Le projet Pro-Route vise, en priorité, le rétablissement durable d’un accès entre les capitales provinciales et les districts et territoires dans les trois ex-provinces de la Province orientale, le Sud-Kivu et le Katanga démembré. Il vise précisément de rouvrir environ 1800 kilomètres de routes hautement prioritaires et d’en assurer l’entretien. Sa deuxième composante porte sur le renforcement institutionnel. Qui consiste, en pratique, au renforcement des capacités du ministère et des agences de gestion du secteur routier, notamment au niveau de la formulation d’une stratégie et d’une politique routière. Pro-Routes devrait également aider l’État congolais à se doter d’un d’une industrie de construction routière. La troisième composante comprend le Programme environnemental et social. Cette composante prévoit un appui à des institutions publiques comme l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et le ministère de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Tourisme (MECNT) pour protéger les habitats naturels notamment des pygmées, la biodiversité et les forêts et respecter les lois en vigueur en RDC.
Enfin, la quatrième composante comprend le suivi et l’évaluation. Cette composante comprend les activités de suivi et évaluation (S&E) notamment la création d’un système de recueil de données routières et le programme environnemental et social. Lancé depuis mars 2008, le projet Pro-Routes arrive à terme au mois de février 2018, dans moins de 10 mois.
Selon Alexandre Dossou, chef du projet délégué par la Banque mondiale, la RDC a identifié 152 000 km de routes. Il y a 58 000 km qui sont des routes d’intérêt général. Les routes provinciales prioritaires sont de 20 200 km et les routes secondaires de 17 000 km. En plus, il y a 87 000 km qui constituent le réseau local, c’est-à-dire ce qui n’est pas d’intérêt général dont les pistes rurales, de désenclavement au niveau des villages. En densité spatiale, cela fait 25 km par 1000 km². Le projet Pro-Routes a, cependant, permis de remettre en état 1 674 km de routes et de réduire ainsi les temps et coûts de transport, au 27 décembre 2016. Ce qui a largement amélioré les conditions de transport, notamment dans l’est et le nord du pays, et permis de desservir à nouveau des villes et des communautés isolées depuis plus de 20 ans. Alexandre Dossou met notamment en exergue les axes Kisangani-Buta-Dunia-Aketi et Kalemie-Fizi-Uvira complètement réfectionnés grâce à Pro-routes.
Aussi, se rendre de Kalemie à Bendera en moto ou en minibus ne prend plus que 3 heures, contre 5 jours auparavant. Les coûts ont également considérablement baissé, passant de 50 dollars à environ 10 dollars sur l’axe Kalemia-Uvira. Ces performances ont donné un coup de fouet à l’économie en favorisant l’essor de nouvelles activités avec l’ouverture récente de boutiques et de petits marchés dans les villages, bien achalandés en produits manufacturés. Grâce à la réouverture de routes désormais bien entretenues, les agriculteurs ont repris le chemin des champs avec la certitude de pouvoir écouler leurs produits.
« Grâce au projet Pro-routes, maintenant je peux arriver à Kisangani à 14h si j’ai quitté Buta à 7h. Pour tous ceux qui ont connu la situation d’avant, c’est miraculeux. La rénovation du bac de Banalia simplifie aussi le transport routier et améliore le quotidien des habitants. La création de cette route s’imposait, et je m’en réjouis au premier chef. », a même confié à la presse, l’évêque Bangabane du diocèse de Buta. « Imaginez une route désaffectée depuis pratiquement 30 ans. Sa réouverture a eu des effets immédiats et tangibles : la circulation a repris, des marchés ont fait leur apparition et le temps et le coût des trajets ont fortement diminué. Avant, vous mettiez jusqu’à 15 jours à vélo pour rallier Kisangani par exemple, les usagers étant obligés de mettre pied à terre pour franchir les tronçons les plus abîmés. », explique Augustin Kabamba, responsable du suivi et de l’évaluation.
Mais ces derniers mois, la réalité sur terrain est tout autre. Les routes, souvent en terres battues, se sont tellement détériorées que la FEC est montée au créneau pour fustiger l’incurie des pouvoirs publics dans la question des routes. La société civile, dans plusieurs agglomérations dans l’Est du pays, ont même appelé à la désobéissance fiscale faute des routes en bon état. Si bien qu’en janvier 2017, Pro-Routes a dû lancer en mode urgence des travaux de réouverture et d’entretien des routes qu’il avait réhabilitées sous peu. Sur l’axe Kisangani-Buta, par exemple, des travaux d’entretien manuels et des coupes des touffes des bambous sont encore en cours. L’amélioration des dispositifs de drainage a été lancée sur l’axe Kalemie-Uvira. Des ponts et dalots entendent d’être refaits sur l’axe Buta-Dulia…
Selon la Banque mondiale, 29% de ses engagements financiers en RDC portent sur les transports, tous modes confondus contre par exemple 15 % pour le secteur privé et l’agriculture, 16 % pour les secteurs sociaux et 6 % pour la gouvernance et les industries extractives. La Banque mondiale intervient en concertation avec d’autres bailleurs de fonds de la RDC dans le projet Pro-Routes. Le département britannique du développement international (DfID) a ainsi versé quelque 72,6 millions de dollars et 50 millions de dollars par l’IDA administré par la Banque mondiale. Pro-Routes disposait donc d’un budget initial d’environ 123 millions de dollars.
Le coût total du projet inclut l’ensemble des financements provenant de la Banque mondiale et d’autres sources. La RDC s’est ainsi engagée à contribuer avec plus de 15 millions de dollars pour la réalisation dudit projet. En vue des exercices 2016 et 2017, deux financements additionnels ont été ensuite approuvés depuis, d’abord 23 millions de dollars apportés par le DfID et 63,3 millions par l’IDA dans le premier cas et ensuite 125 millions de dollars de l’IDA dans le second. Grâce à ces financements additionnels, le projet Pro-routes devrait aménager un couloir de transport vers l’Ouganda afin de faciliter les échanges commerciaux régionaux. Le cabinet malien de consulting recruté par l’Etat r-dcongolais devrait singulièrement s‘employer à auditer des comptes liés à ce deuxième financement.