de développer leurs activités et applications en RDC ».

Pour rappel, le Groupe Texaf apporte déjà son soutien à beaucoup d’initiatives, notamment dans le secteur du numérique. Par exemple, Kinshasa Digital, qui forme des codeurs développeurs congolais à travers son académie. Les jeunes ainsi formés sont des collaborateurs de qualité potentiels pour toute entreprise, congolaise ou étrangère, déjà active en RDC ou voulant s’y installer. Ces jeunes sont mis à la disposition des entreprises en Europe pour devenir les artisans depuis la RDC du développement de leurs projets-applications numériques ou de leur transition digitale.

Initiative K-Impact

Le programme d’incubation K-Impact, centré sur les enjeux de la ville de demain et porté par Silikin Village et Ovation, a engendré nombre de startups dont on a célébré les œuvres très très… surprenantes à l’espace Texaf Bilembo. K-Impact apporte donc la preuve du génie créatif de la jeunesse congolaise. Tenez : sur 225 projets reçus, 50 seulement ont été sélectionnés pour le premier bootcamp. Ensuite, 24 projets ont été retenus et accompagnés avec un coaching soutenu. Et finalement, 15 projets portés vers les investisseurs ont été présentés au public le samedi 29 mai dernier. Ce n’est que le début d’une « aventure » qui va durer deux ans et verra se succéder plusieurs programmes d’incubation et d’accélération. 

« K-Impact est ce qui nous a été donné de plus original à entendre ces dernières années », a chuchoté à mon oreille un entrepreneur septuagénaire congolais, présent dans la salle d’expositions de l’espace Texaf Bilembo, ce jour-là. La singularité de ce programme, a-t-il poursuivi, tient avant tout à son feeling et à l’originalité de certains projets présentés. 

Dix ans déjà depuis qu’Ovation monte des programmes d’accompagnement de startups dans des pays aussi divers que la Belgique où elle a fait ses premières expériences : Madagascar, Canada, Sénégal, Suisse, Palestine, Côte d’Ivoire, Jordanie, Guinée, et maintenant la RDC. David Valentiny est le cofondateur d’Ovation. En tant que lead coach, il explique pourquoi ils ont décidé de lancer K-Impact le 8 mars 2021 mais aussi pourquoi l’avoir centré sur les enjeux de demain. Où s’arrête la ville ? Et le durable dans tout ça ? 

« Il y a longtemps déjà que l’entrepreneur est au centre de l’évolution de nos sociétés », explique David Valentiny. Et de poursuivre : « Si le politique peut mettre en place un cadre plus ou moins strict, voire donner une vision, c’est l’entrepreneur qui active le changement, qui déclenche les innovations, qui donne accès à de nouveau services pour les gens, pour les familles, les quartiers et les populations. » Si c’est l’entrepreneur qui crée des entreprises, des emplois, active la sous-traitance…, il structure ainsi un prisme nouveau de création de valeur et de richesse pour son environnement, souligne David Valentiny. 

”Bien plus que les ressources naturelles, le vrai capital pour un pays, c’est sa jeunesse créative et les cerveaux qu’il aura pris soin de former. C’est cet actif qui permettra à la RDC et à sa population de pleinement profiter des richesses naturelles qu’elle détient et de choisir en pleine conscience le chemin économique et social à emprunter”

Mieux que cela, « il peut donner une orientation au progrès, à l’évolution de la société ». Tout comme, « il peut proposer des produits et services qui détruisent son environnement, exploitent des populations, délocalisent ». Ou, au contraire, et même si les contraintes sont parfois fortes, « il peut tout mettre en œuvre pour produire de la nouveauté respectueuse de son environnement et des populations ».

Kinshasa et ses défis

Transformer une multinationale pour lui permettre de vivre en meilleure harmonie avec son environnement humain et naturel est une opération colossale, longue et complexe, fait remarquer David Valentiny. Cependant, construire une startup et lui injecter, dès le départ, une ambition sociale et environnementale demande une dose de courage, de créativité et d’assertivité. Rien de plus, souligne-t-il. « C’est pourquoi, nous croyons fermement en la capacité des startups et porteurs de projets à souffler un vent nouveau sur le développement économique et social. A fortiori dans des villes où les défis sont immenses comme à Kinshasa », déclare-t-il encore.

En effet, la capitale de la RDC vit un développement démographique « vertigineux », une extension urbaine qui va avec. Elle fait face à des défis dans tous les domaines de la vie urbaine et péri-urbaine : mobilité, gestion des déchets, énergie, santé, agriculture et alimentation, etc. « L’espace complexe et criblé de défis que représente la ville de Kinshasa et sa périphérie constitue un terrain de jeu incroyable pour l’entrepreneur en recherche de sens et d’impact. Et de revenus aussi », analyse le cofondateur d’Ovation.

D’après lui, K-Impact est un programme d’incubation de projets économiques qui a pour objectif de « construire, avec les participants, des entreprises pérennes, durables, justes et qui visent la croissance ». Bien entendu, un programme d’incubation vise aussi à « tester les idées et éliminer rapidement les projets pour lesquels le marché n’existe pas ou semble trop faible ». Au fil des expériences, Ovation a accumulé et affiné une série d’outils qui permettent aux entrepreneurs de faire de véritables bonds en avant dans leurs projets. Disons, de « prendre des raccourcis, de se concentrer sur l’essentiel, de tester des idées rapidement, de visualiser des business models, de se challenger, de s’organiser… » 

Enfin, souligne David Valentiny, la boîte à outils qui est déployée à Kinshasa, sera « utile pour tous ». Utile pour les entrepreneurs qui « verront leurs projets se développer », mais aussi pour ceux qui « constateront que leur projet n’est pas assez porteur ». En tout cas, ces derniers « remobiliseront les mêmes outils plus tard, pour un autre projet. « Cette boîte à outils, à mi-chemin entre la formation et l’accompagnement, sera riche pour tous ». K-Impact est le fruit d’une collaboration entre Ovation (qui apporte la méthode) et Silikin Village (qui met à disposition les espaces, l’écosystème et les relais). Une opération rendue possible grâce au soutien financier de la Fondation Roi Baudouin.