Un système encore fragile malgré des résultats positifs

Le secteur bancaire congolais déborde de vitalité. De Kinshasa, la capitale, aux chefs-lieux des provinces et des districts, sans oublier leurs faubourgs respectifs dans l’arrière-pays, les enseignes rivalisent d’ardeur.

En dépit de la liquidation de 14 banques et 58 institutions de micro finance jugées insolvables ou irrémédiablement compromises par la Banque centrale du Congo (BCC) au cours de ces dernières années, plusieurs institutions bancaires s’installent au pays afin de participer à la grande aventure de l’émergence de l’économie nationale. Le secteur bancaire congolais est vraiment en pleine expansion, de Kinshasa, la capitale, aux chefs-lieux des provinces et des districts, sans oublier leurs faubourgs respectifs dans l’arrière-pays, les enseignes suivantes sont devenues familières : BIAC, BIC, BCDC, Procrédit, Access Bank, STD, Ecobank, Citi, Rawbank, Fibank, TMB, AFRL, Byblos, Advans bank, MBANK, SFB, BOA et BGFI.

Contre seulement 43 mille comptes en 2001, le secteur bancaire totalise aujourd’hui plus de 4 millions de comptes dans 257 institutions agréées par la BCC que sont les banques commerciales, les institutions de micro finance, les coopératives d’épargne et de crédit, les bureaux de change, les messageries financières, les établissements de monnaie électroniques et autres institutions spécialisées comme la Société pour le financement du développement (SOFIDE) et le Fonds de promotion industrielle (FPI). Par rapport à la population globale nationale estimée à plus de 70 millions de Congolais, les quelques millions de comptes ouverts représentent un taux de bancarisation de 22% alors qu’il y a 15 ans, il était à peine de plus ou moins 2%.

Une politique libérale.

La récession de 2008-2009, tant crainte, n’a pas eu un grand effet sur ce secteur dont la production a continué à progresser. C’est ainsi que le total bilantaire, le chiffre d’affaires de tout le secteur, les encours de crédits globaux, les dépôts, les capitaux permanents qui mesurent la solidité financière d’une entreprise et les produits bancaires sont en nette progression au fil des ans. Les ratios de rentabilité financière (ROE) et de rendement (ROA) enregistrent des taux de croissance positifs. S’il n’y a pas eu de big-bang pour expliquer ces résultats, il y a eu néanmoins un big push, dont l’onde de choc est partie du Dialogue intercongolais de Sun City, en Afrique du Sud, en 2002. La réunification du pays a permis aux banques, dont les activités étaient cantonnées à Kinshasa, Lubumbashi et Matadi, de rouvrir progressivement leurs succursales et agences prises en otage par les chefs de guerre. En plus, la politique libérale de la BCC en matière d’agrément a favorisé l’entrée de nouvelles banques sur le marché financier afin de recueillir une épargne nationale, dont les deux tiers circulent hors banque.

Malgré les efforts de marketing que déploient les banques pour la collecte de l’épargne, la méfiance du public ne faiblit pas. La grande masse monétaire que des sources de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) estiment à plus ou moins 4 milliards de dollars, continue de circuler hors banque. Par ailleurs, le système bancaire est encore fragile comme l’a révélé, en 2010, le naufrage de la Banque Congolaise, pourtant deuxième banque du pays avec 15% du marché bancaire.